2009. 02 : SEXAGESIME

15 février 2009

Luc 8, 4-8 (9-15)

Les différents terrains

Chers frères et sœurs !

Voici une des paraboles dites « du Royaume », chez Matthieu elle est la première des 7. Pourtant, elle ne commence pas par l’expression consacrée « le Royaume de Dieu est semblable à… » ! En fait, c’est l’arrivée des foules venues de partout, terrains différents pour l’Évangile, qui fournit à Jésus l’occasion de faire comprendre à ses disciples la réalité simple et pourtant mystérieuse de ce monde nouveau, à la fois présente et future, qui ne se laisse saisir que par la foi, mais qui devient pour le croyant l’essentiel de sa vie. Et Jésus leur dit cette parabole :

Lire Luc 8, 4-8 (9-15)

Curieusement, non seulement la foule, mais même les disciples entendent, mais ne comprennent pas ! Mais, à la différence des autres, ils ont la modestie et le courage de demander à Jésus de les aider à comprendre ; et notre texte leur donne, et nous donne, quelques points de repère pour nous y aider.

1) Tout d’abord : l’usage des paraboles n’a pas pour but de rendre le message de Jésus compréhensible sans aucun effort, ni au contraire de le rendre incompréhensible. La parabole exprime le caractère caché de la vérité divine. Elle vise à nous obliger à une réflexion, à un retour sur soi, à un travail sur soi – même, travail accessible à tous, même aux plus humbles et aux moins savants, mais sans lequel il n’y a pas de révélation. Il nous incombe de préparer le terrain pour que la semence puisse porter du fruit pour nous et pour les autres.

2) Dans les paraboles, comme dans toute sa vie, Jésus regarde le monde tel qu’il est avec une clairvoyance étonnante. Ses paroles offrent l’image de la réalité sans rien d’inventé ni d’imaginaire. Dans ce monde, il reconnaît ce qui est l’analogie du divin et s’en réjouit. Son regard contemple à travers l’objet le royaume des cieux, le royaume de Dieu dont les lois projettent leur ombre sur les événements et les relations de notre monde. Comme le dit l’Apôtre Paul aux Romains (1, 19-20) : « Ce que l’on peut connaître de Dieu, Dieu le leur a manifesté : en effet, depuis la création du monde ses perfections invisible, éternelle puissance et divinité sont visibles dans ses œuvres pour l’intelligence… ils sont donc inexcusables. » C’est à cause de ce réalisme des paraboles qu’il ne faut pas les prendre pour des allégories ni chercher la signification symbolique de chacun des traits du récit. La parabole n’est pas une énigme à déchiffrer, mais une ressemblance à saisir par la foi. Le semeur, la graine de moutarde, le levain, le trésor, le marchand ne sont pas en eux-mêmes semblables au royaume de Dieu, mais ils le deviennent parce que ces objets ou ces personnages sont compris et inclus dans une action qui offre une analogie avec le Royaume de Dieu. La similitude porte sur le récit, non sur les hommes ou les choses.

3) Il faut donc travailler sur soi et vouloir comprendre ; ceux qui se refusent à cet effort montrent par là leur endurcissement et se préparent au jugement final, ils sont inexcusables !

4) Mais, heureusement, ce jugement est entre les mains de Dieu. Il sait d’avance qui croira et qui ne croira pas et c’est lui qui comprend tout et qui dirige tout. C’est pourquoi, comme aux disciples, à certains, ces choses sont « données » : « à vous il est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu », ailleurs ils sont appelés les « élus du Père ». Mais ce ne sont ni des initiés, ni des intellectuels, ni des privilégiés, ce sont seulement des gens qui cherchent à croire pour mieux comprendre et qui veulent comprendre afin de mieux croire !

5) Mais ces affirmations de Jésus n’excluent en aucune façon la liberté laissée à chacun. Ceux qui ne sont pas élus sont surtout ceux qui n’ont pas voulu recevoir l’ évangile ni essayer de comprendre la Bonne Nouvelle. Personne ne peut dire : « la foi ne m’a pas été donnée ; je ne suis pas un bon terrain ». C’est pourquoi Jésus invite ceux qui l’écoutent à croire. La foi a pour effet de mieux croire et d’enrichir le croyant encore davantage ; et l’incrédulité aboutit à un appauvrissement continuel : « on donnera à celui qui a, et à celui qui n’a pas, on retirera même ce qu’il croit avoir » dira Jésus un peu plus loin.

6) L’idée centrale de cette parabole est qu’il y a une efficacité de la Parole, même si elle semble souvent improductive comme le constate Esaïe : « Seigneur, qui croit à notre prédiction ? » Mais si elle échoue, ce n’est pas faute de puissance, mais parce qu’elle ne trouve pas un terrain favorable. Mais lorsqu’elle réussit et que le terrain est favorable, sa fécondité est admirable, au-delà de tout ce que nous pouvons comprendre, demander ou espérer ! Que personne donc ne se décourage en constatant que le ministère de Jésus et l’action de l’Évangile dans ce monde semblent ne pas réussir. Mais remarquons et admirons la richesse, voire la prodigalité des semailles ! Tout homme est appelé à être ou à devenir un bon et beau terrain pour porter du fruit et transmet la bonne nouvelle !

7) C’est donc à partir de cette IDEE CENTRALE DE NOTRE TEXTE que nous pouvons et devons comprendre et lire la description des divers terrains et le commentaire qu’en donne Jésus. Ce n’est pas, et de loin, une description psychologique complète ni exhaustive des divers comportements humains devant l’Évangile. Ce ne sont que quelques exemples destinés à montrer qu’il y a bien des raisons diverses pour que la Parole n’ agisse pas toujours et qu’elle peut nous avoir été adressée en vain. C’est cela d’abord que doit entendre « celui qui a des oreilles » ! Que sa foi en la puissance et l’efficacité de l’Évangile soit ferme, solide, inébranlable. Mais si nous nous reconnaissons à travers la description de l’un ou l’autre des terrains, ou de plusieurs à tour de rôle, voire à la fois, nous ne devons pas nous résigner avec fatalisme à être un mauvais terrain, ni nous réjouir orgueilleusement d’être un bon terrain, encore moins devons – nous spéculer ou juger les autres ou nous comparer à eux. Ce que nous devons faire, c’est travailler notre terrain et prier afin de ne pas être de ceux pour lesquels la Parole est inefficace et prier pour avoir la force, le courage et la clairvoyance de nous repentir. Dès lors, si nous portons des fruits, si nous conformons notre vie à la Parole que nous avons reçue, alors Dieu fait de nous par sa grâce des « enfants du Royaume » que Jésus appelle à être des semeurs et des porteurs de la Bonne Nouvelle. Mais pour cela il attend la réponse de chacun de nous personnellement ; que sa Parole nous mette en route, qu’elle nous fortifie et nous accompagne jusqu’au jour où le Seigneur nous recevra à bras ouverts en nous disant : « entre dans la joie de ton maître ».    Amen.

Émile Bauer, pasteur à Printzheim
 


 Chants proposés :

ARC 225 - 229 - 230 - 232

¼ – Service des Lecteurs – SL – 7 – 15.02.2009 – Emile BAUER

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).