2005. janvier | 02 : 02.01.2005 : 2e dim après NOËL 2004-2005

Le fils de Dieu

Dimanche 2 janvier 2005

Jean 1, (35-42) 43-51

(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)

Note du rédacteur. Le texte du jour prévu par le « Plan de lectures bibliques » va du v.43 au v.51 et n’est que la moitié d’un ensemble. Je propose de prendre le texte dans sa totalité, du v.35 au v.51, malgré sa longueur, et de faire ressortir ce qui en constitue le fil rouge : le thème du « désir ». Désir de Dieu, désir d’une vraie vie chez tous ces personnages, et désir de Jésus d’accueillir et de faire s’épanouir cette aspiration à une vie « autre » de ceux qui viennent à lui. Je fais ce choix parce que nous sommes en pleine période des vœux, et que nos vœux et nos souhaits sont l’expression de notre désir de vie, tant pour nous mêmes que pour les autres.

I

Nous sommes en plein dans la période des vœux. Après les « Joyeux Noël ! », voici le temps des « Bonne et heureuse année ! ». Nos vœux, sincères ou simplement de politesse, expriment une dimension propre à l’être humain : le désir. Par le vœu, nous nommons ce à quoi nous aspirons, et ce que nous voudrions que les autres atteignent. Il est vrai qu’une partie de nos vœux portent sur des choses très concrètes ou matérielles, à court terme. Mais le plus souvent, ils ont pour objet des dimensions essentielles de la vie : la santé, le bonheur, la paix, la plénitude. L’aspiration à ces choses-là, ou plutôt à ces dimensions de vie n’est jamais apaisée. Nous sommes toujours en quête d’une vie plus épanouie, poussés en avant par notre désir de vivre pleinement. Le philosophe Gaston BACHELARD (20°siècle) a écrit : « L’homme est un être de désir ». Le désir est le moteur de notre vie : il est ce qui nous fait avancer.

II
Dans le récit qui nous intéresse ce matin, il est beaucoup question de désir : désir de vie nouvelle, désir de Dieu. Voilà d’abord deux disciples de Jean-Baptiste. Son message virulent les a touchés et a ravivé dans leur cœur le désir de Dieu, le désir de mener une vie plus conforme à la volonté de Dieu. La proximité d’avec Jean-Baptiste n’a pas comblé leur désir,  elle les a cependant accompagnés et nourris dans l’attente d’une autre rencontre, encore plus vitale pour eux. Quand Jean-Baptiste leur fait croiser la route de Jésus, leur désir est amplifié et réorienté : celui qui est nommé « Agneau de Dieu » va les mener plus loin dans leur quête spirituelle, plus près de Dieu. L’un des deux, André, est si bouleversé qu’il ne peut que souhaiter pour son frère Simon de vivre le même événement. Simon, animé d’un désir  semblable à celui de son frère, se laisse mener vers Jésus et c’est l’illumination. Jésus reconnaît et accueille le désir de Dieu qui anime Simon et, en lui donnant un nouveau nom, il donne à sa vie de simple croyant un sens et un poids radicalement autres : ce nom de Céphas, Pierre, est ouvert vers un avenir, une mission, jusqu’ici insoupçonnés. André, l’autre disciple et Simon-Pierre : trois hommes conduits par leur désir de mieux accorder leur vie à la Parole de Dieu, trois hommes qui vivent le bonheur de sentir leur désir s’épanouir.

Le lendemain, sur le chemin vers la Galilée, Jésus, peut-être accompagné par André (dans le texte grec, le verset 43 est structuré comme le verset 42 ; il n’est pas précisé qui est ce « il » qui a pris l’initiative du voyage, Jésus ou André ; la seule précision est que c’est Jésus qui s’adresse à Philippe.) croise la route de Philippe. Il  est de Bethsaïda comme André et Simon-Pierre, qu’il connaît certainement. Son nom typiquement grec indique qu’il est d’une famille de la Diaspora juive hors de Palestine, caractérisée par une forme plus spirituelle de la foi. (En Jean 12, 21-22, c’est à lui que vont s’adresser des Grecs, c’est-à-dire des Juifs de la Diaspora en pèlerinage à Jérusalem, désireux de connaître Jésus ; et en Actes 8, c’est encore lui qui évangélise des Samaritains et l’eunuque éthiopien c.a.d. des « étrangers » en recherche spirituelle). L’interpellation directe de Jésus : « Suis-moi ! » dénote qu’il a discerné en lui une grande soif de Dieu. Reconnu dans son désir de Dieu par Jésus, Philippe reconnaît aussitôt en lui celui qui va le mener plus loin dans sa quête spirituelle et ne peut garder pour lui tout seul l’importance de sa découverte.

