F.6b. CANTATE 1998 : 4e Dim après Pâques, le chant nouceau, Colossiens 3|12-17 Série II: les Ep anciennes

Le chant nouveau                    

                          Date10.5.98 à Rountzenheim,
           Rassemblement des Chorales Consistoire de Hatten


                                  Colossiens 3/ 12-17

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A. 1. Vous êtes certainement  tous allés à un culte dans une autre  
       église chrétienne que la vôtre : catholique, orthodoxe, etc… 

        Vous avez tous bien entendu participé à diverses manifestations de votre paroisse ou Eglise : Etude biblique, Rencontre missionnaire, Session diverses, Rassemblements de paroisses, d’Eglises, de Jeunes, Groupes de femmes, d’hommes, Cultes de familles, Excursions paroissiales, et j’en passe.

    Vous avez certainement remarqué qu’à toutes ces occasions, on chante : on ne fait pas que lire dans la Bible, prêcher ou prier : on chante. Un office sans chant nous paraît pauvre.

2.   Le chant est à l’évidence une ces caractéristiques du culte   
      chrétien et de la communauté de Dieu :

      dans l’A.T. déjà, puisque le livre de cantiques des Juifs au Temple, appelé livre des Psaumes, est devenu un des livres de la Bible, et fait partie des Ecritures canoniques inspirées. De même que le Cantique des cantiques, prévu pour les cérémonies de mariage.  Les Juifs ont fixé cela, en l’an 101, dans une petite ville de Galilée appelée Jamnia. Les chrétiens ont repris cette décision et fait du livre des Psaumes, et du Cantique des cantiques, on l’oublie parfois, la base du chant chrétien.

      Dans le N.T. aussi, comme nous venons de l’entendre dans les paroles de l’apôtre Saint-Paul. On trouve dans ses épîtres

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plusieurs textes dont on pense qu’ils sont des hymnes chantées par les premiers chrétiens, tels celui de Philippiens 2 :  » Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel était en forme de Dieu, etc… « 

      Partout dans le monde où Juifs ou chrétiens se rassemblement pour adorer, on chante, et comme dit l’épître aux Hébreux :  » hier, aujourd’hui, et à toujours ! « 

B. 1.   On peut se poser la question : pourquoi ?

      Je crois qu’on peut répondre ainsi :

         le chant est la réponse de la créature à l’amour du 
         Créateur, et en particulier : à la grâce de Dieu.

      Sous créature, j’entends tout ce que Dieu a créé, pas seule-ment les hommes : Toute la création loue Dieu, y compris cette création invisible dont parle la Bible en l’appelant : les anges. ( Cela correspond d’ailleurs au Crédo de Nicée-Constantinople qui dit :  » Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles « . )

      Le Psaume 148 dit cela magistralement :

 »  Halléluia, louez Dieu,
louez Dieu depuis les cieux, louez-le, vous ses anges,
                    (  ici le monde invisible de Dieu )
louez-le, soleil et lune, louez-le, étoiles brillantes,
                    (  ici le monde céleste visible )
louez-le, depuis la terre, feu et grêle, neige et brouillard,
               montagnes et collines, arbres fruitiers et cèdres,
               animaux sauvages et bétail, louez le Seigneur,
                   (  ici c’est tout le monde terrestre visible )
                   (  et maintenant viennent les hommes :
                      d’abord les gouvernants et les politiques )
louez-le, rois et peuples, princes et juges de la terre,

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                  (  puis tous les âges de la vie ) 
               jeunes gens et jeunes filles, vieillards et enfants,
louez le nom du Seigneur !  »                   

       Vous remarquerez que Dieu ne chante pas : la Bible ne dit rien de tel. Chanter est le rôle de la créature, selon la célèbre formule d’un Psaume,  que Martin Luther a reprise en alle-mand :  » Gott loben, das ist unser Amt  » :  » louer Dieu, voilà notre fonction « . Ce n’est pas la fonction de Dieu de chanter: lui agit, crée, venge le mal, défend son peuple, juge les fautes, sauve les pécheurs. Les hommes, en retour, et toute la création, louent ce Dieu Créateur, vengeur du mal et juge des nations, sauveur du faible et guide des rois.  

