2008. 00 : EPIPHANIE, dim 6 janvier

Dimanche 6 Janvier 2008

La gloire du Seigneur

2 Corinthiens 4,3-6

( Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II )

Chers frères et sœurs en Christ,

Une fois n’est pas coutume, cette année, la fête de l’Epiphanie, qui se célèbre, d’année en année, le 6 janvier, tombe sur un dimanche.

De nos jours, lorsqu’on évoque l’Epiphanie, on pense en premier à la fameuse galette des rois. Peut-être que l’un ou l’autre d’entre nous ne terminera pas la journée avant de se voir remettre la fameuse couronne.

Accessoirement, on aura aussi une petite pensée pour les mages venus de la lointaine Perse et qui adorèrent l’enfant Jésus en lui offrant les trois cadeaux, lourds de symboles, l’or qui désigne le roi, l’encens qui est la marque du prêtre et enfin la myrrhe, une résine aromatique utilisée entre autres dans les embaumements et qui est comme une allusion à sa mort.

Pour nous, cette fête de l’Epiphanie est devenue bien secondaire, mais à l’origine, c’était avec Pâques, la fête la plus importante du calendrier chrétien, une fête bien plus ancienne que celle de Noël. L’église d’Orient fêtait le six janvier pas moins de quatre moments centraux de la vie du Christ, à savoir sa naissance, son baptême, sa transfiguration et aussi le miracle de Cana.

Aujourd’hui encore, dans l’église apostolique arménienne, une des églises les plus anciennes de la chrétienté, on fête en ce jour la naissance du Christ.

Initialement, ce qui était vraiment au cœur de cette fête, c’est l’apparition, la manifestation de Dieu qui s’est fait homme en Jésus-Christ.

À bien écouter, c’est le message de notre texte de prédication de ce jour que nous lisons en 2 Corinthiens 4,3-4. Lecture.

 Dans ce passage, il n’est pas question des mages, par contre ce qui revient comme un leitmotiv dans ces lignes, c’est la célébration de la Bonne Nouvelle, Bonne Nouvelle qui ne se veut rien d’autre que l’annonce de Jésus-Christ, lumière de Dieu qui éclaire nos vies.

Le fond de sa pensée est le suivant, c’est qu’en Jésus-Christ, c’est Dieu lui-même que nous voyons. Et cette conviction rejoint le témoignage du Christ disant dans l’Evangile de Jean : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » 14,9.

Quand l’apôtre encourage les communautés chrétiennes qu’il a fondées, il ne leur dit pas : « Regardez à moi ! ». Non, il leur dit : « Regardez à Jésus-Christ ! Et en lui, vous verrez la gloire de Dieu venir sur terre en une forme que chaque homme peut comprendre ». Oui, jamais nous ne voulons manquer de nous le rappeler que Jésus-Christ est le plus court chemin qui mène à Dieu. Lui, Jésus, EST Dieu. Regardant à Jésus, méditant sur son ministère, ses paroles, ses actes, nous avons la certitude qu’à travers cet homme, c’est Dieu qui nous livre son cœur.

Les hommes depuis toujours s’échinent à écrire sur Dieu les livres les plus profonds, à composer les poèmes les plus sublimes, à créer, à travers toutes les expressions artistiques quantités de chefs d’œuvre à la gloire de Dieu. Et tout cela est bien et tout cela peut nous inspirer. Mais n’oublions pas que rien ni personne exprime davantage Dieu que le Christ.

Et le miracle, c’est que le Christ jamais ne cesse de nous parler. Du plus simple au plus cultivé, sa personne peut toucher chaque être humain. Son message interpelle l’adulte, mais déjà, il marque profondément l’enfant à qui l’on raconte les histoires bibliques. Son message non seulement est universel, mais il est aussi de tous les temps.

À la réflexion, n’est-ce pas surprenant, les modes intellectuelles passent, un système de pensée en remplace le précédent ? Par contre le message du Christ, lui, continue de nous interpeller avec une pertinence et une actualité jamais mises en défaut. Ce qui est sûr, c’est que son message a touché les humains à toutes les époques et il en sera encore ainsi lorsque le 21e siècle appartiendra depuis longtemps à l’histoire et ne sera peut-être plus que quelques pages dans un livre d’histoire.

