2009. 04 : dim JUBILATE, 3e après Pâques

Dimanche 3 mai 2009

La nouvelle création

Jean 15, 1-8.

Remarque quant à la traduction à choisir : il importe que les termes de « fruit » et de « demeurer » ne soient pas remplacés par une paraphrase.

Frères et sœurs en Jésus-Christ,
À quoi et à qui pense donc Jésus, quand il parle de la vigne ? Pour Jésus tout comme pour ses contemporains juifs c’était bien clair : la vigne, c’est le vignoble planté par Dieu. Nous lisons au prophète Esaïe, au chapitre 5 : « or la vigne de l’Eternel des armées, c’est la maison d’Israël…, le plant qu’il chérissait ».

Jésus parle donc du peuple de Dieu, de ceux que Dieu a appelés et qu’il veut réunir autour de lui. Une autre image rend encore compte de la même réalité profonde, destinée à nous remplir de joie et de fierté : la vigne de l’Eternel, pourrait-on dire, c’est le troupeau que sa main conduit. Ces comparaisons rendent compte de façon riche et réjouissante de notre appartenance au Seigneur et de l’amour, de l’intérêt qu’il nourrit à notre égard.

Nous avons lu un passage de ce qu’on appelle discours d’adieu de Jésus. Or Jésus n’évoque pas l’image de la vigne en passant ; il y revient de façon insistante, en accordant beaucoup d’importance aux fruits, qu’il mentionne six fois en l’espace de huit versets. « Pas de fruits, porter du fruit, beaucoup de fruits », voici ce qui l’intéresse.

Jésus ne nous dit pas exactement ce qu’il entend par fruit, mais ce n’est pas bien difficile à comprendre. Il s’agit des grappes de raisin, dont nous constatons avec joie la présence en automne. Une belle vigne pleine de grappes juteuses nous remplit de reconnaissance et nous incite à la louange du créateur.

Jésus attend de nous que nous portions du fruit, du fruit pour les autres, pour que les autres puissent se réjouir et se régaler. Dans le Sermon sur la Montagne (Matth.5, 16), Jésus dit : « Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos œuvres bonnes et glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Lorsque les hommes verront les fruits de la vigne qu’a plantée le Seigneur, ils se mettront à glorifier le Père céleste.

Voyez : quand Jésus dit : « vous êtes la lumière du monde », ou bien « je suis le cep, vous êtes les sarments » qui portent beaucoup de fruits, il insiste sur le fait que notre appartenance au peuple de Dieu se remarque de façon claire et nette. La lumière se remarque, elle chauffe et éclaire ; les fruits, les grappes nous réjouissent, elles sont à la fois nourriture et délice, un grand bienfait pour tous ceux qui en profitent. Il en va de même pour d’autres « fruits » : une poignée de main, une parole qui réconforte et console, un coup de main pour sortir de l’embarras, un éloge pour réjouir le cœur… !

Jésus nous fait donc comprendre que notre appartenance au Seigneur ne profite pas seulement à nous-mêmes ; elle concerne et touche également les autres. Ma foi, en Jésus-Christ porte du fruit dans l’intérêt de tous ; elle se remarque, réjouit ceux qui me fréquentent et les pousse même à louer le Seigneur !

Bien sûr, nous vivons dans une société laïque ; nous ne sommes pas seulement croyants, mais encore citoyens ; il n’empêche que notre foi ne saurait rester cachée la plupart du temps au fond de notre cœur ! Nous ne la cultivons pas pudiquement à l’abri des regards. La foi n’est pas une plante fragile à garder en serre ou sous cloche. Non, notre appartenance au Seigneur se manifeste publiquement par des fruits dont profitent les autres.
Il faut donc le dire et y insister : être en communion avec le Christ, faire partie du peuple qu’il a racheté, être une vigne qu’il a plantée, ce n’est pas avoir à domicile une belle collection de timbres qu’on ne fait voir qu’à quelques privilégiés et qu’on regarde de temps à autre pour en jouir en cachette et en privé !

Non ! La foi a tout de suite une dimension publique et se remarque de l’extérieur. Une Église est un enrichissement pour la société. Une paroisse n’est pas un parasite égoïste qui suce la sève des autres. Des fruits, beaucoup de fruits naissent au contact du Seigneur. Une foi privée est une foi qui prive les autres des fruits du Saint-Esprit, et qui prive Dieu de la louange des vendangeurs comblés par la vigne du Seigneur. Une foi privée est une vigne stérile, une foi sans rayonnement, sans offrir aux autres l’opportunité de se décharger sur Dieu des regrets, des soucis et des craintes quotidiennes, sans permettre à tous de jouir de la liberté des enfants de Dieu.

Bien sûr qu’elle existe, une foi profonde ! Il n’est pas question de rester superficiel ou de s’en tenir uniquement aux questions sociales, même si Jésus réclame des fruits palpables et appréciés par l’entourage. Jésus n’est pas superficiel, il a choisi une image sans équivoque sur ce point. La vigne a besoin d’un point d’ancrage, le cep a besoin de sève, livrée par les racines, par ces racines vitales sans être apparentes. Pas de fruits sans sève, pas de vie épanouie et riche sans contact permanent avec Jésus-Christ, sans communion organique avec le Seigneur ainsi qu’avec les sœurs et frères qu’il a appelés en même temps que nous.
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire, » rappelle Jésus en plein milieu de son discours imagé. Il y insiste même plus que sur la nécessité de porter du fruit : à sept reprises, il emploie le terme de « demeurer » ! La demeure est statique, elle est permanente, elle a des fondations tout comme le pied de vigne a des racines. Demeurer uni à Jésus-Christ, c’est la condition même d’une foi joyeuse et fertile, paisible et assurée.

Nos rencontres avec Jésus-Christ n’ont rien de passager, de provisoire ou d’épisodique. Vous le savez bien, vous qui êtes venus aujourd’hui en sa présence. Notre participation au culte, notre place autour de sa table, notre écoute de sa parole, nos prières et nos louanges sont autant de rencontres avec le Ressuscité. Notre communion avec lE Seigneur n’est pas un point acquis une fois pour toutes, de sorte que l’on pourrait passer à autre chose ; le baptême est le point de départ et la confirmation une étape sur le cheminement permanent avec Christ. Notre rencontre avec lui n’est pas un événement du passé dont on n’aurait gardé que le souvenir, comme la photo d’une poignée de main que nous aurions donnée à un grand de ce monde. « Demeurez en moi comme je demeure en vous », Jésus y insiste.

Or cette présence du Seigneur nous est garantie : « je suis avec vous tous les jours ! » Soyons sensibles et attentifs à cette présence de tous les instants, présence invisible, mais vivifiante. Ne quittons pas ce maître qui veut nous nourrir et nous conduire, nous consoler et nous faire fructifier à toute heure, afin que le monde entier puisse chanter de joie et que la jubilation s’empare des plus aigris. Amen.

Paul FRANTZ

Cantiques possibles, recueil Arc-en-Ciel.

Ps 66, 1 +4    Vous, tous les peuples de la terre…
92, 1 +2    Oh ! que c’est chose belle de te louer, Seigneur
626, 1-3    J’ai soif de ta présence
506, 1 +3    O Saint-Esprit, Esprit d’amour
521, 1 +10 +13    Nous chanterons pour toi, Seigneur
     +16

¼ – Service des Lecteurs – SL – 19 – 03.05.2009 – Paul FRANTZ

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).