F.07c. CANTATE 2002: 4e Dim après Pâques, le chant nouveau, Apocalypse 15|1-4

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CANTATE 2002

Thème: le Chant Nouveau

Date :  28.4.2002

Texte : Apocalypse 15 / 1-4

A.   LE CULTE CELESTE :

            Frères et sœurs,    

1.  L’Apocalypse de Jean décrit le grand culte célébré dans
     le ciel à la gloire de Dieu.

          Jean a devant les yeux une puissante vision :
– il voit des êtres humains se tenant devant Dieu,
– il les entend chanter sa gloire,
– il sent l’odeur de l’encens offert à Dieu.
          Est-ce une vision de l’avenir ? Il ne semble pas : Jean
décrit cela comme se passant sous ses yeux, maintenant.

          Ici nous reconnaissons que notre culte, aujourd’hui, est
construit sur ce modèle ! Surprenant, n’est-ce pas ?
Nous, ici, sur terre, nous proclamons la gloire de Dieu,
exactement comme le font les êtres célestes, maintenant,
et comme les rachetés de Dieu le feront un jour !

          Comme dit, cette comparaison nous étonne,
et pourtant, dans la Bible, le culte est compris de cette façon :
– non comme une activité d’ici, selon un modèle humain et
  terrestre,
– mais comme une action, menée sur terre il est vrai, mais 
  selon un modèle céleste et angélique.

           On en a un bon exemple dans la liturgie de la Sainte-
Cène :  au commencement, il y a la prière qu’on appelle la
 » préface « , dans laquelle nous disons :

 »  C’est pourquoi, toutes les puissances te craignent,
    les anges et les puissances des cieux t’adorent,
    les rachetés de toute la terre te glorifient.
    Avec eux, nous unissons nos voix,
    Et nous chantons à ta gloire :
    Saint, Saint, Saint est le Seigneur, Dieu des armées,
    Toute la terre est remplie de ta gloire,
    Hosanna dans les lieux très hauts ! « 

          Ici, il est clair que nous, les humains sut terre, nous
chantons en communion avec les anges dans le ciel, et

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avec leurs paroles, qui proviennent aussi de la Bible.
Car ce  » Saint, Saint, Saint  » n’est autre que le chant des
Anges entendu par Esaïe et noté chez lui au chapitre 6.

2.   »  Tous les rachetés te célèbrent. « 

     Par là sont désignés tous ceux qui sont sauvés par Dieu
et le Christ :
     Ici, plus particulièrement ceux qui ont résisté dans la per-
sécution, ceux qui y ont laissé leur vie, ceux dont Jean dit :
 » Ils ont vaincu la bête et son image « , c’est-à-dire :Rome,
et l’image de l’empereur qu’il fallait adorer.  
    
     Ces gens-là, ces rachetés donc, chantent deux chants :

–  le chant de Moïse, le chant de l’Ancien Testament,
   que Moïse a chanté après la traversée de la Mer des Ro-
   seaux, le chant de la délivrance des Egyptiens,
      chant de victoire de ceux qui, grâce à la main de Dieu,
      échappent au Pharaon.

–  le chant de l’Agneau, le chant du Nouveau Testament, 
    le chant de la victoire du Christ sur la mort,
      chant de la résurrection, par la main de Dieu.

3.  Si on réunit tous ces éléments, on constate que notre 
     culte, aujourd’hui, est la combinaison de parties :
         – humaines et terrestres,
         – divines et célestes,
 réunies par une force principale :
            la victoire de Dieu sur le mal,
et orientées vers Dieu, selon le modèle que nous en donne
la description du culte céleste !

B.  LE CHANT NOUVEAU :

      Ainsi, nous découvrons ce qu’est le  » Chant Nouveau « ,
thème de notre dimanche Cantate,
puisque Cantate vient du début du psaume de ce dimanche
en latin :  »  Cantate Domino canticum novum « ,
                   Chantez au Seigneur un chant nouveau !

1.Le chant nouveau est le chant d’un nouveau peuple de
   Dieu, vainqueur par Dieu.       
  
       L’Apocalypse dit ( 14/3 ) que le peuple de Dieu est au
nombre de 144.000, et que seuls ces 144.000,  »  qui avaient
été rachetés de la terre « , peuvent chanter le cantique nou-
veau.

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       Vous savez bien que c’est un nombre symbolique :
144, c’est 12 fois 12,
      12 pour le peuple juif, composé de 12 tribus,
      et 12 pour le peuple chrétien, le nouvel Israël,
           symbolisé par les 12 apôtres du Christ.
1000 est un chiffre d’homme, symbolisant la masse.
Ce qui nous donne : 12 X 12 X 1000 font 144.000.

     Ce peuple nouveau, combinaison de l’Ancien Israël
et du Nouvel Israël qu’est l’Eglise, chante le chant nou-
veau, le chant de la victoire de Dieu et de son salut.

