2010. 02 : 2e Dimanche après l’Epiphanie

Dimanche 17 janvier 2010

                                   Le Prince de la joie

                                   Romains 12, 9-16

Chère assemblée,

Dimanche dernier le texte de prédication a porté sur les trois premiers versets du chapitre 12 de l’épître aux Romains. Aujourd’hui, en ce deuxième dimanche après l’épiphanie, ce sont les versets 9 à 16 de ce même chapitre 12 qui retiennent notre attention.

Lecture du texte : Romains 12, 9-16

Notons d’abord que Paul termine toujours ses épîtres par une série de conseils pratiques. Dans notre texte du jour, ce sont presque une vingtaine d’encouragements qu’il nous dispense dans ces lignes. Tous ont à faire avec la vie quotidienne, la vie concrète,

alors que dimanche dernier, le texte nous faisait comprendre que rendre un culte à Dieu ne se limite pas au rassemblement dominical, mais que le culte englobe le vécu de la semaine entière. Maintenant, dans les versets 9 à 16, c’est un peu comme si l’apôtre, – développant ce qu’il entend par ce vécu –, passait aux exercices pratiques. Et nous voilà confrontés à une impressionnante énumération de conseils. Tous les conseils concernent notre vécu communautaire et ils explicitent très directement, très concrètement, ce qui est attendu de nous dans notre relation aux frères et sœurs dans la foi.

Il va sans dire que la force à l’œuvre derrière cela, l’énergie qui doit nous animer et nous porter, cette énergie reste toujours et encore l’esprit d’amour. Dieu veut que nous nous aimions les uns les autres.

Mais, à force de l’avoir entendu tant et tant de fois, le danger, c’est que la portée de cette recommandation s’émousse et résonne, tout au plus, comme une belle formule, malheureusement un peu creuse.

Il est donc plus que nécessaire pour nous de nous remettre en question et de remettre sur le tapis tout ce qui concerne nos relations réciproques.

Pouvons-nous vraiment affirmer que nos relations sont gouvernées par l’esprit d’amour ? Pour l’apôtre, il n’en va pas seulement de la crédibilité du témoignage, mais pour lui le message, sans la pratique, n’est que lettre morte. Oui, pour lui le message est toujours et encore appelé à s’incarner et porter du fruit.

Alors, puisqu’il faut être concret, devenons donc concrets. Première question à laquelle nous voulons nous soumettre : Nous tous qui sommes venus ce matin à ce culte, assis plus ou moins prêts, les uns des autres, avons-nous conscience que nous sommes tous liés les uns aux autres, à nos voisins, par les mêmes sentiments fraternels qui animaient le Christ. Sommes-nous conscients que notre rencontre, ici, ce matin est placée sous le signe de l’amour ? Pour l’apôtre, il ne saurait en être autrement. Pour lui, en Christ, au nom du Christ, je suis appelé à la rencontre des autres, de mon voisin, de ma voisine. Oui, je suis appelé à m’ouvrir à l’autre et à me sentir concerné par lui.

Et l’apôtre, d’énumérer les mille et une manière de mettre cela en musique.

Remettons-nous à l’esprit quelques-unes de ses exhortations ?

Par exemple, le soutien au frère ou à la sœur dans le besoin que le besoin soit physique ou moral ! Est-ce que je conçois que sa situation me concerne ? Est-ce que je me laisse toucher par sa détresse ? Est-ce que j’entreprends quelque chose de concret qui pourrait soulager sa situation ?

Et, qu’en est-il de l’encouragement à exercer l’hospitalité ? Sommes-nous suffisamment disponibles pour ouvrir notre porte au prochain ? Si ce n’est pas la porte de la maison que ce soit, au moins, la porte de notre cœur !

Est-ce que, vraiment, nous pleurons avec ceux qui pleurent ? Est-ce que nous nous réjouissons avec ceux qui sont heureux ? Ce qui, en passant, nous coûte parfois plus encore que de compatir au malheur d’autrui.