2.   C’est ce que confirme un autre  Psaume :

             » Dieu a redonné à son peuple la force : 
               Il est digne de la louange de tous ses fidèles,
               Les Juifs, le peuple qui lui appartient « .

       Il est clairement dit que la louange de Dieu, le Hallel en hébreu, est la réponse, nécessaire, carrément obligatoire, du peuple racheté à celui qui l’a sauvé. Le peuple est de ce fait comme une propriété de Dieu, qui a payé pour son salut. De ce mot Hallel est sorti Hallélu Iah, c’est à dire Iahvé, en raccourci. Qui signifie  » Louez Iahvé « . Nous employons encore ce chant de louange, sans l’avoir traduit, pour la célébration de Pâques. En effet Jésus a payé par son sang notre rachat. Il nous a rachetés pour Dieu, à qui nous appartenons, et à qui nous  » devons  » la louange, comme la dette d’une rançon.

C.  Qu’est-ce que le culte, alors ?

1. Il est la réponse parlée et chantée à cet amour de Dieu.

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Il est l’acclamation et le commentaire du salut de Dieu. C’est pour cela que le culte contient des parties d’adoration, de prière, mais aussi de lecture de la Bible et d’explication du salut de Dieu, qui permettent de comprendre pourquoi on chante.

      Un pasteur baptiste m’a dit un jour à propos du succès des Eglises baptistes en Roumanie et en Russie actuellement :  » Les orthodoxes glorifient la parole de Dieu par des chants superbes, mais ils ne l’expliquent pas. Leur prédication est faible. Nous expliquons ce que Dieu a fait pour nous, c’est pourquoi nous aussi nous chantons, mais en sachant pourquoi « .

2.    Le culte et le chant chrétien restent dans le prolongement du premier commandement :  » Je suis Iahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir de l’Egypte, du pays de la servitude : tu n’auras pas de Dieu étranger devant ma face « .

      L’Egypte, le pays de la servitude, est la référence d’origine, parce que la délivrance de l’esclavage est l’œuvre de base de Dieu : esclavage physique, mental, social, personnel, dépendance d’une drogue ou d’une doctrine, inféodation à une idéologie, à des personnes, à un régime politique, Dieu délivre de tout, à condition que nous soyons prêts à sortir de l’Egypte, de la maison de servitude, et à aider d’autres à le faire.
 
      Il y a fondamentalement deux sortes d’esclavage : celui qu’on m’impose de l’extérieur et celui qui s’impose à moi de l’intérieur. Le péché, le mal, la tentation, la jalousie, la mort de l’âme, toutes ces choses qui forment le péché, sont un esclavage intérieur aussi lourd que les drogues ou l’oppression physique. Très souvent ces diverses formes d’esclavage se rejoignent.

      Or les délivrances de Dieu visent toutes ces formes, et l’Egypte dans le premier commandement les résume toutes. C’est pourquoi les Psaumes et les cantiques abordent aussi tous ces

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thèmes : Jésus me libère du péché, Dieu me guérit de la maladie, il me dit :  » Donne au lieu de désirer et prendre, libère-toi de ces désirs mauvais « . Dieu dit :  » Aime au lieu d’être prisonnier des haines « . Libère-toi, ou plutôt, laisse-toi libérer et chante ta délivrance. 

3.     Cela nous ramène au culte : celui-ci rend gloire et grâces à 
        Dieu pour toutes les délivrances qu’il nous a accordées.

      Les délivrances personnelles et spirituelles, comme dit auparavant, mais aussi collectives :

      Si nous pouvons aujourd’hui chanter nos chants protestants, c’est parce que Dieu nous a délivrés des persécutions et des guerres de religion conduites par la papauté, puis de l’anticléricalisme de la Révolution française, de la persécution nazie et de l’anéantissement communiste. Il ne faut pas sous-estimer ces esclavages et la délivrance de Dieu. Nous n’imaginons souvent pas combien de souffrances se cachent derrière ces magnifiques cantiques :

      Chef couvert de blessures, de Paul Gerhard et de Johann  Crüger, Viens habiter dans nos âmes, Jésus qui mourus pour moi, Pécheur indigne et misérable, tous ces chants sont nés pendant ou après la Guerre de Trente Ans, en Allemagne, pays le plus ravagé par cette guerre, puisque la moitié de la population y avait péri !

