2007. 09 : dim de PENTECÔTE

Pentecôte – Nombres 11,11-17 et 24-25
EPAL – Service Lecteurs – Pierre Kempf

                                 Pentecôte

                   Dimanche 27 mai 2007

                Nombres 11,11-17 et 24-25

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Soeurs et frères en Christ,

Cette histoire un peu étrange peut étonner pour un jour de Pentecôte, car nous rencontrons ici un Moïse au bout du rouleau et en conflit avec Dieu.

Cependant, la façon dont ce passage parle de l’Esprit de Dieu nous éclaire sur ses effets : ceux qu’il a et ceux qu’il n’a pas. Cela peut nous pousser à mieux comprendre ce qu’est cet Esprit, dont notre monde matérialiste ne sait trop quoi faire, puisqu’il ne croit que ce qu’il peut mesurer. Or l’esprit ne peut pas être mesuré !

1.    Les effets de l’Esprit.

L’Esprit qui vient sur une personne ou une communauté déclenche l’enthousiasme. Le récit de la Pentecôte dans le livre des Actes évoque cela et les communautés pentecôtistes ou charismatiques essaient de le revivre intensément. Mais dans le récit des Actes, ce comportement exubérant est manié avec prudence, puisqu’il risque d’être confondu avec l’ivresse alcoolique.  La chose essentielle, c’est le fait que les gens se comprennent malgré la barrière de la langue et qu’ils louent Dieu. L’enthousiasme est dirigé vers Dieu et non vers les humains.

Le second effet est la capacité de prendre ses responsabilités. Moïse a reçu l’Esprit pour conduire le peuple d’Egypte en terre promise. Les anciens le re-çoivent pour être capables de prendre sur leurs épaules une partie de la charge que représente ce peuple pour ses chefs. C’est d’ailleurs ce que l’Eglise veut montrer quand elle a pris l’habitude, au moment d’envoyer des personnes dans un ministère, de leur imposer les mains et de demander pour elles l’Esprit de Dieu. En même temps, le Saint Esprit permet aux personnes qu’il habite de s’entendre, car il ne les pousse pas à faire carrière contre les autres, mais à collaborer.
Enfin, cette histoire de l’Esprit, dont une partie est prise chez Moïse pour être répartie sur les anciens, indique que l’Esprit, une fois venu sur terre, se mul-tiplie. Celui qui l’a et essaie de le communiquer aux autres ne le perd pas. Dans les Actes des Apôtres, l’une des représentations de l’Esprit est le feu, qui grandit au fur et à mesure qu’il se divise et se répand. Ce n’est pas une possession égoïste, mais un partage devenu possible, comme l’est l’amour, qui grandit au fur et à mesure qu’il se partage. C’est à cela aussi que fait allusion l’évangile selon Jean que nous avons entendu.

2.    Ce que l’Esprit ne fait pas
.

Nous voyons aussi que l’Esprit Saint ne transforme pas un être humain en héros insensible. S’il y a dans la Bible un homme rempli de l’Esprit de Dieu, c’est bien Moïse, dont le visage illuminé par la présence divine éblouissait les Israélites au point qu’il devait se voiler. Or ici Moïse est déprimé, il n’en peut plus de devoir conduire à travers le désert un peuple rétif, qui n’est pas content de manger de la manne et qui, pour de la viande, se révolte contre Dieu. Il en a assez de Dieu, qui lui a confié une responsabilité trop lourde au point de lui dire : « ce peuple, je ne l’ai ni conçu ni enfanté, et tu me le fais porter à travers le désert comme un nourrisson, tu m’en demandes de trop. » Moïse, comme ceux qui ont l’Esprit de Dieu, reste profondément humain.

D’autre part, Moïse ne dispose pas de cet Esprit : c’est Dieu et non Moïse qui répartit cet Esprit sur 70 anciens qu’il choisit pour l’aider. Dans la suite du récit,  Moïse souhaite que  tous les membres du peuple reçoivent l’Esprit, mais il est incapable de le leur donner. L’ Esprit reste quelque chose qui échappe même à celui qui l’a reçu, il ne le possède jamais.

