Septuagésime (env.70 jours av. Pâques) Mérite et grâce Dimanche 12 février 2006
Jérémie 9/ 22-23
(Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles épîtres )
Observation : Eviter de prendre comme traduction la TOB, pour des raisons de vocabulaire, et la bible en français courant, contresens au v.23. Prendre Segond ou Colombe.
Frères et sœurs en Jésus-Christ,
Se glorifier, se vanter est inscrit dans nos gènes. Au fond, nous ne sommes pas contents de nous-mêmes et compensons notre dépit en faisant étalage de nos mérites et talents.
Il s’agit de rendre attentif à soi-même, de dire : voyez, je suis quelqu’un, appréciez-moi à ma juste valeur !
Gardons-nous cependant d’être injustes et d’accuser. Nous sommes de la sorte non seulement par vaine fierté et par égoïsme, mais encore parce que chaque être humain a tout naturellement faim d’amour et d’attention, d’égards et de louange. Chacun de nous a besoin des autres pour exister, pour être quelqu’un. C’est ainsi que nous sommes faits. Nous ne sommes pas des solistes solitaires, nous avons besoin de la communauté pour vivre. Le Créateur l’a voulu ainsi et a fait en sorte que nous ayons un besoin vital d’amour et d’accompagnement.
L’intention du Seigneur est claire : il veut que nous ayons de bons rapports avec nos prochains et avec lui-même, et l’a souligné par le double commandement d’amour.
Ces rapports de confiance et d’estime mutuels ont été profondément troublés par le péché. Nous voulons être comme Dieu, briller, être les seuls à jouir de la lumière et de l’attention. Nous nous glorifions, nous voulons en imposer et faire croire aux autres que nous sommes riches et pourvus, forts, intelligents et sages.
« Je n’ai besoin de personne » ! De Dieu non plus, pour le moins dans la plupart des domaines de la vie. Nous sommes fiers de nos dons, capacités et ressources. Nous nous appuyons sur nos assurances, nos relations et notre santé.
Je n’ai besoin de personne, même pas de Dieu. Si, peut-être, il est agréable d’avoir Dieu sous la main, comme décor, comme condiment, comme cadre ornemental, en vue de me mettre en valeur. Il n’est pas exclu que je fasse appel à lui pour le très faible pourcentage des affaires que je ne domine pas dans la vie. Dieu comme frein de secours, comme ceinture de sécurité. Mais au fond, cela ne me convient pas, je préférerais de loin pouvoir me passer de lui. Dieu, c’est comme une assurance incendie : Je paie les échéances dans l’espoir de ne jamais devoir y recourir.
Nous tous, d’une façon ou d’une autre, nous refoulons Dieu de notre vie. Nous cédons à la tentation de nous croire forts et importants. Nous sommes d’avis que Dieu est là pour les vieux, les malades et les mourants. Nous faisons appel à lui à titre exceptionnel, lors de mariages ou d’enterrements. Dieu est là pour les autres, je veux bien, mais moi, j’espère bien pouvoir me passer de lui.
C’est ainsi que nous avons vidé de Dieu notre vie privée ; vide de Dieu en politique, au travail, au sein de la vie familiale. Consommer Dieu avec modération extrême, et me mettre en avant autant que possible. Nous voulons ainsi imposer notre autorité, affirmer notre indépendance et chercher à briller.
« Ainsi parle l’Eternel : Que celui qui veut se glorifier, se glorifie d’avoir de l’intelligence et de me connaître, de savoir que je suis l’Eternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur terre… »
Bien sûr, glorifiez-vous dit Dieu ! Je veux que vous ayez aussi des moments d’élévation et de jubilation dans votre vie. Et à quelle occasion éprouver un tel élan ?
Quand vous découvrez qui je suis, quand, par votre intelligence, vous apprenez à me connaître. La sagesse consiste à lever les yeux vers moi ; est heureux celui qui ne me perd pas de vue.
En effet, notre plus grand sujet de gloire, c’est bien de nous savoir bénis par l’Eternel, qui nous honore de son amour, de son attention et de son appel. C’est par ce biais, par Dieu, que notre être intérieur se découvre riche et comblé. Entrent alors dans notre vie la joie et la paix, le réconfort et l’espérance, l’assurance et le repos.
Voici les dons que le Seigneur nous accorde, qui mettent notre cœur à l’aise et permettent à notre vie de s’épanouir. Un tel bonheur vient de Dieu ; il l’a voulu et s’y emploie. Heureux qui connaît un tel Seigneur, celui dont nous ont parlé les patriarches et Moïse, les prophètes et Jésus.
Mais qu’en est-il de ceux que la société ignore et repousse, de ceux qui se sentent perdus et oubliés ? Que dire de ceux qui vivent à l’ombre et à l’écart ?
Dieu ne les a ni oubliés ni repoussés. Les faibles aussi, il les connaît par leur nom. Jésus nous parle du pauvre Lazare alors que le riche reste anonyme ! Les pauvres aussi peuvent être heureux et se glorifier de connaître le Seigneur, de savoir qui est l’Eternel. Chacun, dans toutes les situations, peut dire : le père de notre Seigneur Jésus-Christ est mon Dieu, Dieu pour moi et à mes côtés. Je n’ai pas affaire à un destin froid et impersonnel ; je ne m’en laisse pas conter par ceux qui ne parient que sur leurs propres capacités mais ignorent tout de Dieu.
Je connais celui qui exerce la bonté ; je connais celui qui est pour moi un père et me tient par la main. Je connais celui qui n’oublie pas ceux qui paraissent déshérités et sans recours. Jésus dit : « Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis – ne vous glorifiez pas de vos propres performances, fussent-elles sur le plan des esprits – réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » Glorifiez-vous plutôt du fait que Dieu a décidé de faire de vous ses enfants, des citoyens du monde qui vient. (Luc 10,20)
Voici de quoi nous pouvons nous vanter, sur quoi bâtir notre confiance et notre espérance : sur ce que le Seigneur a fait pour nous, sur ses bons sentiments à notre égard, sur la justice qu’il nous donne par Jésus-Christ. La source de notre richesse, de notre fierté et de notre assurance, c’est de savoir que l’Eternel prend plaisir à combler ceux qui lui appartiennent. Amen.
Paul FRANTZ, pasteur
Cantique proposé après le sermon :
ARC 244 ou 241