20 JANVIER 2008
MERITE ET GRACE
ROMAINS 9 / 14 – 24
( Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II )
Chers frères et sœurs en Jésus-Christ !
Combien de fois, lorsque rien ne va plus, nous sommes-nous posés la question de la justice de Dieu ? Combien de fois avons-nous dit ou pensé que s’il y avait un Dieu juste, il ne permettrait pas qu’il y ait la guerre, la famine, l’injustice, l’intolérance ou le racisme ou, au – moins, il ne favoriserait pas la réussite des malhonnêtes et des tricheurs ? Combien de fois avons-nous subordonné le choix de Dieu ou l’Amour de Dieu à notre réussite matérielle ou morale ? Combien de fois avons-nous pensé que les maladies ou les échecs étaient dus au péché, surtout à celui des autres ? Combien de fois avons-nous pensé que notre place dans la vie et dans le Royaume de Dieu étaient garanties par notre volonté, par nos efforts pour conquérir ou acheter cette place à grands coups de mérites, de bonnes œuvres ou de respect d’une quelconque loi, bien souvent inventée par nos soins ? Combien de fois avons-nous pensé que notre religiosité, le fait d’aller à l’église de temps à autre, d’être baptisés, confirmés ou mariés à l’église nous octroyait d’office une position privilégiée face à Dieu et par rapport aux autres en disant : « quand je me vois, je n’ai pas de quoi être fier, mais quand je me compare ! ! ! » ? Et combien de fois, aussi, avons -nous dû constater que tout cela était inefficace et ne faisait que nous enfoncer davantage dans un sentiment de perdition et d’abandon ?
Dans notre texte, les juifs se posaient exactement les mêmes questions et faisaient le même constat, à leur plus grande déception et colère. L’apôtre le rappelle : « il n’y a pas d’injustice en Dieu, cela ne dépend pas de la volonté ni des efforts de l’Homme ». Si l’homme essaie d’établir sa propre justice, s’il cherche à se fabriquer une loi qui lui procure d’office cette justice, c’est là qu’il passe à côté de la loi ; il n’a pas compris la finalité de toute loi. De plus, il faut reconnaître que l’Homme est, par ses propres forces et malgré tous ses efforts, absolument incapable d’observer toute la loi. Paul nous rappelle que tous nos efforts pour essayer de forcer la main à Dieu en essayant de l’acheter, auront toujours pour conséquence notre rejet par Dieu lui-même, et que cela fait de nous, même lorsque nous pouvons aligner des milliers d’actes méritoires, selon Paul : « des vases tout prêts pour la perdition » !
Pourtant, nous tous qui sommes réunis ce matin, nous voudrions bien que tout cela change, nous voudrions être ou devenir des enfants du Dieu vivant, ses bien – aimés et les membres de son peuple. Nous voudrions devenir justes et mener une vie à la gloire de notre Seigneur. Nous voudrions que nos prières soient efficaces. Bref ! nous voudrions connaître et trouver notre place dans l’histoire du Salut et y assumer notre rôle.
Pour cela, nous dit l’apôtre, il faut faire le bon constat et se poser les bonnes questions. Le constat, c’est de reconnaître que nous n’avons strictement rien à faire valoir devant Dieu, que nous sommes pécheurs, que nos efforts et nos mérites, si nombreux et louables soient-ils, ne servent à rien par eux -mêmes. Il nous faut admettre que nous avons besoin d’aide, et la chercher là où elle est proposée, pour pouvoir espérer arriver au but. Cette aide nous est proposée dans notre texte qui dit que : « Cela dépend uniquement de la miséricorde de Dieu » et que : « la justice vient de la Foi ». Ce constat signifie aussi que Dieu : « qui veut que tous les hommes soient sauvés et qu’ils parviennent à la connaissance de la Vérité’, que ce Dieu nous appelle, chacun (e) personnellement, qu’il est patient envers ces : « vases tout prêts pour la Perdition » que nous sommes, et qu’il nous offre de faire de chacun (e) de nous des : « vases de Miséricorde » selon sa Liberté souveraine et son Amour éternel.
Pour nous le prouver, Dieu a envoyé SON Fils qui a donné sa vie, qui est mort et ressuscité pour nous racheter de nos péchés. Par lui, il nous offre sa Grâce, il nous relève, il veut nous préparer à assumer notre place et notre rôle dans son plan de Salut divin pour nous et pour les autres. Pour cela il nous accorde sa Parole, ses Sacrements et son Esprit. Il nous invite à poser un regard nouveau sur tout ce qui nous arrive de bon ou de moins bon, à discerner ses bienfaits et les signes de son Amour, de sa présence et de son aide. Nous sommes donc invités à nous demander : « Comment puis-je rendre au Seigneur, ne serait – ce qu’une infime partie de tous ses bienfaits » ; et, là aussi, il nous est rappelé que : « cela ne dépend pas de nous, c’est un don de Dieu » Il s’agit donc d’arrêter de nous mettre en avant et de tout ramener à notre petite personne ; il s’agit de reconnaître que notre vie est, en elle-même, comme le chiffre zéro qui ne prend de la valeur que s’il est précédé d’un autre chiffre. Apprenons – donc à nous effacer derrière Jésus, alors notre vie aura une valeur infinie. Alors, si nous tendons le vase vide de notre existence, Dieu y mettra les trésors de sa puissance et de sa gloire, les trésors de son Amour et de sa Miséricorde, les trésors du pardon et de la justice, les trésors de l’avenir et de l’Espérance. Il y placera la Justice et la Foi, sans aucun mérite de notre part et sans que nous en soyons dignes.
Notre place, notre rôle et notre privilège consistent, en fait, à porter, avec patience, joie et persévérance, ces trésors dans les vases d’argile de nos fragilités et de nos vulnérabilités au travers des épreuves de la vie, à les porter fidèlement jusqu’au bout et à les transmettre aux autres, comme le vase rempli d’eau vive désaltère quiconque y puise, sans faire de différences. Ainsi, il nous incombe de distribuer largement et généreusement les trésors que nous avons reçus, de mettre au service de Dieu et de nos frères et sœurs les talents que le Seigneur dans sa bonté nous a confiés de les faire fructifier sans en tirer orgueil, car cela ne dépend pas de nous. Nos efforts et nos mérites ne sont jamais les causes ni les moyens qui feraient de nous le peuple de Dieu, ses enfants bien – aimés. Ce sont : la Miséricorde, la Grâce et la patience de Dieu qui nous permettront de réaliser ce que Dieu attend de nous, et rendront possibles ces œuvres bonnes qui, loin de nous servir comme monnaie d’échange ou comme moyens de pression envers Dieu et nos frères, ne sauraient être qu’un pâle et faible reflet des bienfaits de l’Eternel en notre faveur, et une toute petite réponse à l’Amour infini dont il nous a aimés.
Alors, dans la joie comme dans la peine, tout au long de notre vie, laissons – nous appeler, préparer, guider et aider pour que le vase de notre vie soit toujours davantage un vase de Paix et de Joie, d’Espérance et de Foi, de pardon et de patience, de justice et de persévérance ; marchons humblement avec notre Dieu et avec nos frères et sœurs jusqu’au jour où notre Seigneur et Sauveur nous ouvrira ses bras et pourra nous dire : « entre dans la joie de ton Maître »
Qu’il nous soit fait selon notre foi, et, qu’à Dieu seul soit tout honneur et toute gloire dès maintenant et pour l’éternité. AMEN
Emile BAUER Pasteur à Printzheim
Cantiques :
ARC 216,545,318,602,416,405
¼ – Service des Lecteurs – 3 – 20,01,2008 – Emile BAUER