À quoi cela tient-il ? Au fait que le Christ s’adresse à l’homme dans ce qu’il a d’immuable, d’éternel, c’est-à-dire une âme et la soif d’éternité, de vérité et d’absolu. Et tout cela le Christ ne nous l’offre pas sous la forme d’une belle théorie, mais il l’incarne en une personne vivante. Lui-même.

Sommes-nous toujours conscients de ce cadeau précieux ? Prenons-nous toujours la mesure de ce miracle ? Que là, sous nos yeux, à portée de chaque homme, Dieu, en Jésus, s’offre à nous. Oui, en Christ, Dieu nous dévoile son être et par la bouche du Christ, il veut nous dire son amour et son souci pour nous.

Alors rappelons-nous donc toujours que notre foi, c’est d’abord et avant tout une personne. C’est le Christ. Et c’est lui, qu’à la suite des mages et de la multitude des témoins, à notre tour nous voulons adorer.

Voilà ! Au cœur de la fête de l’Epiphanie il y a donc l’étonnement, l’étonnement face à l’apparition de cet être, le Christ qui ne cesse d’illuminer notre vie, de la nourrir, de l’enrichir.

En cela, le Christ est bien lumière du monde.

Notre souhait le plus cher est que sa lumière rayonne en notre vie et qu’elle éclaire le monde.

C’est tout sauf évident. Déjà l’apôtre, dans ce passage aux Corinthiens énumère une série de complications qui viennent obscurcir et même s’opposer à cette lumière.

– Il y a les incrédules, ceux qui ne croient en rien, sinon peut être en eux-mêmes. Cyniques, indifférents, désabusés, rien ne les touche.

– Il y a ceux qui se vouent à une autre divinité, en particulier celle que l’apôtre appelle « le dieu de ce siècle ». Cette divinité est d’une terrible efficacité, son attrait est puissant. Rares sont ceux qui échappent à sa fascination. En sacrifiant au dieu de l’argent, de la jouissance tout azimut, à la modernité triomphante, c’est, en fait, ce dieu qui est adoré.

– Et puis, il y a les ténèbres, c’est-à-dire le mal pour le mal, l’exploitation et l’asservissement des faibles, la violence gratuite, la loi du plus fort. Réalité bien présente dans notre monde !

Tout cela s’oppose à la lumière du Christ.

Chers amis nous pourrions maintenant tomber dans la facilité en essayant d’identifier autour de nous ceux qui sont du mauvais camp. Ce faisant, estimant que nous sommes du bon côté, nous nous donnerions bonne conscience à moindres frais.

Stigmatiser les autres est toujours facile. S’octroyer le beau rôle est tentant. Mais cela n’apporte pas grand-chose. Laissons cela.

Par contre, ce qui doit nous interroger, c’est de savoir pourquoi cette lumière du Christ n’est pas davantage présente dans nos propres vies, et comment faire pour qu’elle le soit plus ? !

C’est que la lutte entre lumière et ténèbres se joue aussi en chacun de nous.

Il nous faut reconnaître que nous aussi, nous faisons souvent obstacle à la lumière ; pour toutes sortes de raisons. Peut-être tout simplement parce que chacun reste un humain avec ses limites, son déficit de foi, son manque de souffle…

Il est évident qu’en chaque être humain, il y a des parts d’ombre et des lieux de lumière. C’est un fait et il est bien de le reconnaître.

Mais c’est aussi la raison pour laquelle notre souhait, en ce dimanche de l’Epiphanie, c’est que la lumière du Christ rayonne avec une nouvelle vigueur en nous, nous inonde de ses bienfaits et continue de transformer nos vies à son image.

Il n’y a pas de secret, à l’image d’une lampe qui éclaire en puisant son énergie au courant électrique, d’une bougie dont la flamme s’alimente à la cire, le Christ invite chacun de nous à venir à lui et à recevoir de lui, à puiser auprès de lui sans retenue. Il est le généreux pourvoyeur. Il est une source intarissable. Il est et reste « l’illuminateur » , par excellence de nos vies. Ce terme « illuminateur » n’est peut-être pas très joli, mais n’est-il pas formidablement évocateur ?

Oui, que l’Epiphanie de Dieu, la gloire de Dieu, révélée et offerte en Christ, nous illumine. Que son énergie, sa joie nous accompagnent aujourd’hui et tout au long de cette nouvelle année. Amen.

Georges Hufschmitt

Cantiques : Arc en Ciel : 152, 275, 310, 367

¼ – Service des Lecteurs – SL – 1 – 06.01.2008 – Georges HUFSCHMITT