2011. 04 : 4e Dimanche après l’Epiphanie

Dimanche 30 janvier 2011

Le Christ maître de la nature

Matthieu 14 / 22- 33.

Chers frères et sœurs !
La peur est l’une des forces les plus handicapantes dans notre vie humaine ; elle sape et mine notre énergie, elle dévie nos inspirations créatives et nous empêche d’être opérationnels et d’agir à 100 % de nos possibilités ! Admettons ; certaines peurs sont nécessaires à notre survie : avec sagesse, nous enseignons à nos enfants la crainte salutaire des prises électriques ou des voitures en mouvement, ou encore le feu ; mais en même temps, nous leur refilons au moins une partie de nos peurs irrationnelles ; bien des enfants ont peur du noir, d’autres craignent les chiens, les chats noirs ou l’eau. Heureusement, avec de la patience et de l’amour, nous pouvons les aider à grandir et à dépasser ces phobies irrationnelles.
La Bible a beaucoup à dire sur la peur ; en particulier sur la crainte qui répond au mystère de la présence et de l’appel de Dieu. « Ne crains pas, Marie, Dieu est avec toi » Joseph reçoit le même message quand il veut rompre le mariage prévu, et aussi les bergers dans les champs : « Ne craignez pas, voici, je vous annonce une bonne nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie » ! Et ces trois mots : « Ne crains pas ! » reviennent 366 fois dans la bible, une fois pour chaque jour, même les années bissextiles !
Notre texte nous raconte une autre histoire de peur et d’anxiété. Juste après avoir nourri la foule, Jésus a envoyé les disciples de l’autre côté du lac, pendant qu’il priait sur la montagne. Lorsque les douze essayèrent de traverser le lac, ils furent pris dans une violente tempête de vent ; tous leurs efforts pour atteindre l’autre rive ou pour stabiliser l’embarcation furent inutiles ! Même si ce lac de Galilée est assez petit (environ 12 km de large et20 de long) et qu’il est calme d’habitude, il arrive que de brusques rafales descendent des monts qui sont autour, et qu’elles causent un énorme chaos, encore de nos jours !
Dans notre texte, il y a 3 exemples de peurs – tout d’abord la situation qui était menaçante pour la vie des douze dans leur barque – une coquille de noix dans un ouragan – puis il y a la réaction de peur des disciples à l’approche de Jésus à 3 heures du matin ;  ils ont d’abord cru à un fantôme ! (dans les récits parallèles, on pourrait traduire que Jésus marchait à côté du lac), mais Matthieu nous dit que la barque est loin du bord, à environ 6 à 8 km. De la terre ferme, et Jésus est bien sur l’eau ; il rassure ses disciples d’une parole : « Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur » – La troisième peur se trouve dans le bref récit de Simon Pierre qui quitte le bateau pour aller dans l’eau. Cette partie a été incluse par l’évangéliste qui considère Pierre comme le modèle du disciple malgré ses impulsivités irréfléchies ! Tout d’abord, il s’approche de Jésus avec confiance, puis il entend le vent impétueux, il voit les vagues qui déferlent et il commence à s’enfoncer dans l’eau. Aussi longtemps qu’il regarde vers Jésus, il se sent bien ; mais lorsqu’il est distrait par le chaos environnant, il se met à sombrer ; Jésus étend la main et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Est-ce que cette réaction n’est pas typique pour nous qui sommes souvent envahis par la peur, le doute et l’incertitude ? Sœur Joyce Rupp, une poétesse catholique, auteure de livres de piété dit qu’un cœur craintif est l’un des désordres chroniques de l’esprit ; elle souligne que le fait de nous faire du souci nous empêche d’être libres et de goûter combien la vie est bonne ; le souci se focalise sur tout ce qui est inconnu ou sur tout ce dont nous pensons que c’est là pour nous tourmenter, nous faire honte ou nous obséder. Le souci nous distrait, nous détourne de notre vision, de nos rêves ou de notre but ; ou, comme elle le dit : « Le souci dévore notre cœur et lui enlève la paix, il tend à nous maintenir préoccupés par nous – mêmes au – lieu de nous occuper de Dieu et de notre prochain ».
Il semble qu’il y ait de nombreuses raisons qui nous rendent enclins à l’irritation, à l’agitation, à l’angoisse : la première de ces causes est le manque de foi, nous n’arrivons pas à croire combien Dieu prend soin intensément et personnellement de chacun de nous ; Jésus nous dit que même les cheveux de notre tête sont comptés. Pour certains d’entre nous, cela ne pose pas de problème, mais la pointe de cette image rhétorique nous montre que nous sommes tous connus et aimés de Dieu qui nous garde comme un trésor ; chaque personne est précieuse aux yeux de Dieu. Si nous négligeons ce fait, nous perdons nos repères et ce qui nous porte !