2. Le  » nouveau chant « , que nous chantons aujourd’hui,
    n’a donc rien à voir avec l’âge des chants :

         des chants anciens, s’ils parlent de la victoire de
Dieu, de celle du Christ, de celle du Saint-Esprit, sont des
 » chants nouveaux  »  dans ce sens. 
         de même, l’âge et le style de la musique à l’Eglise
n’est pas normatif : la musique doit exprimer que Dieu est
vainqueur. Un magnifique interlude ancien élève l’âme,
alors qu’un tintamarre moderne l’irrite. De même, une bel-
le mélodie actuelle réjouira plus qu’une vieillerie ennuyeu-
se.

    Le meilleur exemple est  »  Christ ist erstanden « ,
 »  Christ est ressuscité « . Ce chant remonte au 12e Siècle :
Il raconte la victoire du Christ sur la mort, en termes brefs
et clairs. Sa mélodie est directe, elle monte droit vers Dieu,
Elle n’est pas orientée vers les hommes, elle est faite pour
que le chant des hommes monte vers Dieu. C’est ce qui ex-
plique le succès de ce chant depuis huit siècles.

C.  CHANT NOUVEAU, adressé à Dieu, le Sauveur de toujours,   
     PEUPLE NOUVEAU, sauvé par ce Dieu partout,
     LIVRE DE CHANT NOUVEAU AUSSI, à chaque génération :

1.  A toutes les époques, l’Eglise s’est préoccupée de re-
     nouveler le chant et les livres de cantiques.

     Car la langue change, la musique évolue, les idées chan-
gent aussi avec chaque génération. Mais il faut faire très at-
tention : le changement pour suivre la mode n’a pas grand
intérêt. On peut le constater en observant la dégradation ac-
tuelle du chant dans nos Eglises en Alsace, en particulier
pour les chants français : beaucoup de textes et de mélodies
de peu de valeur, qui ne correspondent pas à ce qu’on appel-
le   » chant nouveau « .

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     Un livre de cantiques nouveau doit d’abord contenir de
ces  » chants nouveaux « , dont nous avons parlé. C’est-à-dire,
des chants choisis, pas à cause de leur âge, mais à cause de
leur contenu et de leur qualité musicale. Encore une fois :
un cantique ancien peut être excellent et un récent mauvais,
et inversement.  

     Or, depuis la Deuxième Guerre Mondiale, d’excellents
chants ont été composés, en particulier en Allemagne et dans
les pays de Mission, en Afrique du Sud entre autres. Il est
bon que ces chants soient connus. Notre avantage d’être
bilingues nous permet de prendre à ces sources. C’est la
raison pour laquelle notre Eglise s’est associée à l’édition
du EG, Evangelisches Gesangbuch.

      De même, vu la qualité plutôt moyenne des recueils
français actuels, la Fédération Protestante a décidé de faire
un nouveau livre de cantiques, qui doit réunir le meilleur
de Louange et Prière, de Nos cœurs te chantent, de Alléluia,
Bénissez Dieu, de Carillons et d’ Arc en Ciel, plus des
chants nouveaux non encore édités dans ces livres. Tout
un travail dont vous entendrez parler dans les années à venir.
                          
2.  Le chant nouveau n’a rien avoir avec la langue dans la-
     quelle on chante.

     Toutes les langues sont bonnes pour chanter :
depuis le grand événement de la Pentecôte, où toutes les lan-
gues étaient représentées à Jérusalem et reliées par le Saint-
Esprit, l’Eglise chante dans toutes les langues, placées à éga-
lité.
 
     Toutes les langues composent l’Eglise, l’Apocalypse le
dit d’ailleurs aussi, de même que toutes les races et toutes
les cultures. Nous recevons donc sans cesse l’apport des di-
verses langues du monde, et aussi celui du bilinguisme pro-
pre à notre région.

     Déjà, le RA, Reccueil d’Alsace, contenait une partie
française et une partie allemande. Le EG, Evangelisches
Gesangbuch, va un pas plus loin et donne 43 chants en 12
différentes langues. Dont 27 chants français. De plus, ce
livre est transfrontalier, puisqu’il est employé dans le Pala-   
tinat, le Pays de Bade et l’Alsace-Lorraine. Et dans des Egli-
ses qui ont des structures différentes, les unes étant luthé-
riennes, les autres réformées, les autres encore  » uniert « .

     Chant nouveau signifie donc variété des langues, varié-
té des styles dans les textes et la musique, mais toujours :

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Gloire au Dieu vainqueur par un peuple sauvé.

D.   EN CONCLUSION : 

– apprenons à reconnaître ce qu’est le  »  cantique nouveau « 
– chantons  des chants nouveaux des époques anciennes com-
   me des époques récentes
– chantons des chants nouveaux en différentes langues
– et dans des livres différents ; 

        Ainsi nous serons, et resterons un peuple de Dieu
chantant.      

                                                                Amen

Yves Kéler, 67240 BISCHWILLER