2007. 02 : dim SEXAGESIME

Les différents terrains

Dimanche 11 Février 2007

Esaïe 55, 10-12a

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Frères et sœurs en Jésus Christ,

La parole humaine produit de l’effet, par essence. Du côté positif, elle peut aller jusqu’à reconstruire la personnalité meurtrie et frustrée, lorsque le dialogue psychothérapeutique permet de verbaliser les émotions étouffées et les non-dits menaçants. Du côté négatif, elle peut aller jusqu’à faire très mal, en dénigrant, en mentant ou en mitraillant, comme le décrit l’épître de Jacques tout au long du chapitre 3 qui compare la méchante langue à un petit membre qui produit de grands dégâts.

Si la parole humaine est structurante ou destructrice, qu’en est-il, à plus forte raison, de la parole de Dieu? Selon le livre du prophète Esaïe, sa puissante efficacité s’oppose à trois puissances terrestres abusives et engendre chez ceux qui l’accueillent sur le terrain d’un esprit bien disposé, une force dynamique et fructueuse.

Pour Esaïe, la parole de Dieu dure éternellement et s’oppose à la finitude de l’homme qui passe et meurt comme l’herbe des champs qui sèche ou la fleur qui fane (40, 6-8). Pour lui, cette vérité est, écoutez bien, réconfortante, oui consolatrice pour le juif déporté et captif du camp de concentration babylonien. Il leur écrit sous le manteau: « Qui es-tu pour avoir peur de l’homme mortel et du fils de l’homme pareil à l’herbe? Et tu oublierais l’Eternel qui t’a fait (sous-entendu par sa parole créatrice)! Et tu tremblerais tout le jour devant la colère de l’oppresseur, parce qu’il cherche à détruire? (51, 12-13)

La parole de Dieu s’oppose aussi aux puissances armées, rien de moins!  Esaïe fait ironiser le peuple juif ainsi: « Poussez des cris de guerre, peuples, et vous serez brisés. Formez des projets et ils seront anéantis, car Dieu est avec nous! » (8,9-10). Il écrit également: « Ainsi parle l’Eternel: J’annonce dès le commencement, ce qui doit arriver. C’est moi qui appelle de l’orient un homme (Cyrus) pour accomplir  mes desseins » (46, 8-13). Pour Esaïe, le plan de Dieu qui fait échec aux plans de bataille, au « Kriegsspiel », aboutit à la réconciliation des nations unies: « De Sion sortira la loi et de Jérusalem la parole de l’Eternel. Une nation ne tirera plus l’épée contre une autre et l’on n’apprendra plus la guerre » (2, 3-4).

La parole de Dieu s’oppose enfin à la divination. Esaïe raisonne ses auditeurs ainsi: « Si l’on vous dit: consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, répondez: un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants? A la loi et au témoignage! » (8, 19-20). Il prophétise également: « Ainsi parle l’Eternel: J’anéantirai les signes des prophètes de mensonge et je proclame insensés les devins. J’accomplis ce que prédisent mes envoyés. Je dis de Cyrus qu’il accomplira toute ma volonté » (44,24-28).

Frères et Sœurs, dans son livre publié pour Noël dernier, ayant pour titre « Marie », Marek HALTER, juif réchappé du ghetto de Varsovie, écrivain devenu français, en appelle à la voix des femmes en religion, et à la loi, pour museler le mal et encourager le bien. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire protestant « Réforme », il dit: « Quand j’étais enfant, les garçons de quatorze ans se battaient à coup de poing ou de couteau. Mais avant de frapper, ils s’insultaient longuement. C’est celui qui n’avait plus d’insulte à dire qui prenait le premier coup. La violence commence là où finit la parole ». Il dit également: « Pour que le retour actuel du religieux n’annonce pas de nouvelles guerres, il faut que les différentes religions apprennent à se connaître et s’ouvrent au monde. Cela ne se fera qu’en y réintroduisant les femmes, qu’en leur rendant leur voix qui a été censurée ».

La promesse de Dieu, c’est que sa parole mettra fin à toute violence. Dieu commande et la chose existe. Il peut toujours encore nous surprendre par des nouveautés. Il a un plan en deux étapes, comme le cultivateur. Esaïe montre que le paysan fait d’abord plusieurs opérations douloureuses, le labourage, le hersage, le fauchage, le battage, avant d’être récompensé, en moissonnant et en mangeant le pain dans la joie (28, 23-29).

Toute la question que pose Esaïe à ses contemporains et que la parole de Dieu nous pose, frères et sœurs, c’est celle de la confiance: croyez-vous que Dieu nous réserve des retournements inattendus dans certaines situations catastrophiques? Croyez-vous au mot d’ordre 2007 que les églises ont choisi dans le livre d’Esaïe: Je vais faire du nouveau, on le voit déjà germer, ne le reconnaîtrez vous pas? (43,19).

Croyez-vous Esaïe 30,15, mot d’ordre annuel du siècle dernier: c’est dans le calme et la confiance que sera votre force…et non dans la course à cheval.

Croyez de toutes vos forces en cette promesse personnelle ou communautaire: « Ainsi parle l’Eternel: écoutez-moi, vous que j’ai pris à ma charge dès votre naissance. Jusqu’à votre vieillesse je serai le même. Je l’ai fait et je veux encore vous porter, vous soutenir et vous sauver » (46,3-4). « Qui es-tu pour avoir peur…puisque l’Eternel te dit: Ne crains rien car je t’ai délivré, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi » (43,1).

Retenez dans un cœur honnête et bon, telle une terre fertile qui démultiplie la vie des semences, le texte de prédication de ce dimanche Sexagesime, texte qui récapitule tous les messages d’Esaïe que je vous ai transmis ci-dessus. Ecoutez la lecture d’Esaïe 55,10-12a:

                        Georges BRONNENKANT

Les citations d’Esaïe proviennent de l’ancienne version Segond; elles peuvent donc être lues dans d’autres versions!

Je propose comme introït ou comme cantique d’entrée le psaume 33 qui a été composé dans le sillage du livre d’Esaïe.

Propositions de cantiques dans ARC: 33, 229 à 232, 616… et 67 pour la sortie.