En outre, nous sommes sujets à des craintes irrationnelles à cause de notre perpétuelle tendance à croire que nous arrivons à tout gérer tout seuls et par nous – mêmes, sans la puissance de Dieu qui agit en nous. Cela contredit la réponse de Marie dans l’évangile : « Qu’il me soit fait selon ta parole ». Cela, c’est une leçon très difficile à apprendre ; il est impossible qu‘une seule personne puisse s’occuper de tout le travail à faire dans une paroisse ou une famille. Nous devons apprendre à reconnaître nos talents et nos limites et transmettre et partager ce ministère et ces responsabilités avec d’autres qui sont, eux aussi, bénis et fortifiés pour faire avancer les choses.
Troisièmement: il nous est difficile d’accepter que tout ne soit pas positif dans la vie et qu’elle porte les marques et les bavures de nos faiblesses humaines, les nôtres et celles des autres. D’une manière ou d’une autre, nous continuons à nous cramponner à l’idéal d’un monde dans lequel la vie serait toujours juste, confortable et sereine. Chers amis, ce n’est pas cela, la foi chrétienne, ce sont des vœux pieux ! Jésus le rappelle à chacun : « Dans le monde vous aurez des tribulations, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde ! »
Une dernière cause de souci est notre faible mémoire qui oublie que la croissance peut venir aussi bien par les échecs que par la réussite (il semblerait que nous devions tomber de vélo un certain nombre de fois, avant d’apprendre l’équilibre et de savoir rouler) Dieu ne supprime pas toujours les situations difficiles, car, souvent, elles sont une partie naturelle de notre vie terrestre. Mais la présence aimante de Dieu nous soutiendra et nous fortifiera toujours, nous avons cette promesse dans l’Écriture sainte. Ce que nous devons faire, c’est de tendre notre main avec foi et confiance !
Pour notre maturité spirituelle propre, il est important de faire face à nos peurs sans les ignorer. Bon nombre de personnes sont terriblement effrayées par l’inconnu, ils ont peur de l’échec, de la souffrance, peur de vieillir ou de mourir ; en ces temps de crise et d’incertitude économique, d’autres ont peur des charges financières : d’où viendra l’argent pour payer le gaz, l’épicerie, les frais de scolarité des enfants, les impôts, la retraite ou les frais imprévus ? Sœur Joyce dit que : « si nous regardons nos peurs bien en face, les yeux dans les yeux, elles ne peuvent plus avoir le contrôle sur nous, nous n’avons pas à céder aux voix angoissées qu’elles contiennent. Plus nous nous confrontons à nos peurs cachées, d’autant plus, nous serons libres de vivre en paix et de partager nos dons et nos talents ».
Après avoir reconnu nos peurs, nous devons les VOIR A LA LUMIÈRE de l’Amour de Dieu, alors les soucis et l’inquiétude, l’irritabilité et le chagrin cesseront de diriger nos vies, si nous nous remettons entièrement entre les mains de Dieu, en sachant que la fidélité et l’Amour de Dieu nous soutiendront, nous réconforteront et nous affermiront quelle que soit la pénibilité ou le danger des épreuves que nous devrons affronter : « C’est pourquoi nous ne craindrons rien, même si la terre tremble et si les montagnes sont précipitées au fond de la mer ; l’Éternel des armées est avec nous, le Dieu de Jacob est notre force » nous dit le psaume 46.
J’aimerais conclure par une simple prière à notre Seigneur ressuscité, basée sur cette Parole qu’il a adressée aux disciples qui tremblaient de peur : « Courage, JE SUIS, ne craignez pas ! »
Seigneur Jésus, accorde – nous le courage d’apporter nos peurs en ta présence et d’ouvrir notre vie à ton Amour qui guérit ; accepte nos loyautés fragmentaires, nos désillusions et nos frustrations ; transforme notre anxiété qui est si facilement irritable et inquiète ; accepte notre besoin de sécurité et préserve – nous du matérialisme ; accepte notre faim de ta présence, tends – nous la main et amène – nous à toi, prends nos cœurs inquiets et enveloppe – les profondément dans ton Amour qui demeure et qui nous dit chaque jour : « Prends courage, je suis là, ne crains pas ! » Amen.
Émile BAUER pasteur à PRINTZEIM

