2006. 08 : dim EXAUDI, -e après Pâques

La communauté dans l’attente

Dimanche 28 mai 2006

Jérémie 31/ 31-34


(Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles  épîtres )

Frères et sœurs en Jésus-Christ,

Le temps où nous vivons est marqué par l’insécurité et par l’inquiétude au sujet de notre avenir et de celui du monde. C’est une lapalissade que de faire ce constat. Mais notre situation est-elle vraiment si nouvelle que cela ? Il y eut certes, dans le passé, des périodes de grand optimisme, notamment au 19ème siècle où la foi en la science et au progrès dominait les esprits. Mais nous savons aussi que, rétrospectivement, les choses nous apparaissent presque toujours sous un jour meilleur, et que « le bon vieux temps » n’a sans doute jamais existé.

Il est vrai qu’aujourd’hui, contrairement à ce qui fut autrefois, les problèmes les plus importants sont d’ordre planétaire et touchent l’humanité entière. Aussi les grandes questions concernant l’écologie, la faim dans le monde, la gestion des richesses naturelles et des sources d’énergie, la violence et le terrorisme, pour ne prendre que quelques exemples, ne peuvent nous laisser indifférents.

Mais n’y a-t-il pas des interrogations plus essentielles encore, touchant aux fondations mêmes de notre civilisation ? Pourquoi le développement fulgurant des connaissances humaines, des sciences et des techniques, ne s’accompagne-t-il pas d’un progrès spirituel et moral ? Quelles sont et que valent les normes éthiques qui nous servent de repères ? Qu’avons-nous fait et que faisons-nous des valeurs qui étaient sacrées pour nos pères et que les générations montantes semblent ignorer de plus en plus ? Qu’est-ce qui pourrait donner un sens nouveau à la vie des personnes déboussolées et à notre société toute entière ?

La Parole de Dieu nous aidera-t-elle à trouver des réponses à ces questions existentielles ?

Notre texte de prédication est pris du livre de Jérémie. Ce prophète exerça son ministère à une époque marquée elle aussi par les désordres et les incertitudes ; bien plus : par des malheurs sans précédent. Jérusalem a été détruite et son Temple pillé par les Babyloniens. Une partie du peuple de Juda, notamment son élite, a été exilée à Babylone. Obligés de vivre dans un milieu païen, les juifs continuent, tant bien que mal, à célébrer leur culte et à prier l’Eternel dans l’attente d’une intervention de sa part.

C’est à ces fidèles que s’adressent, en premier lieu, les paroles du prophète. Ces croyants tiennent manifestement à l’alliance avec Dieu, en dépit des atteintes qu’ils y ont portées, en dépit de la déportation en laquelle ils devaient bien reconnaître un châtiment divin. Ils se refusent à croire que Dieu abandonnait son peuple élu, qu’il mettait un terme à l’alliance qu’il avait conclue avec Israël au Sinaï.

Pourtant le Seigneur déclare que l’alliance a bien été rompue, rendue caduque par l’infidélité de ceux qui auraient dû se souvenir de tout ce que Dieu avait fait pour son peuple. Il l’avait libéré de l’esclavage en Egypte. Il avait fait connaître sa sainte volonté à cette horde de nomades dont il avait fait son peuple, le peuple de l’élection.
O certes, on respectait en Israël les rites et les coutumes religieuses. Mais Yahvé n’était plus servi comme le Dieu unique. Il devait s’accommoder d’un partage de souveraineté avec les divinités païennes.

Ses exigences de justice et de miséricorde étaient bafouées. L’alliance était foulée aux pieds. Israël voulait avoir un Dieu dont il pouvait disposer à sa guise. Mais l’Eternel n’accepte pas de se laisser manipuler, ni de partager sa Seigneurie avec les idoles. L’alliance n’avait de sens que dans la mesure où Israël se reconnaissait comme créature et propriété exclusive du Très-Haut.

Il est donc indéniable que cette alliance a été rompue et que le peuple élu a mérité le châtiment de Dieu. Pourtant ce châtiment ne sera pas synonyme d’anéantissement. La prophétie de Jérémie n’est pas un discours de vengeance, mais d’espérance. Dieu lui fait annoncer une alliance nouvelle qui sera fondée sur le renouvellement des cœurs et des vies que Dieu accomplira lui-même. Car son dessein est un dessein d’amour et de salut. Et c’est pourquoi il veut mettre en ceux qui comptent sur lui la force de se soumettre à sa volonté et de lui obéir, non pas sous la contrainte, mais avec joie et reconnaissance.

