2009. 01 : dim de PÂQUES

Résurrection

Dimanche de Pâques 12 avril 2009

Marc 16, 1-8

   
    Il est coutume d’essayer au début du sermon de Pâques de faire rire ou sourire l’auditoire.
    Un jour de grande activité la mère de famille n’a pas le temps de faire les lits. Le grand’père la tranquillise en disant : « Hit Nàcht, moen mèr hàlt in de àlt Sèjè leje ». « Ben, nous nous endormirons ce soir sous la bénédiction de hier». La grand’mère ajoute : « Dans ce cas, nous n’aurons pas besoin de faire la prière ce soir ! ».

    Selon les convenances, il faudrait faire les lits et prier quotidiennement. Mais la sagesse et la compréhension  permettent des exceptions et savent que l’Eternel, lui, ne sommeille, ni ne dort pour veiller sur les fatigués et chargés.

    Il se peut que les femmes venues au tombeau de Jésus le matin de Pâques n’aient plus eu envie de prier depuis le vendredi de la crucifixion. Pourquoi prier quand on n’a plus d’espoir ? Peut-on encore attendre un changement conséquent, lorsque celui qui avait incarné l’amour de proximité de Dieu, a échoué et est mort ?  Elles étaient les plus malheureuses des femmes puisqu’elles n’avaient plus d’espoir en Christ que pour cette vie seulement. Le poids de la déception et du deuil s’ajoutait à toutes les peines accumulées passées qui resurgissaient de plus belle. Qui pouvait ôter la pierre de devant le tombeau et la pierre qui écrasait leur cœur, cette pierre si lourde et si grande ?

    La mythologie grecque raconte cette légende symbolique: Sisyphe, fils d’Eole le vent et époux de la fille d’Atlas le porteur de la terre, était un roi brutal et tyrannique, sadique et voleur. Il osa un beau jour dénoncer le dieu des dieux de l’Olympe, Zeus lui-même, pour le rapt d’une déesse que celui-ci convoitait. Zeus l’a puni par le supplice suivant: il fut condamné à rouler une lourde pierre jusqu’au sommet d’une montagne et de la faire basculer de l’autre côté. Chaque fois qu’il arrivait à grande peine  près du sommet, le rocher devenait trop lourd. Il échappait de ses mains et dévalait la pente gravie à grande peine auparavant. Et tout fut à recommencer. Eternellement.

     Le philosophe et écrivain Albert CAMUS a réfléchi à ce mythe ancien et y a distingué la description du destin tragique de toute vie humaine: l’homme lutte contre la fatigue du travail, contre le vieillissement et contre les soucis et peines qui l’accablent. Il veut s’en défaire, du moins les porter vaillamment. Mais il n’arrive pas à faire basculer le destin. Arrivé à un sommet de sa vie, un nouveau coup du sort l’entraîne dans une détresse, une maladie, un handicap, une restriction ou un deuil plus pénible encore. Albert Camus en tira comme enseignement que la vie est absurde. Mais il rajouta que la grandeur de l’homme, c’est son courage à admettre cette absurdité et à recommencer à lutter contre ses accablements, avec l’espoir farouche de vaincre les poids qui l’écrasent. Ce penseur a remplacé l’ancien Sisyphe qui était un esclave par l’homme moderne qui est un héros. Un héros assumant ses échecs et ses souffrances absurdes et imméritées. Un héros conscient de la victoire finale de la mort sur la vie, cette mort symbolisée par la pierre tombale qui écrase tout de son poids et qui ferme le rideau.

    Frères et Sœurs, vous voyez où nous voulons en venir. Dans la logique évangélique, surgit l’illogique bonne nouvelle que la pierre qui obstrue tous les tombeaux et tous les cœurs a été écartée. C’est un miracle. Vous ne pouvez qu’y croire ! Mais ce serait une erreur que de vouloir éliminer la possibilité de ce miracle dans son existence malheureuse de Sisyphe. Nous ne sommes pas roulés, si nous croyons dur comme fer que Jésus Christ est le nouveau Sisyphe qui enfin a réussi à rouler la pierre par-dessus l’infranchissable obstacle. Fini la machine humaine qui met au monde et qui tue, fini l’alternance cruelle de la vie et de la mort, fini les bonnes intentions suivies de tristes lendemains, fini la torture de la douche écossaise qui pétrifie les bonheurs acquis à grands efforts. Notre Seigneur Jésus Christ a brisé le cercle répétitif infernal. Il a  ouvert une voie toute large et droite, sans impasse et sans retour, devant lui jusque dans la vie éternelle. L’épître ce jour en I Corinthiens 15 prolonge son raisonnement illogique en prêchant : « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts…Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance, c’est la mort ».

    Dans la région du Piémont perdure une ancienne coutume. Tout à l’heure, à l’aube, des villageois se sont rendus à la fontaine pour s’y laver le visage et surtout les yeux. Ils marquent ainsi leur volonté et leur prière d’avoir un regard renouvelé et clairvoyant pour regarder les événements en face et en compagnie du Christ ressuscité. Plusieurs observateurs croyants actuels, sans être voyant, visionnaire ou voyeur, ont écrit des témoignages intitulés : « J’ai vu la résurrection ». Il vous a sans doute également été donné par Dieu de voir de petits miracles, comme par exemple une guérison inexpliquée, une amélioration caractérielle, une réconciliation inespérée après une querelle de famille qui s’éternisait, une campagne de dons en faveur d’un seul malheureux, un dévouement extraordinaire de quelqu’un d’ordinaire, un second mariage heureux, une mort libératrice. Le Christ vivant qui a roulé sa pierre de devant sa tombe, prend soin de nous, lorsque nous déchargeons sur lui le poids de notre conscience, le poids de nos  soucis, le poids de nos vaines colères, le poids de nos échecs, le poids de nos peines et tourments, le poids de nos souffrances. Il nous aide, invisiblement mais sûrement, à rouler certaines pierres de l’autre côté de la montagne et à nous en libérer définitivement, afin d’être disponible pour attaquer d’autres tâches et résoudre de nouveaux problèmes. La preuve de la résurrection ce sont les femmes et les hommes qui ont abandonné leur condition de Sisyphe, esclave ou héros, pour jeter tout le poids de leur existence sur Jésus Christ qui a souffert et qui est ressuscité pour eux, pour nous.

    Alors, chers amis, si aujourd’hui est un de ces jours où après notre culte, il y aura encore tellement d’occupations et de visites que votre lit restera défait ce soir, vous pourrez quand même y prier de plus belle, sous la bénédiction du Père céleste, dans l’espérance du Christ qui vient et dans la communion de l’Esprit de force et de discernement. Dieu exauce vos prières avant même que vous les ayez formulées, car comme le rappelle le mot d’ordre 2009 : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu ». Amen.

        Georges BRONNENKANT qui n’a pas besoin de proposer de cantiques                             précis ; le choix pour Pâques est large.
           

¼ – Services des Lecteurs – SL – 16 – 09.04.12 – Georges BRONNENKANT

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL. Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr), jusqu’en 2009. A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MPRSBRONN-LES-BAINS (tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction. Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER (tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).