2007. décembre | 02 : 30.12.2007 : 1er dim après NOËL 2006-2007

1er Dim. a. Noël – Esaïe 49, 13-16
EPAL – Service des lecteurs – Georges BRONNENKANT


                              1er Dimanche après Noël

                           Dimanche 30 décembre 2007

                                              Siméon

                                      Esaïe 49, 13-16

( Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II )

Frères et Sœurs en Jésus-Christ,

Notre texte, où Dieu nous promet un accompagnement permanent et inconditionnel qui fut confirmé par le Christ lors de notre baptême, est au cœur de l’évangile de l’Ancien Testament qui s’étend d’Esaïe 40 à 55. Pour la première fois dans l’histoire des religions, un homme de Dieu osa affirmer que son Seigneur était aux côtés des malheureux, en révélant à ceux-ci qu’ils n’avaient pas mérités tout ce qui leur arrivait. Ce prophète a employé des comparaisons pertinentes et saisissantes pour parler de l’amour inconditionnel de l’Eternel :

–    Jahvé est la « consolation d’Israël » ; il ordonne à ses envoyés : « Consolez, consolez mon peuple. Dites lui que sa servitude est finie et qu’il a payé au double de ses péchés ». (40, 1-2)
–    Il s’occupe de ses rapatriés, en leur frayant une route terrassée à travers le désert (40, 3 et 49, 17-18)
–    Il grave les noms des siens sur ses mains et les apaise en les rassurant : « Ne crains rien, car je t’ai délivré, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi » (43, 1 et 49, 16)
–    Il est le berger qui prend les agneaux dans ses bras, qui les porte sur son sein et qui conduit les brebis qui allaitent. (40, 11)
–    Et selon notre texte, il se conduit comme une mère qui accouche son enfant, qui l’allaite et qui reste avec lui.

Au début de son évangile, le prophète a exhorté les désespérés à regarder les étoiles, comme les signes manifestes de la présence du créateur (40, 26). Dans le prolongement de notre texte, il les invite à regarder comment leurs frères déportés retournent dans les murs de leur ville : « Sion, porte tes yeux alentour et regarde. Tous, ils s’assemblent et viennent vers toi. Tes fils accourent. Ceux qui t’avaient détruite et ravagée sortiront du milieu de toi » (49, 17-18). Et dans notre texte, il les invite à regarder les mamans qui chérissent leurs bambins. Peut-on mieux décrire l’abaissement progressif du Dieu de l’Ancien Testament que par ces signes visibles, à premier abord, opposés. Le théologien luthérien Régin PRENTER a intitulé sa dogmatique : Schöpfung und Erlösung », pour souligner également que Dieu est à la fois créateur et sauveur. Dieu est amour, par les innombrables étoiles. Dieu est amour, par les innombrables mamans du monde entier. Regardez et croyez.

Siméon a eu beaucoup plus de chance que Job, puisqu’il a pu voir plus encore qu’un enfant quelconque porté par sa mère. Il a eu le privilège de voir de ses propres yeux l’accomplissement de l’évangile prophétique de l’Ancien Testament. Le messie souffrant et puni pour les péchés du peuple que l’évangile d’Esaïe avait annoncé dans ses quatre chants du Serviteur aux chapitres 42, 49, 50 et 53, se présentait là sous ses yeux, également comme un bébé porté par sa mère. Siméon a discerné dans l’enfant Jésus, l’incarnation de l’amour infini et inconditionnel de son Dieu qui « avait tant aimé le monde, qu’il avait donné son fils unique » (Jean 3, 16). Il a vu le Sauveur. Il pouvait mourir en paix et rejoindre son Créateur.

Frères et Sœurs, nous n’avons pas eu la même chance, mais nous croyons au Ressuscité sans l’avoir vu directement. Nous faisons confiance au témoignage visuel des apôtres qui nous est rapporté dans l’épître du jour et à celui de Siméon dans l’évangile. Et ainsi, tout ce qui était signe tangible de l’amour de proximité de Dieu avant la venue de Jésus dans le monde, l’est encore davantage après son ministère, de la crèche à la croix.

Le philosophe juif Emmanuel LEVINAS a écrit dans son livre, « Totalité et infini » : « Dans un visage, j’aperçois la nudité humaine qui crie son étrangeté au monde, sa solitude et la mort dissimulée dans son être ; la nudité humaine m’interpelle, à cause de sa faiblesse sans protection et sans défense ; mais elle m’interpelle aussi d’étrange autorité, impérative et désarmée, parole de Dieu dans le visage humain ».

L’artiste peintre protestant Vincent Van GOGH a écrit à son frère Théo : « J’ai peint quelques études, où l’on voit la cathédrale. Néanmoins, je préfère peindre les yeux des hommes ; il y a quelque chose qu’il n’y a pas dans les cathédrales, même si elles sont majestueuses et qu’elles en imposent… Je voudrais peindre des hommes et des femmes avec je ne sais quoi d’éternel dont autrefois les nimbes étaient le symbole… D’où vient que le visage de l’oncle défunt était calme, serein et grave. Souvent, j’ai constaté un effet comme celui là, en regardant un mort comme pour l’interroger. Et cela est pour moi une preuve, non pas la plus sérieuse, d’une existence d’outre-tombe. Un enfant dans un berceau également, si on le regarde à son aise, a l’infini dans les yeux ».

Le philosophe luthérien Soeren KIRKEGAARD disait que l’émerveillement est la seule qualité humaine qui n’a pas son contraire. En s’émerveillant devant les hippopotames qui s’ébattaient familialement dans l’Ogoué près de Lambaréné, Albert SCHWEITZER découvrit le principe universel qu’il peinait à trouver, « die Ehrfurcht vor dem Leben », le respect de toute vie. Pour lui et pour nous, toute forme de vie est le reflet de l’amour du Dieu créateur et sauveur, de l’amour révélé en Jésus-Christ, dont aucune puissance de mort et de destruction ne peut nous arracher.

Le théologien réformé, Alphonse MAILLOT, écrivait dans un article qu’il avait « vu la résurrection », après la guérison d’un grand malade qui avait fini par vaincre sa maladie, soit disant « incurable » et à laquelle lui-même avait assisté impuissant. Qui de nous n’a pas déjà vu ainsi la résurrection, comparable à la renaissance à la vie vécue par Lazare, le frère de Marthe et Marie ?

Les deux évangiles de ce jour, celui d’Esaïe et celui de Siméon, nous invitent à ouvrir nos yeux sur les bougies de Noël, sur les étoiles, sur les merveilles de la création, sur les réconciliations politiques, sur les renouveaux miraculeux dans le développement de la personne, sur les gestes maternels, et surtout sur les visages des autres. Ce sont des signes visibles que, non seulement Dieu existe bel et bien, mais que Dieu m’aime et que le Ressuscité est avec moi tous les jours jusqu’à la fin du monde. Même si une mère abandonnait ou un père oubliait son enfant, l’Eternel ne m’oubliera et ne m’abandonnera pas. Je vous souhaite de faire l’expérience de Job au cours de la nouvelle année : « Mon oreille avait entendu parler de toi. Mais maintenant, mes yeux t’ont vu… Je sais que mon rédempteur est vivant » (Job 42, 5 et 19, 25). Amen.

Georges BRONNENKANT

Cantiques possibles :

Arc en Ciel 152, 178, 891, chants de Noël 359, 364, 381
    

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).