2011. 06. 6e dimanche après l’Epiphanie = TTANSFIGURATION

Dernier dimanche après l’Epiphanie

Dimanche 6 février 2011

La transfiguration

Exode 3, 1-10 ; 13-14

    Frères et Sœurs en Jésus Christ,

    Il faut à Moïse deux mobilisations pour qu’il change ses habitudes et qu’il s’engage à obéir à l’impératif catégorique d’essayer de sauver ses coreligionnaires de l’esclavage en Egypte.

    Moïse entend la voix de sa mauvaise conscience et de ses sentiments de culpabilité. Il se souvient qu’il  avait été ému devant des juifs qui étaient maltraités par leurs gardiens et qu’il  avait tué l’un d’eux qui exagérait injustement. Dans le silence du désert, où il a fui par peur des représailles du pharaon, c’est comme s’il réentend les cris des esclaves au loin. Mais il ne bouge pas. Il a peur. Il préfère la quiétude de son métier de berger. Il est tourmenté et souffre. Il est mobilisé, mais n’agit pas comme il devrait.

    La seconde mobilisation est due à un appel impératif de Dieu, au détour d’un buisson illuminé, en plein jour ou bien au soleil couchant. Une opération coup de poing de la part de Dieu. Une parole forte touche le cœur tremblant de Moïse : « N’aies pas peur, je suis avec toi. Je t’accompagnerai. Vas-y et n’hésite plus. Arrête de discutailler et de te justifier. Les cris de mon peuple, les cris de ton peuple sont bouleversants. Leurs souffrances durent et se démultiplient. Il faut que ça cesse. Qui d’autre que toi Moïse qui connaît le terrain, qui parle à la fois l’égyptien et l’hébreu, qui connaît la psychologie des grands de la cour de pharaon, ne pourrait l’entreprendre ? ».

    Dans le mystérieux buisson ardent qui brûle sans se consumer, Dieu parle mais ne montre pas son visage. Il donne son nom : « Je suis celui qui est »  c’est à dire « Je suis celui qui a été » ou encore « Je suis celui qui sera » ». L’épiphanie de Dieu est un feu qui réchauffe, qui éclaire, qui vivifie, mais qui ne se consume point, donc qui dure à toujours. Dieu est le même hier, aujourd’hui et demain. Quelle signification géniale du nom de Dieu ! Dans le livre du Second Esaïe, au moment où le prophète annonce la fin de l’esclavage du peuple juif à Babylone et le retour à Jérusalem comme un second exode, comparable au premier dont justement Moïse était devenu le meneur, le prophète transmet cette parole de Dieu, parole immuable, aussi bien adressée aux captifs du despote babylonien qu’à nous aujourd’hui : « Vous êtes mes témoins. Avant moi il n’a pas été formé de Dieu, et après moi il n’y en aura pas. C’est moi qui ai annoncé, sauvé, prédit, ce n’est pas un dieu étranger. Vous êtes mes témoins. C’est moi qui suis Dieu. Dès le premier jour, je suis  « Il est » ». (Esaïe 43, 10-13). Contrairement à Descartes, qui affirme : « Je pense donc je suis », avec foi chacune et chacun de nous peut affirmer : « Dieu est, donc je suis ».

    En 1992, année charnière des découvertes scientifiques grâce aux télescopes de plus en plus performants, grâce aux satellites, grâce aux chercheurs de l’origine de l’univers, le satellite américain Smoot délivra ses premières observations sur la lumière primordiale, celle issue du fameux big bang. Les données objectives nouvelles confirmèrent les intuitions d’autres astrophysiciens qui eurent ainsi confirmation que l’univers, les étoiles, le système solaire et notre monde vivant avaient été créés en l’espace de trois minutes après l’explosion gigantesque primordiale. En même temps, les chercheurs médusés sentaient que derrière ce « buisson ardent » primordial devait exister la programmation de tout cet univers harmonieux et continuellement en expansion. Dans leur  livre historique sur les grands pas faits dans l’étude des origines de l’univers au cours du siècle dernier, les frères Igor et Grichka BOGDANOV écrivent : « Pris de vertige devant ces images impensables, folles et incroyables venues du fond de l’espace et du début des temps, ces détails lumineux datant de la création de l’Univers, George SMOOT va lâcher devant ses collègues et devant les journalistes, en commentant ses dernières découvertes :  « Pour les esprits religieux, c’est comme voir le visage de Dieu ». Les auteurs ont donné à leur livre scientifique paru il y a quelques mois le titre : « Le visage de Dieu ». Frères et Sœurs, de plus en plus d’astrophysiciens pensent que  l’univers primordial était conçu par quelque fantastique volonté et intelligence. Avant que le monde n’existât, Dieu fût. Dieu est celui qui est. Il était avant l’univers créé. Il le sera après lui. Moïse l’avait bien entendu et discerné.

. Jésus Christ, dans son discours d’adieu rapporté par l’évangile de Jean, promet à ses disciples : « Là où je suis, vous serez aussi ». Sur la montagne de la transfiguration, Jésus avait déjà laissé entrevoir cette réalité dernière. Le Dieu de Moïse est celui qui est, son Fils Jésus Christ est celui qui est. Sous l’influence du Saint Esprit, nous sommes. Nous sommes les mêmes hier, aujourd’hui et demain. Nous sommes destinés à la résurrection des morts et seront transfigurés comme le Christ resplendissant l’a été un bref mais heureux moment, en compagnie d’Elie et de…Moïse.

    Ayant aujourd’hui pratiquement les preuves scientifiques que Dieu existe, « Celui qui est » nous appelle à adhérer au projet de lutte contre toutes les sortes de souffrances que son fils a supportées et portées.  Comme Moïse laissons nous  aimer et mobiliser par ce Dieu qui nous est devenu proche dans sa création ex nihilo et dans son fils, pour mieux discerner dans notre bonheur d’enfants de Dieu, les cris des malheureux, des souffrants, des victimes, des malades, des isolés qui se font entendre près de chez nous. Ces cris ne manquent pas. Ils nous atteignent via les médias du monde entier. Mais nous aurions un tas d’arguments  pour ne pas agir : « je suis trop petit et n’ai pas le bras long ; si je donne main, on demandera mon bras, c’est une vis sans fin ; on ne peut pas tout faire soi-même, je suis déjà assez sollicité, c’est aux pouvoirs publics, à L’Action Chrétienne pour l’Abolition de la Torture, aux ONG de calmer faim, souffrance infligée, injustice, violence etc.… etc. ».

    C’est pourquoi la seconde mobilisation est due à un appel impératif de Dieu qui nous atteint au travers des récits entendus aujourd’hui, celui du buisson ardent et celui de la Transfiguration. Une parole forte touche le cœur tremblant de chacun de nous : « N’aies pas peur, je suis avec toi. Je t’accompagnerai. Tu as envie de soulager cette souffrance que tu connais et qui t’émeut, mais tu hésites. Arrête de te trouver des arguments pour ne pas bouger et de te justifier. J’entends la souffrance des personnes que tu aimerais aider. Qui d’autre que toi qui connais les besoins de celle ou celui qui remue ta conscience, ne pourrais l’épauler et soulager ses malheurs ? Alors, n’hésites plus, Je suis avec toi, ne crains rien. Prends courage et  va avec la force que tu as ». Ainsi soit-il. Amen.

                            Georges Bronnenkant