2009. 01 : SEPTUAGESIME

8 février 2009

Mérite et grâce

Matthieu 20, 1 – 16a

1. Qui d’entre nous ne connaît pas cette parabole de Jésus ?
Selon notre âge, nos préoccupations, voire les difficultés que nous avons traversées ou celles que nous rencontrons, ces paroles peuvent produire sur nous des effets très différents.

a) Joie et reconnaissance : parce qu’à la fin de la journée chacun aura largement de quoi vivre.
b) Indignation et sentiment d’injustice : car enfin, comment imaginer une vie politique, économique et sociale cohérente, si tout se passe comme si « une heure de travail effectif » valait financièrement autant que douze heures de travail effectuées le même jour, au même lieu, pour accomplir la même tâche et cela, dans des conditions beaucoup plus pénibles ?
c) Ne sommes-nous pas ici dans ce qui dépasse notre manière habituelle de voir et de comprendre les choses courantes de la vie ?

2. En acceptant ce dernier constat avec lucidité, nous ne nous conduisons pas en iconoclastes. Bien au contraire, en procédant ainsi, nous nous approchons du lieu même où l’auteur de la parabole veut nous conduire. Quel est ce lieu ? L’évangéliste Matthieu nous l’indique d’emblée quand il introduit son récit par ces mots : « Le Royaume des cieux est comparable à… ».

3. Le Royaume des cieux :

a) Matthieu nous signale dès l’ouverture : avec ce récit nous ne sommes pas dans l’habituel, dans l’ordinaire et dans le commun… mais bel et bien dans ce qui apparaît normalement comme inhabituel, extraordinaire et hors du commun.
b) Il vaut la peine de prendre conscience de ce décalage, si nous ne voulons pas banaliser le texte et bâillonner ce qu’il recèle d’inouï.

4. Mais si la parabole ouvre d’entrée sur une perspective du Royaume des cieux, il convient de se souvenir de ce que Jésus nous a appris à ce sujet, à savoir que des signes de ce Royaume se manifestent déjà parmi nous, même si au quotidien il nous est parfois difficile d’en saisir les traces. De plus, et quoiqu’en proclament certains, ce Royaume de Dieu n’est pas encore pleinement accompli ici-bas ; il reste largement en devenir…

I.
Mais revenons à la parabole de Jésus.

1) Le propriétaire d’un vignoble se rend à plusieurs moments de la journée sur la place du village pour appeler les hommes disponibles à venir travailler dans sa vigne.
2) À ceux qu’il a embauchés à la première heure, le maître a proposé un contrat très enviable : une pièce d’argent pour la journée de travail.
3) À ceux qu’il a embauchés lors de ses tournées à la troisième, sixième et neuvième heure, il propose aussi un contrat…même si ce dernier peut paraître juridiquement bancal dans la mesure où il ne mentionne pas de manière précise le salaire qui sera versé à chacun selon le temps travaillé. Le maître affirme simplement : « allez vous aussi dans ma vigne et je vous donnerai ce qui est juste ».

La réputation du maître devait être excellente puisque les ouvriers lui font pleinement confiance et se rendent au travail sans demander d’autres précisions.
4) Avec les ouvriers de la onzième heure, le scénario est encore un peu différent.
a)    Le maître demande à ces ouvriers pourquoi ils sont restés toute la journée sans travailler. Ces derniers lui répondent que personne ne les a embauchés. Alors, le maître leur dit : « Allez vous aussi dans ma vigne ».

b)    Ici aucun contrat n’est proposé. Nous constatons juste que le maître se soucie de la situation difficile de ces ouvriers qui, le soir venu, doivent toujours encore trouver ce dont ils ont besoin pour survivre. Le maître prend aussi au sérieux leur réponse, à savoir que personne n’a voulu d’eux. Aussi leur donne-t-il une chance extraordinaire en leur faisant confiance et en les jugeant aptes à venir travailler dans sa vigne.

5) Jusqu’ici nous n’avons aucune difficulté à suivre le récit. Une mission est confiée, une alliance est conclue, une promesse est faite, un travail peut s’accomplir.
Et pourtant, une surprise de taille va se révéler, « bonne nouvelle » ou « traitement indigne » lorsqu’à la fin de la journée les salaires seront distribués.

II.

1) Que voyons-nous à ce moment-là ?
a) Tous les ouvriers qui ont entendu l’appel du maître et qui tout au long de la journée sont montés dans la vigne pour y travailler reçoivent au final un bon salaire qui leur permettra de vivre quelque temps sans souci matériel.
b) Tous peuvent témoigner que le maître de la maison a tenu ses promesses et une grande partie d’entre eux peut même affirmer que ces promesses ont été tenues au-delà de toute espérance.
c) Alors, qu’est-ce qui ne va pas, qu’est-ce qui fait mal maintenant que tous ont largement de quoi vivre et se réjouir ?
2) Matthieu nous laisse entendre que malgré les largesses « royales » toutes les personnes concernées ne peuvent pas entrer dans la joie.
Matthieu en donne aussi quelques raisons. Ce serait une question de point de vue : une manière de voir les choses, de les ressentir et de les interpréter. Nous aurions affaire à une question de « bon œil » ou de « mauvais œil ».
a) L’homme éclairé par le « bon œil » peut voir la réalité et se réjouir de tout signe de mieux-être qui se manifeste pour lui et pour les autres. Tout se passe alors pour lui comme si les portes du Royaume s’entrouvraient déjà un peu. C’est l’inattendu de la bonne surprise.
b) L’homme trompé par le « mauvais œil » voit la réalité de « manière faussée » dans la mesure où il est dominé par l’envie et la jalousie, et est emprisonné dans des comparaisons scrupuleuses sans fin. Il ne peut pas se réjouir et fêter joyeusement avec les autres.
3) Du moins pas encore… À la valeur de son travail « négocié et tarifé » devra s’ajouter la reconnaissance du « prix de la grâce ». Cette grâce reçue donne goût et saveur à la vie, y compris au travail lui-même qui n’en constitue qu’une partie nécessaire et importante certes, mais heureusement ni unique, ni exclusive !

Conclusion :
Il est réjouissant de savoir que Dieu nous stimule sans cesse pour qu’à la suite du Christ et sous la conduite du Saint-Esprit nous parvenions toujours à nouveau à rendre grâce pour tout ce qui nous est heureusement donné en partage au milieu des nombreuses contraintes et difficultés de la vie.

Jean ARBOGAST.

Cantiques :

ALLELUIA n° 41/04, 1-3 ; 41/06, 1-4 ; 41/16, 1-3 ; 62/78, 1-4.

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).