2009. 03 : dim MISERICORDIAS DOMINI, 2e après Pâques

Dimanche 26 avril 2009

« Le bon berger »

Jean 10, 11-16

Chers amis, frères et sœurs en Christ,
L’image du bon berger que Jésus utilise ici pour parler de lui-même n’a rien de romantique, ni de bucolique. Il y est question de vie et de mort ! Mais si la mort y est présente, la vie l’est encore bien davantage. Ces paroles de Jésus nous invitent à une grande espérance.

Il est question aussi dans ce passage de la relation entre Jésus et Dieu. Jésus l’appelle « Père ». Mais ce n’est pas une relation exclusive, fermée. Elle s’ouvre sur l’humanité tout entière, bien au-delà de toutes les frontières que les humains que nous sommes réussissent toujours à nouveau à dresser entre les uns et les autres.

Mort et Vie, Frontières et Passage de frontières, Humanité fragmentée et Humanité réconciliée… : nous sommes bien dans la dynamique de Pâques et de sa victoire sur les forces de mort et de division. Essayons de voir cela de plus près.

Jésus part d’une image qui lui est familière, et qui est familière aussi à ses auditeurs : le berger et son travail. C’est un travail dur, un travail toujours à recommencer : Il faut garder ensemble des individus qui ont toujours à nouveau tendance à s’éparpiller, à aller chacun de son côté, là où, pensent-ils, l’herbe a meilleur goût. Nous ne devrions pas avoir trop de mal à comprendre cela : c’est une tendance que nous partageons nous aussi.

Le travail du berger est dur pour une autre raison encore : il faut défendre le troupeau, veiller à sa sécurité, le protéger contre tous ceux qui voudraient profiter de l’éparpillement des bêtes pour s’en approprier l’une ou l’autre, en voler, en tuer, en dévorer.

Et ce n’est pas seulement un travail dur : c’est un travail mal apprécié, mal reconnu, mal payé. Un travail qui peut être frustrant, car le berger s’éreinte pour d’autres qui ne le lui rendent pas. Souvent, dans la réalité, les brebis n’appartiennent pas au berger. Celui-ci n’est souvent qu’un métayer, un employé, toujours sous la menace d’être renvoyé et remplacé.

L’étonnant, c’est que ce métier incertain, rude et risqué, est aussi devenu, dans ce Proche-Orient où tout le monde, du plus petit au plus grand, le connaissait, l’emblème des grands de ce monde : des princes et des rois qui gouvernent les peuples. Peut-être justement parce qu’il était rude et risqué, et parce qu’il s’agissait de mener du monde, de garder ensemble un peuple, de défendre ses membres, d’en faire grandir le nombre… et la puissance ! L’image du berger est assez belle et attrayante pour que les grands de ce monde se la soient appropriée. Car il n’est pas difficile de deviner derrière les membres d’un troupeau les membres d’un peuple, et derrière le berger qui les rassemble le chef qui les dirige. Il a simplement changé un peu de position : de derrière le troupeau il s’est mis devant… comme à la tête d’une armée. Et les moutons aussi peuvent changer d’attitude : de ceux qui avaient besoin de protection ils peuvent devenir comme des bêtes féroces pour les autres troupeaux. Ils peuvent être manipulés sans toujours s’en rendre compte. Bien des fois, l’emblème du berger a été kidnappé, et bien des fois la différence entre le berger et le mercenaire, entre celui qui est censé penser d’abord au troupeau et celui qui pense d’abord à lui-même, est devenue bien floue.

Mais il n’en va pas nécessairement et pas toujours ainsi. Heureusement ! Ils ont été nombreux, et ils le sont encore, ceux qui ont vraiment le sens du bien-être de ceux qui leur sont confiés, ou au service desquels ils se sont mis. Être responsable d’une association, maire d’une ville ou d’un village, député d’une circonscription, ou pasteur (littéralement : « berger ») d’une paroisse, tout cela sont des exemples de ce à quoi peut ressembler le travail, la mission du berger encore aujourd’hui. Ils donnent les mêmes occasions de servir, ils comportent les mêmes risques de ne pas être appréciés ou d’être agressés pour des motifs pas très reluisants. Et ils sont exposés à la même tentation de vouloir profiter de leur position pour prendre du pouvoir et penser plus à eux-mêmes qu’aux autres. L’image n’a rien perdu de son actualité et, comme je l’ai dit tout à l’heure, elle n’a rien de bucolique, rien de romantique — même si elle peut servir de support publicitaire, ou nous conforter dans le beau rôle qui est le nôtre.

