2005. 06 : dim ROGATE, 5ème après Pâques

L’église en prière

Dimanche 01 mai 2005

Luc 11, 5-13

(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)


(Lecture en français courant)

« Tout mauvais que vous êtes… » Et bien, voilà des paroles fortes ! Elles ont le mérite d’être claires, elles au moins ! Enfin, c’est Jésus qui les dit. Alors nous acceptons d’écouter tout de même, n’est-ce pas ? Lui, notre ami, notre sauveur, l’être le plus cher que nous ayons au monde, il a bien le droit de nous parler ainsi, surtout si c’est pour mieux nous apprendre ce qui nous est si difficile : prier comme il faut, prier comme il nous le faut.

Demandez, cherchez, frappez à la porte, dit-il tout simplement, vous avez dans le ciel un ami qui ne vous fera jamais faux bond. Ah, c’est si bon ! A écouter Jésus tout semble beau et simple tout à coup. Il suffit de le faire, oui, il suffit simplement de le faire. Pourquoi encore hésiter ?

Pourquoi ?! Jésus le sait bien, lui et il comprend même nos hésitations les plus bizarres. La preuve : Dans son histoire des deux amis embêtés il les raconte très, très bien :

C’était la nuit, minuit exactement. Toute personne avec un minimum d’éducation sait qu’on ne dérange plus personne à cette heure-ci, sauf en cas de danger de vie ou de mort bien sûr. Et voilà que chez notre ami arrive un ami. Eh oui, il débarque, comme ça. Voilà des manières pas très recommandables. Ce sont assurément des gens qui ne savent pas bien gérer leur vie ! Qu’ont-ils à frapper, à demander, à chercher accueil comme ça sans prévenir ?

Remarquez : en Orient, quand les journées sont chaudes, on voyage souvent la nuit, à la fraîche, et même déjà en Espagne minuit, ce n’est pas comme en Alsace et puis le téléphone pour s’annoncer n’existait pas. Alors, disons que le scénario n’est pas tout à fait impossible et le comportement des amis un peu moins choquant qu’il y paraît à nos yeux. Ces gens sont normaux, comme vous et moi, « tout méchants que vous êtes », comme dirait Jésus.

 Seulement voilà, il se pose entre eux un vrai conflit autour du devoir sacré de l’hospitalité.  Bien accueillir, comme jadis Abraham avec les trois hommes aux chênes de Mambré (Gn 18), c’est une chose qui s’impose à tout moment. La véritable calamité, la voilà et elle est double : chez l’ami il n’y a plus rien à manger. Même plus de pain. Et chez l’autre ami sollicité l’hospitalité a trouvé ses limites. Oui, mais pas à minuit !

Que répond-il sorti de son premier sommeil ? « Oui, cher ami, il n’y a pas de problème. Trois galettes de pain, ce n’est rien, prends aussi une petite bouteille de rouge et un bon bout de fromage. » ? Et bien non, et c’est un choc : il se montre tout à fait inhospitalier et même colérique : « Tu n’y penses pas ! » s’énerve-t-il, « Je dors déjà. Tu n’avais qu’à prévoir, fallait faire un peu plus de pain, espèce de radin » etc. etc. Notre ami à la porte dut en rester bouche bée. Il avait agi en toute bonne foi et  sans aucune crainte en allant toquer ce soir-là à la porte d’un voisin. L’autre, n’était-il pas son ami ? Et puis c’était tout de même la moindre des choses que de lui donner ces simples bouts de pain. Vraiment, pas croyable.
Alors en toute bonne foi, cette même bonne foi qu’enseigna Jésus, confiant et convaincu il insistera. Oui, il demandera, il cherchera, il frappera encore à la porte, quel toupet, quelle impertinence ! Mais il recevra donc, à la fin du compte.

L’on peut se demander ce qui est advenu de leur amitié, a-t-elle survécu à tout ce conflit aussi pénible qu’inattendu ? Combien de ce toupet supporte une amitié ? Il faut bien croire qu’elle s’en porta encore très bien par la suite, comme nous pouvons le découvrir d’ailleurs par nous-mêmes bien souvent. L’amitié n’est pas si fragile. Jésus le dit puisque l’ami réveillé sera comparé à Dieu et l’ami demandeur, impertinent et casse pied, un peu naïf et pas très bien élevé, sera comparé à nous.

« Tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses. » C’est vrai : pour donner nous avons en nous en même temps toujours deux petites voix. Celle qui dit : « Vas-y, sois généreux. » et l’autre qui freine des quatre fers avec toutes sortes de bonnes raisons. Jésus le sait. Il le raconte bien et puis il nous encourage à entrer dans son Royaume quand-même. Tout simplement. Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira la porte. Nos relations humaines supportent tellement plus que nous croyons.

Et en ce qui concerne notre Père qui est aux cieux déjà et depuis toujours : à combien plus forte raison donnera-t-il à ceux qui lui demandent  dit Jésus.

« Oui, mais si Dieu n’exauce pas, si je ne reçois pas… » J’entends déjà la petite voix en moi, celle qui freine comme d’habitude.

Alors finissons par  un chapitre de la vie de Martin Luther :

Quand la fille du réformateur meurt à l’âge de 13 ans le père dans son désespoir demande à son ami Justus Jonas dans une lettre de deuil des plus émouvantes, de prier à sa place, à sa place et celle de sa femme Katharina, d’épauler en ce moment difficile les parents éprouvés et de les porter en ami par la prière et l’intercession. Luther écrit : « Car le regard et les paroles et gestes de notre fille mourante et vivante, si douce et vertueuse, remplissent nos cœurs si fort que même la mort du Christ ne peut pas tout à fait les chasser, comme il conviendrait pourtant. Alors, ami, rends grâce à Dieu à notre place. »

Luther, l’homme de Dieu, le savant théologien ne devait-il pas gérer les questions de la vie et de la mort et celles du sens de toutes choses d’une manière plus souveraine ? Au chevet de sa fille il a les mains aussi vides que tous les humains. Pas de réponses toutes faites, qui ne seraient d’ailleurs qu’hypocrisie et fausse piété, tromperie.

Mais cette certitude que les amis sont là dans ces moments là, et que quoi qu’il arrive nous avons un ami fidèle au ciel.Que le Seigneur nous aide à vivre cette bonne foi! Amen.

Ulrike RICHARD-MOLARD, pasteur

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).