CHANTS PROPOSES

ARC : 614 ; 81 ; 522 ; 616 ; 619
E.G. 369 ; 367 ; 373 ;374 ; 324

¼ – Service des Lecteurs – SL – 5 – 30/01/2011 – Émile BAUER


PRIÈRE D’INTERCESSION possible :

Seigneur, notre Dieu et Père, toi qui as déjà autrefois dit à Moïse au buisson ardent : « Je suis », tu l’as répété à tes disciples en pleine tempête, tu veux nous le redire aujourd’hui à chacun de nous qui luttons parfois désespérément ; donne- nous de reconnaître ta présence chaque jour de notre vie, là où nous sommes, fais- nous entendre ta parole qui nous rassure : « ne craignez pas, je suis là » ! Fortifiés par cette promesse, nous pouvons te dire tout ce qui nous cause du souci, tout ce qui nous tourmente et te présenter notre prière pour les autres et pour nous
Nous te remettons notre monde en proie au désarroi, en butte aux catastrophes naturelles comme à Haïti, à la famine ou aux guerres idéologiques, économiques ou politiques. Donne aux chefs d’État et à tous les responsables de prendre conscience que c’est devant toi qu’ils sont responsables ; soutiens les efforts et les luttes de ceux qui s’impliquent pour les droits de tous les humains.
Nous pensons aussi à ton église universelle, à nos frères et soeurs persécutés en Irak, au Soudan et ailleurs, rassure et fortifie- les par ta présence, fais de nos communautés des endroits accueillants et bénis tous ceux qui y exercent une activité, sois avec chacun pour que ta parole soit annoncée et reçue.
Nous te prions pour nos prochains, ceux qui nous sont confiés, ceux qui nous sont chers, tout particulièrement pour ceux qui sont malades, éprouvés par la douleur, pour les mourants et leurs familles ; pour nos catéchumènes et nos jeunes, pour les couples et les familles, pour ceux qui sont seuls et pour ceux qui sont âgés, fais de nous auprès d’eux des messagers de ta bonne nouvelle pour qu’ils puissent reprendre courage !
Pour nous- mêmes aussi, que dans les tempêtes de la vie nous ne te perdions jamais du regard, que nous sachions te reconnaître et saisir ta main ; ouvre nos yeux, nos cœurs et nos mains pour que nous sachions utiliser nos dons au service de nos frères et sœurs en vue de notre bien commun et pour l’avancement de ton règne ! et toutes nos autres demandes, nous te les présentons dans cette prière que Jésus nous a enseignée en nous permettant de te dire : NOTRE PÈRE…