      Aujourd’hui, nous chantons libres, mais rappelons-nous que nous chantons en esclaves libérés par le Christ du péché, et par Dieu des tyrannies religieuses ou politiques. 

 4.     Voilà pourquoi le culte et la vie paroissiale sont si fortement traversés par des chants: Parole de Dieu, prière, prédication, silence, actes tels que baptêmes, mariages, enterrements, sont sans cesse accompagnés de chants, parce qu’ils expriment, d’une façon ou d’une autre, la délivrance de Dieu, la grâce que Dieu nous fait,

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la reconnaissance et la réponse à toute cette action de Dieu, le Père, du Fils Jésus-Christ et du Saint-Esprit.

D. 1. Dans le culte,  quatre sortes de paroles apparaissent, qui
         sont accompagnées de quatre sortes de chants :

       1. D’abord la parole même de Dieu, la Bible :

        le mot d’ordre, la lecture de l’épître et de l’évangile sont accompagnés de répons, et entre ces lectures, on peut placer des chants. De même le mot d’envoi à la fin du culte est suivi par le chant de sortie. Il faut aussi citer dans ce groupe les paroles d’institution du Christ qui fondent les sacrements, baptême et Sainte Cène, ainsi que les paroles de Dieu, du Christ et des apôtres qui fondent la pénitence, le mariage, le Conseil Presbytéral, la fonction pastorale, etc…

        2. Ensuite la parole de Dieu en réponse à notre prière :

    les paroles de grâce, celles de l’absolution,

        3. Les paroles que nous, hommes, disons à Dieu :   
  
    
        Psaume d’entrée, invocation, les différentes prières,  la confession des péchés, 

        4. La parole des hommes aux hommes :

        essentiellement la prédication, les annonces, les salutations.

            Toutes ces paroles sont encadrées, introduites ou confir-mées par des chants, des répons, des cantiques. On voit donc le vaste champ que couvre le cantique et la musique dans la vie du culte en particulier et de la paroisse en général.

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             2.       Pour ce qui est de  la paroisse, Paul fait le résumé dans sa
          lettre aux Colossiens :    

      ce qui en caractérise les membres, c’est  la compassion, le pardon réciproque, l’amour, la paix , la reconnaissance, la parole du Christ au milieu d’eux, l’enseignement, l’exhortation, les psaumes, les chants de louange et les cantiques spirituels. Le vaste domaine de la fraternité chrétienne s’ouvre ici, et nous rappelle que dans tous les livres de cantiques, la troisième partie s’appelle : Vie chrétienne, individuelle et communau-taire. ( La première est la louange de Dieu, le Père, et l’année de l’Eglise, fondée sur le Christ ; la deuxième est la vie de l’Eglise et les sacrements ).
       
           Là aussi, le champ est énorme, ce qui nous montre que le chant de l’Eglise et le livre de cantiques touche à tous les aspects de la vie de l’Eglise, du monde et de la personne, et qu’aucun de ces aspects ne peut en être exclu.

E.     » Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il fait des merveilles « , nous dit le Psaume 96,  » Cantate Domino canticum novum  » en latin, ce qui a donné le nom du dimanche Cantate, 4e après Pâques, et celui des œuvres musicales, les cantates, que l’on composait pour cette occasion.

  Si on y regarde de près, ces merveilles sont réellement impressionnantes et nous incitent à chanter pour Dieu. C’est donc très simplement par cette exhortation :  » Chantez au Seigneur un chant toujours nouveau « , sans cesse renouvelée dans sa forme et son contenu, que je conclurai, et par le mot qu’on trouve à la fin de tant de chants, tout autant que des prières : 

                                                                                  Amen.