Enfin, le passage que nous avons entendu se termine sur une note étrange : les anciens qui ont reçu l’Esprit prophétisent, c’est à dire parlent en langues et chantent, mais ils ne le font pas longtemps, comme si ce signe n’était pas l’essentiel. Ce qu’on appelle les « dons de l’Esprit », parler en langues, être enthousiaste, pouvoir guérir etc, cela n’est qu’un signe de sa venue, signe qui peut disparaître après un moment. Un responsable charismatique disait : ces dons sont les feuilles de l’arbre, pas les fruits, comme l’amour ou la paix qui sont plus importants et qui durent.

3.    Mais qu’est l’Esprit ?

Mais au fond, cet « Esprit » qu’est-ce que cela peut être ? L’apôtre Paul nous aide quand, dans la lettre aux Thessaloniciens (5,23), il parle de notre « être tout entier, corps, âme et esprit ». Une image peut clarifier ces trois aspects de la personne si différents et cependant si étroitement liés.

Comparons la personne à une lettre. Fondamentalement, c’est du papier et de l’encre, ainsi, nous sommes un corps avec une certaine épaisseur matérielle.

Sur notre lettre sont écrites des lettres formant des mots avec une grammaire qui permet de communiquer avec ceux qui connaissent la langue. Ainsi nous avons une âme, on dit maintenant « psychisme », avec du savoir, des souvenirs et des émotions.
Mais dans une lettre, ce qui importe, c’est le message qu’elle communique et qui peut éveiller chez le lecteur un sourire, des larmes, l’envie de rejoindre l’auteur, de l’aimer, ou l’envie de ne pas le rencontrer. Tout le reste, papier, encre, mots, c’est le support de ce message qui est le but de la lettre. Ainsi, en nous, l’ensemble des valeurs qui nous habitent, l’amour, la haine, l’envie d’entreprendre, le désespoir, forment notre esprit. C’est lui qui nous met en route ou nous bloque. C’est lui qui touche l’esprit des autres. Corps et âme en sont les supports, nécessaires mais secondaires.

Cet esprit naît et se développe au contact d’autres esprits, portés par ceux qui nous entourent. Or, des esprits, il y en a beaucoup, des grands et des petits, des bons et des méchants, qui peuvent mettre en branle des peuples entiers. Mais l’Esprit de Dieu ?

L’apôtre Paul dit que Dieu agit par son Esprit sur le nôtre, pour nous mettre debout. Jésus dit que cet Esprit, c’est lui-même, sa vie, son amour, sa vérité, qui viennent nous habiter, nous inspirer et nous faire vivre. Ce qui nous met en contact avec cet Esprit de Jésus, c’est l’évangile, lu et entendu, annoncé et vécu, qui peut devenir une force chez ceux qui s’y ouvrent, qui permettent à Dieu de les habiter.

Cl : Nous fêtons aujourd’hui la présence de l’Esprit Saint chez les enfants de Dieu. Il est bon que sa venue nous rende joyeux et enthousiastes pour la foi. Nous pouvons transmettre à celles et ceux qui veulent lire dans la vie des chrétiens ce message qui donne envie de croire. Mais l’épisode de la vie de Moïse que nous avons aperçu nous apprend deux choses tout aussi importantes. L’enthousiasme ne dure pas toujours, mais l’Esprit veut nous permettre de  prendre nos responsabilités d’hommes, de femmes, de citoyens, comme il l’a fait pour ces « anciens » au temps de Moïse. Enfin, il veut être notre force intérieure dans les moments difficiles, car c’est peut-être là qu’il faut être fidèle, au moment où la responsabilité est lourde, c’est là que les fruits que sont la fidélité, la maîtrise de soi et le courage forment le vrai message que l’évangile transmet grâce aux croyants par l’Esprit Saint. Amen

Pierre Kempf

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).