2008. 02 : dim QUASIMODO GENITI, 1er après Pâques

Dimanche 30 mars 2008

La nouvelle naissance

Esaïe 40,26-31

Série VI (Reihe VI)  : liste complémentaire II :

Comment être consolé dans une situation douloureuse et inconfortable ? Une bonne manière c’est d’être écouté avec empathie, lorsque la personne en qui je me confie ne me juge pas, ni me conseille hâtivement, ni me raconte ses propres expériences, ni me compare à d’autres, mais reste centré sur mon récit et sur les émotions et les interprétations qu’éveille en moi ma situation. Mais, selon notre texte, frères et sœurs en Jésus Christ, je peux également être consolé par un événement extérieur qui me dépasse, qui n’a rien à voir avec ce qui m’arrive et qui me subjugue.

Au peuple qui s’était senti abandonné par Dieu lors de son exil et son esclavage à Babylone, le prophète demande de contempler le ciel étoilé avec son ordre et son équilibre, son armée céleste et son immensité. Pour lui, le Dieu, tout puissant créateur du ciel et de la terre, qui appelle par son nom chaque astre, est également celui qui appelle chaque humain par son nom, en l’assurant de son soutien et de son intervention en faveur de sa libération.

Souvenez vous du destin de Job qui, dans son dénuement et dans sa maladie lépreuse, se sentait abandonné de Dieu. Après beaucoup de procédures justifiées contre Dieu, il trouva enfin l’apaisement et la consolation, lorsqu’il s’émerveilla devant les crocodiles et autres animaux et qu’enfin, il suivit le conseil de ses amis de lever les yeux au ciel ; il regarda les étoiles (Job 22,12 et 35,5). Il découvrit ainsi le Dieu créateur qui fit plus que 7 merveilles du monde. Il confessa alors : « Jusqu’à présent j’avais entendu parler de toi par ouï dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu ». Du coup il arriva à supporter ses malheurs et à redevenir lui-même créateur et inventif à l’image de son Dieu, son rédempteur vivant. Nous aussi sommes invités, non pas à consulter l’horoscope, non pas à nous résigner et à déprimer, mais à trouver dans la bonté et la beauté de la nature, de la faune et de la flore les forces spirituelles pour supporter, gérer et combattre les épreuves qui nous accablent. Heureux sont ceux qui peuvent s’émerveiller et écarquiller les yeux devant un paysage, devant le charme des siens ou devant une réalisation artistique. Alors, malgré les dures épreuves qui ont le devant de la scène, ils ressentiront aux tréfonds d’eux-mêmes la présence du Dieu créateur et sauveur.

Bien des malades croyants témoignent que deux forces les aident à tenir et à guérir, la médecine et la bénédiction. Le chirurgien Ambroise PARE disait : « Je l’ai soigné, Dieu l’a guéri ». Un autre sage avait déjà souligné dans l’antiquité la parenté entre les médicaments gérés par les médecins et pharmaciens et la bonté de Dieu, c’est le Siracide qui a dit au chapitre 38 de son livre apocryphe de la bible : « Honore le médecin pour ses services, car lui aussi le Seigneur l’a créé. Le Seigneur a créé des remèdes issus de la terre, l’homme avisé ne les méprise pas. Il a donné aux hommes la science pour que ceux-ci le glorifient de ses merveilles. Le pharmacien en fait de la mixture, de sorte que la santé vient de lui. Mon fils, dans la maladie ne sois pas négligent, mais prie le Seigneur et il te guérira, puis fais place au médecin, car lui aussi le Seigneur l’a créé. Il y a un moment où ton rétablissement est entre leurs mains, car eux aussi prieront le Seigneur qu’il leur donne de réussir à soulager et à trouver un remède pour sauver une vie ».

Pour témoigner de la sollicitude et du renouveau apportés par Dieu, le prophète utilise dans notre texte deux autres arguments, plus terre à terre et plus psychologiques. A l’inverse des autres êtres vivants, affirme-t-il, Dieu n’a pas besoin de se reposer, car il ne se fatigue pas. « Voici il ne dort, ni se sommeille, celui qui garde Israël. L’Eternel est celui qui te garde. Il gardera ton départ et ton arrivée dès maintenant et à jamais » (Psaume 121). Sous entendu, même si les humains se fatiguent et doivent dormir, même s’ils se lassent des bonnes choses, même s’ils tombent en défaillance et n’en peuvent plus, même s’ils dépriment et déraillent, Dieu ne se fatigue pas de nous, il ne se lasse pas de nous aimer et de nous encourager. Dieu veille sur nous dans les bons et les mauvais jours. C’est lorsque rien ne va plus qu’il est encore plus disposé à écouter nos soupirs et à répondre à nos appels muets. Heureux sont ceux qui peuvent arrêter une psychothérapie ou carrément s’en passer, parce qu’ils retrouvent des forces nouvelles au contact du Ressuscité de Pâques qui, depuis leur baptême, est avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde. « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, dit le mot d’ordre de semaine ; dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts ». (1Pierre 1,3)

Le prophète oppose également l’action permanente de Dieu qui renouvelle les forces psychologiques et spirituelles des fatigués et chargés à l’épuisement des adolescents. En effet, il observa comme tout un chacun peut le faire que les ados qui ont le punch pour passer une nuit blanche ou pour atteindre des records de toute sorte, peuvent d’un moment à l’autre se dégonfler comme une baudruche, dormir plus que de raison ou sombrer dans la léthargie, et puis tout à coup, requinqués, repartir de plus belle. Mais malheureusement, sans qu’on sache pourquoi, sans qu’on puisse intervenir et retenir la vie, certains jeunes ne s’en sortent plus et sombrent dans le trou noir de leur exténuation et choisissent de se libérer par le suicide. Qu’il est difficile pour les parents de ces jeunes qui se sont donnés la mort de ne pas culpabiliser. Comment agir vis-à-vis des ados qui refusent de faire des efforts scolaires ou civils ? Le prophète Esaïe, dans son évangile d’aujourd’hui, encourage les adultes qui sont confrontés à leurs ados, à ne pas relâcher leurs efforts et leurs combats au quotidien. Il leur promet : « Les adolescents se fatiguent et se lassent, et les jeunes gens chancellent ; mais ceux qui se confient en l’Eternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles ; ils courent et ne se lassent point ; ils marchent et ne se fatiguent point ». Nous qui chantons joyeusement, en faisant un pied de nez aux puissances du mal et de la mort : « A toi la gloire, ô Ressuscité » , nous avons l’espérance que nos jeunes qui se droguent ou qui s’oublient dans les jeux vidéo ou qui posent un regard lucide sur les impasses de notre société puissent accepter Jésus Christ comme leur Sauveur et leur Guide. En ces temps où les communiants et les confirmands renouvellent leurs vœux de baptême, en ce jour où nous nous souvenons avec reconnaissance des sorties de nos mauvaises passes et de nos nouvelles naissances, nous chantons humblement à nos ados en crise : « Tu peux naître de nouveau, tu peux tout recommencer, balayer ta vie passée, et repartir à zéro, avec Jésus pour berger » (Arc 417). Nous t’en prions, Seigneur, pour nos jeunes en rupture. Amen.

Georges BRONNENKANT

Propositions de cantiques dans l’Arc en Ciel :

psaumes : 116 et 118 ; pâques : 288 et 471 ; vie nouvelle : 411,416 et 417 ; souvenir du baptême : 549,566 et 574.

¼ – Service des Lecteurs – SL – 14 – 30.03.2008 – Georges Bronnenkant