D’une manière générale, l’apôtre nous demande de vivre ensemble en bonne harmonie, animés par les sentiments de bonté, de générosité, sans oublier l’humilité. Voilà les ingrédients fondamentaux qui constituent l’esprit communautaire.

Nous venons d’entendre ce qui est attendu de nous. Comment allons-nous y répondre ?

Peut être que certains s’en tireront à bon compte en s’imaginant que l’apôtre ne s’adresse pas à eux, mais à une sorte d’élite de parfaits, des quasi-saints, des personnes appelées à un ministère particulier dans l’église.

D’autres taxeront l’apôtre d’affreux moralisateur qui veut imposer à chacun un code de conduite irréprochable qui ne tient aucun compte de la nature humaine.

D’autres prétexteront que la foi n’est pas affaire d’œuvres, mais d’abord de confiance. On avancera l’argument de la grâce de Dieu qui accepte chacun, tel qu’il est, et qui nous englobe tous dans son amour.

Il y a là des choses qui méritent d’être entendues et qui peuvent être discutées.

Et pourtant, quoi qu’on en dise, il faut aussi reconnaître qu’il en va ici de notre crédibilité de chrétien. Il nous faut donc aussi entendre la critique de ceux, et ils sont nombreux, qui reprochent aux chrétiens de conformer si peu leurs actes à leurs paroles.

Ils nous observent, ils relèvent nos nombreux désaccords, notre manque de charité les uns envers les autres. Ils constatent que les chrétiens sont capables de la même dureté de cœur entre eux que dans n’importe quelle autre organisation humaine. Sauf que ceux-ci ne s’en appellent pas forcément de l’esprit des Évangiles.

Alors oui, reconnaissons qu’il en va de notre crédibilité. Ce qui est en jeu, c’est le sérieux de nos convictions et notre volonté à laisser la Parole de Dieu gouverner nos vies et inspirer nos relations. Il en va aussi de notre honnêteté, en premier, vis-à-vis de nous-mêmes. Quoi qu’il en soit, le double langage ne passe pas. En effet, dire une chose et en faire une autre, revendiquer comme axiome de base l’amour du prochain et ne pas nous s’attacher à le vivre, n’est-ce pas une forme de dichotomie ou plus simplement une forme d’hypocrisie ?

En psychiatrie, lorsqu’il y a un dédoublement de personnalité, une ambivalence des pensées et des conduites paradoxales, on appelle cela de la schizophrénie. On n’en est parfois, dans la question des rapports à l’autre, pas très loin.

Comment, en effet, affirmer des principes aussi forts, aussi justes et bons et par ailleurs, toujours à nouveau louvoyer avec eux, si ce n’est les contredire !

Mais rassurons-nous les paroles de l’apôtre ne sont pas des condamnations, mais des encouragements, une exhortation.

Et heureusement que celui qui nous inspire, le Christ, n’exige nulle part de nous que nous soyons des parfaits ; par contre, il nous invite à être des pécheurs repentants.

Et cela nous donne, d’un côté, la force de reconnaître nos déficits et nos manquements. Mais, dans le même temps, cela aiguise notre envie, notre désir de reprendre, à neuf, notre marche avec lui. En n’oubliant pas que de marcher avec lui, c’est toujours et encore faire église, vivre la communauté. Cela passe par les liens que nous entretenons les uns avec les autres. Et ces liens ne sont pas une vue de l’esprit, mais des attitudes et des gestes concrets. Une main qui se tend, du temps qui est offert à autrui, la disponibilité à pardonner et, à réaliser, que moi aussi j’ai besoin que l’on me pardonne.

Voilà à quoi le Christ nous appelle. Mettons-nous joyeusement en route, en sachant que sa bénédiction et son amour reposent sur nous. Amen.

Cantiques :

Arc en Ciel 228 / 524 / 534 / 607

G. Hufschmitt.

¼ – Service des Lecteurs – SL – 3 – 17.01.2010 – Georges  HUFSCHMIDT

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).