Jésus lui, se présente comme le BON berger. Simple slogan publicitaire de plus, comme tant d’autres avant lui et après lui ? Ce dont nous nous sommes souvenus juste avant Pâques nous dit que non. « Le bon berger donne sa vie pour ses brebis » n’était pas juste un slogan. C’est le fil rouge, la trame qui court à travers toute l’œuvre de Jésus. C’est en cela qu’il est le Christ. Il n’est pas là pour lui-même, mais pour les autres. Et cet « être-là pour les autres » n’est rien d’autre que la manière d’être de Dieu lui-même. Jésus nous montre qui est Dieu, et comment Dieu agit : il n’agit pas à la manière de ceux qui se prennent pour Dieu, pour un Dieu qu’ils se sont forgés à leur image. Dieu, nous apprend Jésus, est différent : il connaît chacun, il se soucie de chacun, il a le souci du bien-être de chacun, de la dignité de chacun, de la justice pour chacun. Et il s’investit pour cela. Il prend des risques pour cela. Il se donne pour cela.

C’est pour cette raison aussi que Jésus casse l’image de l’enclos bien fermé, bien clôturé qui plait tant à bien des moutons et à bien des bergers. Car la tentation est toujours forte de rester bien entre nous et de vouloir exclure ceux que nous appelons des brebis galeuses. Ne nous a-t-on pas appris pendant des générations que « Nous, nous sommes français » pour nous dire que nous n’étions pas allemands, et à d’autres que. « Nous, nous sommes allemands » pour leur rappeler qu’ils n’étaient pas français. Nous savons à quoi ces discours de mercenaires ont mené.

De même a-t-on enseigné que « Nous, nous sommes protestants » pour bien faire la différence avec les catholiques… qui faisaient exactement la même chose de leur côté. Cela n’a pas fait grandir l’Église.
Ou encore : « Nous nous sommes développés, nous ne nous comportons pas comme ces abrutis, ces sous-développés de <ceci ou cela> ». Et ainsi, nous bâtissons des murs de méfiance ou de haine contre toutes sortes de soi-disant terroristes ou voleurs ou tricheurs ou agresseurs… que Jésus regarde comme des frères ou des sœurs vers qui il y a encore du chemin à faire.

Jésus est-il un rêveur, ou ouvre-t-il de nouveaux horizons ? Cela nous surprend peut-être, mais Dieu voit plus loin que nous avec nos idées toutes faites et notre monde cloisonné, barré de tant de murs dans les esprits et trop souvent aussi dans la nature. Nous nous sommes réjouis de ce que quelques-uns de ces murs ont été abattus, mais d’autres continuent à être édifiés. Pouvons-nous nous satisfaire de cela au vu du message de Jésus ?

Nous vivons dans l’espérance et dans l’attente d’un seul troupeau et d’un seul berger. Pas d’un nouveau rassembleur ni d’une nouvelle espèce de super président. Celui qui rassemble est déjà là, et il nous connaît avec nos richesses et nos limites, comme il connaît les autres avec leurs richesses et leurs pauvretés. Chacun compte pour lui. Il nous accueille et il veut en accueillir d’autres aussi. Pour cela, il vient même nous embaucher. Il nous ouvre l’horizon et nous encourage à travailler pour sa cause. Dans l’esprit qui a été le sien. Cela vaut la peine de tenter l’aventure. Il sera lui-même avec nous.
Amen.

Proposition de cantiques tirés du recueil Arc en Ciel :

–    Entrée :    80 : 1,5, 6    O berger d’Israël, écoute !
–    Avant la prédication :    528 : 1-2    O Jésus tu nous appelles à former un même corps.
–    Après la prédication :    484 : 1-3    Seigneur, en ta victoire tu as détruit la mort.
–    Chant final :    457 : 2    Chacun de nous est la brebis que ta parole appelle.

Introduction :

Inclure que « Nous sommes rassemblés en communion avec nos frères et sœurs qui, de par le monde, partagent notre foi, en présence du Ressuscité ».
Citer aussi le mot d’ordre pour cette journée et la semaine qui est devant nous : Jean 10, 11a.27-28a.

Intercession :

Penser à :    —     inclure des demandes collant à l’actualité.
    — mentionner des situations qui se vivent dans l’Église universelle et ce qui nous interpelle dans le monde au près et au loin.

Merci pour votre service.
Je vous souhaite de la joie dans le culte que vous allez animer.

Ernest Reichert

¼ – Service des Lecteurs – SL – 18 – 26.04.2009 – Ernest REICHERT

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).