Voilà qui nous concerne nous aussi, mes frères et sœurs en Christ. Comme le peuple de l’Ancienne Alliance, nous avons transgressé les commandements du Seigneur et mérité son châtiment. Ne nous étonnons pas de voir grandir l’insécurité et les signes de la décadence autour de nous. Comment pourrait-il en être autrement dans un monde qui non seulement ignore la Loi divine, mais n’a qu’indifférence ou mépris pour des normes éthiques que naguère personne ne mettait en question et qu’en toute légèreté on taxe de « vieux tabous ». Pour beaucoup de ceux que l’on considère comme des « maîtres à penser » de notre monde moderne, la liberté est synonyme de rejet de toute limite et de toute règle venant d’En-Haut. Tout, ou presque, doit être permis au nom de la sacro-sainte liberté d’expression et d’une certaine conception de l’émancipation de l’humanité.

Et pourtant, Dieu ne veut pas notre perte. Il a tout fait pour notre rédemption. Il ne minimise pas notre péché et nos manquements, nos désobéissances et nos infidélités. Mais il veut nous permettre de changer de cap et d’entrer dans une relation nouvelle avec lui, dans une relation de confiance et d’obéissance libre et joyeuse à sa sainte volonté. C’est ainsi, et ainsi seulement, que nous pourrons trouver la vraie liberté, celle des enfants de Dieu. Si nous laissons le Seigneur accomplir son œuvre en nous, si nous laissons son Esprit inscrire sa loi dans nos cœurs, nous commencerons par comprendre que cette loi nous est donnée comme une aide et un guide sur notre route avec Dieu.

Nous reconnaîtrons ensuite nos errements et nos fautes, notre incapacité à accomplir la volonté du Seigneur par nous-mêmes. Nous ne rechignerons pas à confesser notre péché, sachant que la grâce et le pardon ne peuvent être reçus que par celui qui se reconnaît comme pécheur.

C’est ainsi que nous nous placerons sous le signe de la nouvelle alliance qu’est pour nous chrétiens la croix de notre Seigneur Jésus-Christ.

Car voyez-vous, le secret, on pourrait dire aussi : le miracle de cette alliance nouvelle, c’est que la Loi y est accomplie par l’Evangile ; que la contrainte y est supplantée par l’image de Jésus gravée dans le cœur du croyant. « Si quelqu’un est en Christ, dit l’apôtre Paul, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une nouvelle créature est là. » Sous l’action de l’Esprit-Saint, le croyant est recrée à l’image de Dieu révélée en son Fils. « Si je vis, écrit encore Paul, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. »

Ainsi le prophète Jérémie, en annonçant la nouvelle alliance promise par Dieu, oriente nos regards vers Jésus-Christ. C’est lui qui par sa soumission parfaite et son obéissance sans faille à la volonté de son Père, a mené à son accomplissement l’œuvre de rédemption, comme il le dit en instituant la Sainte Cène : «Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang, répandu pour vous, en rémission des péchés. »

Ne croyons pas pour autant que, puisque le salut nous est accordé par la foi en Jésus-Christ, nous n’avons plus qu’à croiser les bras. Dans son commandement d’amour et dans les Béatitudes du Sermon sur la Montagne, Jésus a donné un sens et un contenu nouveau à la Loi divine, pour qu’elle puisse nous servir de directive pour notre vie sur cette terre. Et c’est en suivant les traces qu’il y a laissées, que nous apprendrons à faire, nous aussi, la volonté du Père céleste. Non pas en vue de mériter la grâce comme une récompense, mais pour en témoigner en tant que disciples du Christ désireux d’aider nos prochains à faire eux aussi l’expérience de la joie que procure l’Evangile. Car c’est lui seul qui peut donner un sens nouveau à notre vie en ce monde, face à toutes les incertitudes, à toutes les angoisses qui peuvent nous y assaillir. Amen.

        Fredy LANGERMANN, pasteur

Cantiques proposés : 
   Avant prédication            Après prédication
    NCTC            214 – 213                220 – 296
    ARC            488 ou 490                504 – 428
    ALLELUIA        34/27 – 34/30            35/01 – 44/03
    (nouveau recueil)