2009. 03 : ESTO MIHI, Quinquagésime

Dimanche 22 février 2009

 
Marc 8, 31-38

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

« Jésus commence à enseigner les disciples » et il s’en suit des paroles dures, sévères et exigeantes. Il parle à ses proches de ses souffrances à venir, de sa mort et de sa résurrection.
Nous connaissons cela. Dans quelques jours, avec le mercredi des Cendres, nous rentrons dans le temps de Carême – un rituel qui revient chaque année.

Qu’est-ce-que cela nous apporte de neuf que nous ne sachions déjà ?
Mais il n’en est pas ainsi pour les disciples. Eux, ils sont surpris, plus encore ils sont choqués. Jésus leur dit ouvertement qu’il fallait qu’il souffre, qu’il sera rejeté, que les dirigeants de son peuple vont le mettre à mort. Les disciples n’entendent que cela, mais plus l’annonce de la résurrection.

Le Messie, le fils de Dieu, pouvait-il être à la merci des hommes ? Non ! Dieu ne saurait permettre cela ! Les disciples s’indignent et Pierre proteste.
Il y a un instant à peine, lorsque Jésus demande : « et vous, qui dites-vous que je suis ? », Pierre confesse : « tu es le Christ ». N’a-t-il pas vu Jésus nourrir 5000 hommes, féliciter la foi d’une étrangère, guérir un sourd-muet et un aveugle, affronter la religion desséchée et légaliste des pharisiens et des scribes ?

La vraie vie annoncée par Esaïe n’est-elle pas déjà là ?: « les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent. »
Ou ne fait-elle que commencer avec ce que Jésus annonce maintenant ? Avec la souffrance, la mort, l’anéantissement de soi ? On comprend que Pierre en ait été scandalisé. Mais Jésus reconnaît dans la voix du disciple, de son ami, la voix du tentateur qui, jadis au désert, avait voulu le détourner de l’obéissance au seul vouloir de Dieu et l’attirer sur des chemins faciles. La réaction de Jésus est sévère, « arrière de moi, Satan » ! Ainsi, le même homme peut être à quelques instants d’intervalle la bouche de Dieu et la bouche de Satan ! La violence même de cette parole révèle les luttes intimes que Jésus traverse. Il mesure l’horreur de la trahison, de l’abandon, de la mort. Mais il sait aussi que cette mort est inscrite dans le plan de Dieu : « il fallait que le Fils de l’homme souffre » dit Jésus

Combien sont mystérieuses les pensées de Dieu !
Oui, c’est bien là que va passer le chemin de Jésus, chemin de souffrance pour le maître, mais aussi pour ceux qui le suivent.

Jésus fait venir la foule avec les disciples et les invite au renoncement : « si quelqu’un veut me suivre » dit-il, « qu’il renonce à lui-même. » Renoncer à soi-même, ce n’est ni se haïr, ni porter atteinte à sa vie. Cela n’a rien d’un acte désespéré, bien au contraire, c’est une victoire et une assurance personnelle qu’aucune logique ne peut expliquer. Celui qui renonce ne saurait perdre sa vie, il la retrouve d’une manière nouvelle. Tout dépend de l’axe autour duquel nous gravitons. Si tout dépend de moi-même, si je suis mon propre centre, alors ma vie tourne autour d’un abîme dévorant qui m’engloutit. Mais si le Christ est le centre de ma vie, alors elle tourne autour de l’homme qui la protège et qui la sauve. Jésus nous place devant ce choix dramatique : vouloir sauver sa vie, c’est la perdre ; accepter de la perdre, c’est la sauver.

Et pourtant, n’est-ce pas le choix qu’ont fait de nombreux témoins, hommes et femmes, dans l’ombre ou connus – celui de donner leur vie pour les autres ? Pensons à toutes ces personnes qui interviennent dans les régions touchées par la guerre ou les violences ou les catastrophes naturelles pour apporter leur aide humanitaire.

Ou à toutes celles qui, au péril de leur vie, bravent tous les dangers pour sauver des vies humaines.
Ou toutes celles qui ont fait des choix de carrière conformes à leur conscience de service, quitte à moins briller devant les hommes.
Ou toutes celles qui donnent tout leur amour aux malades, aux handicapés, aux personnes âgées et grabataires.
Ou toutes celles qui disent avec courage et détermination quelques convictions fortes qui vont à l’encontre de l’opinion publique.

Décidément, la vie chrétienne n’est pas un long fleuve tranquille ! Jésus prévient les disciples que le chemin de la croix n’est pas seulement le sien, il est aussi le leur.  « Si quelqu’un veut me suivre », dit-il, « qu’il prenne sa croix. »
Il était une fois un homme qui passait son temps à se plaindre, enviant tous ceux qu’il rencontrait en disant : « ah ! ils comprendraient s’ils avaient la même croix à porter que moi ! »

Le Seigneur avait toujours écouté ces plaintes avec beaucoup de patience. Mais un jour il lui dit : « Viens avec moi, je vais te donner la possibilité d’en choisir une autre. » Il le conduisit dans une grotte remplie de croix, des petites et des grandes, des simples et des tordues, et lui demanda de faire son choix. Il essaya une croix légère, mais elle était trop longue et trop encombrante. Un autre, d’apparence lisse, se mit à le piquer dès qu’il l’eut posée sur ses épaules. Il en essaya encore d’autres, mais chaque croix apportait son lot de misère. Finalement, il dénicha une petite croix, pas trop lourde et pas trop encombrante. Elle semblait être faite pour lui tout exprès. D’un air triomphant, il la prit sur ses épaules. Alors, de son regard plein de douceur, le Seigneur lui sourit. En cet instant, l’homme s’aperçut qu’il avait repris sa bonne vieille croix. Il la portera maintenant toute sa vie – mais différemment ! Porter sa croix différemment, voilà à quoi nous invite ce dimanche. Et Dieu sourira à tout homme qui laisse derrière lui sa soif d’être estimé, envié par les autres ; sa soif de jouer un rôle et d’être couronné de succès. Dieu sourira à tout homme qui cherche la force de sa vie dans l’amour inconditionnel.
Q
ue servira-t-il à l’homme de gagner le monde entier s’il le paie de sa vie ?
Et n’oublions pas : la croix n’est pas le dernier mot de Dieu. Le Fils de l’homme reviendra et tous ceux qui l’ont suivi dans son abaissement le connaitront dans tout l’éclat de sa gloire. C’est Jésus lui-même qui nous le promet.
Amen.

Marlise Griesbaecher

Cantiques

Arc    405    1-4
        254    1-3
        429    1+2
        424    2

¼ – Service des Lecteurs – SL – 8 – 22.02.2009 – Marlise GRIESBAECHER

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).