Nathanaël, vrai israélite de Judée, croise sa route et se voit aussitôt communiquer la grande nouvelle : il est venu, il est là, celui qu’ont annoncé Moïse et les prophètes ! Nathanaël, nourri par l’enseignement des scribes et enraciné dans la tradition de ses pères, partage l’espérance d’Israël en la venue d’un Messie royal. Il peine à croire que le Messie rencontré par Philippe soit le bon ! A son tour, il va être bouleversé par sa rencontre avec Jésus qui reconnaît en lui un homme animé du désir de Dieu : Jésus l’a vu sous le figuier ! (L’allusion au figuier peut avoir de multiples significations : évocation d’une vie consacrée à l’étude de la Bible en rapport avec une tradition identifiant le figuier à l’arbre de la connaissance dans le jardin d’Eden (Genèse 2,17), ou encore l’évocation d’une aspiration à la paix messianique (Michée 4,4 et Zacharie 3,10), ou bien encore l’appartenance au peuple de Dieu (Osée 9,10). Ainsi révélé à lui-même, il reconnaît à son tour Jésus par une confession de foi typiquement traditionnelle – « Tu es le roi d’Israël ! »-  Une nouvelle parole de Jésus vient alors imprimer à son désir de Dieu une nouvelle orientation : « Tu verras de bien plus grandes choses que celles-ci ! ».

Tous ces hommes, André, le disciple anonyme, Simon-Pierre, Philippe et Nathanaël, sont venus à Jésus par des chemins et des traditions de foi multiples et divers, mais animés par un même désir de Dieu. Reconnus par Jésus qui voient l’authenticité de leur quête spirituelle, à leur tour ils reconnaissent en lui  celui qui va les mener plus près de Dieu. Cependant leur désir n’est pas comblé car Jésus leur ouvre à présent un nouvel horizon : « Je vous le déclare en vérité : vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme ! ». Par cette évocation de la vision de l’échelle de Jacob (Genèse 28, 11-17) Jésus suggère un mystère et une espérance formidable : il se révèle comme présence de Dieu en tant que Fils de l’homme, par qui Dieu donnera la victoire finale sur les forces du mal ! Quand les disciples verront-ils cette réalité incroyable ? C’est ce que racontera l’évangéliste Jean dans la suite de son récit, notamment dans les chapitres 2 à 11, souvent appelé « le livre des signes », qui s’ouvre par la première manifestation de la « gloire » de Jésus à Cana et se termine dans la maison de Lazare. Et ce que ces signes vont annoncer, se réalisera sur la Croix et par la Résurrection, à « l’heure du Fils de l’Homme » !   

III
Sur la lancée de ces rencontres inaugurales et dans la perspective de « l’heure du Fils de l’Homme », l’évangéliste Jean déploie tout son récit en ayant pour fil rouge la soif de vivre et le désir. Il sait que toute personne aspire, non seulement à conserver la vie qu’elle a, mais aussi à accéder à une vie plus intense, une vie plus pleine, une vie plus achevée. Tous les personnages qui rencontrent Jésus dans la suite de l’évangile sont en quête de plus de vie. Le vieux sage Nicodème, rassasié de pouvoir et de savoir, vient trouver Jésus car il pressent la possibilité d’une vie plus élevée. Au bord du puits, la Samaritaine aspire à une vie  qui ne soit plus écrasée par un travail pénible et l’exclusion de la communauté villageoise. Les cinq mille hommes miraculeusement nourris par Jésus au bord de la mer se mettent à suivre obstinément celui qui leur a donné le pain en surabondance. Et les sœurs de Lazare se révoltent contre la cruauté de la mort qui brise tous les liens affectifs et elles reprochent à Jésus de ne pas avoir préservé la vie de son ami. Chacune, chacun, voudrait être le maître de sa vie, mais personne ne saurait se la procurer de façon durable et authentique.

Le récit de l’évangéliste Jean nous montre comment leur désir est entendu et réorienté par Jésus. La vie ne peut être dispensée que par celui qui en est la source : Dieu. S’approcher du Dieu qui s’est manifesté dans le Christ incarné, c’est s’approcher de Celui qui véritablement crée la vie et la partage. La question du « mieux-vivre », du « vivre authentique » ne se résout qu’en Dieu ou en celui qui le représente.

Au seuil de cette nouvelle année, quoi de plus beau à souhaiter, tant à nous-même qu’aux autres, que d’enraciner notre désir de vie en Jésus ? Quoi de plus beau que d’être pris dans le désir de Dieu ? Amen.

                        Marc WEISS
                        Pasteur au CHU Strasbourg-Hautepierre 

Les autres lectures du jour :
Psaume 138, 2-5 ou Psaume 100 : louange à Dieu pour sa fidélité.
1 Samuel 3, 1-12. 15-20 : Dieu appelle le jeune Samuel à son service.
1°Jean 5, 11-13 : Dieu nous offre la vie éternelle en son Fils.
Luc 2, 41-52 : Jésus à 12 ans dans le Temple avec les spécialistes des Ecritures.

Propositions de chants :
ARC 138 = NCTC 138 : « Que tout mon cœur… » ( en entrée si lecture du Ps.100).
ARC 100 = NCTC 100 : « Vous qui sur la terre… » (en entrée si lecture du Ps.138).
ARC 361 : « Le Fils de Dieu… » (après les lectures).
ARC 374 : « A pleine voix chantons… » (après les lectures ou la prédication).
ARC 608 = NCTC 284 : « Ta volonté Seigneur … » (après la prédication).
ARC 889 = NCTC 389 : « Demeure par ta grâce… » (sortie).
ARC 883 = NCTC 391 : « Sur le chemin… » (sortie).

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).