2006. 06 : dim ROGATE, 5e après Pâques

L’église en prière

Dimanche 21 mai 2006

Colossiens 4/2-4 (5-6)


(Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles  épîtres )

Traduction recommandée : Celle de la Bible « Colombe » nouvelle version Segond révisée :

« Persévérez dans la prière. Veillez-y avec actions de grâces. Priez également pour nous. Que Dieu ouvre une porte à notre parole, afin que je puisse annoncer le mystère du Christ. » (C’est là que nous cesserions déjà la lecture du texte du sermon, afin d’éviter la dispersion de l’attention).

Frères et sœurs en Jésus-Christ,

Ne vaudrait-il pas mieux se taire ? Parler de la prière, à plus forte raison prononcer un sermon sur la prière, n’est-ce pas faire fi du conseil de Jésus qui dit d’entrer dans sa chambre et de fermer la porte quand on prie ? (Matthieu 6/6)

Certes, il faut éviter de faire de la prière une démonstration publique de piété, mais Jésus lui-même nous a donné un modèle de prière avec le Notre Père ; lui-même et ses apôtres en ont parlé et l’ont pratiquée. Se taire serait être à la fois paresseux, irresponsable et désobéissant. Parlons-en donc, de la prière, et ce d’autant plus que c’est une partie de plaisir, que, grâce à la prière, nous participons au grand concert de louange et de reconnaissance à l’égard de Dieu.

Un exemple pour commencer. Dans certains hôpitaux, il existe un service pour ceux dont on pense qu’ils sont en fin de vie. Le médecin-chef d’un tel service a dit au personnel : contactez-moi à toute heure si vous pensez que, pour un patient, la mort est imminente. Ce médecin raconte qu’il prend place près du mourant, lui tient la main, prie pour lui et invite le Christ ressuscité à venir accompagner cette personne lors de ce moment charnière de sa vie. La plupart du temps, dit-il, je peux repartir au bout d’un quart d’heure, car je remarque qu’une grande paix inonde le mourant et qu’un autre lui tient maintenant la main.

Quelle richesse que la prière, que de pouvoir faire appel au Seigneur, que de pouvoir se décharger sur lui et savoir qu’il nous prend en charge, nous-mêmes et les nôtres !

Quelle consolation que d’avoir prié avec quelqu’un ou pour quelqu’un. On peut alors quitter la chambre ou passer à d’autres occupations sans mauvaise conscience ; nous savons que nous ne les laissons pas seuls, car le Seigneur reste auprès d’eux !

Quel réconfort aussi que la prière, lorsqu’on s’apprête à pousser la porte d’une chambre d’hôpital ou à sonner à une porte en vue d’un entretien difficile ! Il arrive qu’on aie peur ; mais une prière du genre de : Seigneur Jésus, passe devant, donne courage. Il prépare le terrain et nous permet de faire des démarches pour lesquelles, sans avoir prié, nous manquerions de ressources.

A ce propos, nous voudrions évoquer une expression qu’on entend assez souvent et qui, pour diverses raisons, nous met mal à l’aise : je suis croyant, mais non point pratiquant. (Répéter) Ce qui, en fait, signifie : je crois en Dieu, mais cela ne se remarque pas. Je ne prends pas part aux cultes, ni pour écouter, ni pour prier.

Cette expression : croyant, mais pas pratiquant, a vraiment de quoi jeter un froid, de quoi priver de paix et de joie, de quoi couper de Dieu. Que penser de quelqu’un qui dit : je suis un grand danseur, mais pas pratiquant ? J’aime fort ma mère, mais  je ne vais jamais la voir. Il y a vraiment quelque chose qui cloche, une contradiction interne à cette expression favorite de certains.

Lorsqu’on  est pris d’amour, on le dit, on le chante et l’autre le remarque.

Lorsqu’on est croyant, on parle au Seigneur, on cherche sa présence, écoute sa parole et le loue, on prie et parle avec lui.

Nous avons en effet un Seigneur vivant, un sauveur auquel Dieu a redonné vie.
Nous lui parlons et lui disons merci. Nous lui confions nos craintes, nos inquiétudes et nos malades, tous ceux que nous aimons et fréquentons. Dans la prière, nous lui donnons la main, pour qu’il nous conduise et nous accompagne.

Je suis croyant, ce qui signifie : le Seigneur m’a appelé, il m’aime et me considère comme son enfant. J’en suis heureux ; je le lui dis dans la prière ; je lui expose ainsi ma vie. Voilà qui me rend courageux et joyeux. Je suis croyant et cela change ma vie. Je parle à Dieu dans la prière ; il participe ainsi à mes décisions, à mes peines et à mes joies.

Mais l’horizon de ma foi dépasse de loin ma personne. L’apôtre dit bien : « Priez également pour nous ; que Dieu ouvre une porte à notre parole ». Par la prière, nous prenons part au combat du Seigneur pour gagner des vies humaines, pour que d’autres encore puissent dire avec un ouf de soulagement : car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire.

Par la prière, je soutiens ceux qui annoncent la bonne nouvelle de l’amour et de la victoire du Seigneur. Prier, mais non seulement pour les pasteurs, catéchètes, évangélistes et missionnaires, mais encore prier pour ceux qui font le travail de visite dans les quartiers, dans les hôpitaux ou auprès des prisonniers. C’est un soutien considérable et une grande source de courage pour ces émissaires du Seigneur que de savoir : on prie pour moi, certains croyants ont mobilisé les anges pour que je ne sois pas seul, pour que le terrain soit préparé, pour que les oreilles et les cœurs s’ouvrent, pour que le mystère du Christ, le pardon du Seigneur et l’invitation du Père parviennent jusqu’à ceux qui résignent, qui se laissent gagner par le découragement et considèrent la mort comme une fin absolue.

Priez pour moi, afin que Dieu ouvre une porte. Nous tous ici assemblés sommes interpellés par cette parole de l’apôtre. De nous, croyants réunis par ce culte, le Seigneur n’attend pas seulement écoute, louange et adoration ! De nous il attend tout autant un travail de prière, orientée,  persévérante et responsable.

Que chacun de nous s’interroge : qui sont pour moi ceux qui attendent ma prière ?
Qui sont ceux que je suis et dois recommander régulièrement au Seigneur, pour qu’il ouvre une porte à leur parole, pour que d’autres aussi soient touchés par ce message de paix, d’amour et d’espérance ?
Nous avons ainsi tous du pain sur la planche. Amen.
        
            Paul FRANTZ, pasteur