2005. 18 : 18e Dim après la TRINITE

Le grand commandement

Dimanche 25 septembre 2005

Marc 10, 17-27


( Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles )

Plan de la prédication :
1.    Les biens terrestres ne donnent pas un sens à la vie.
2.    Faire confiance à l’argent éloigne de Dieu.
3.    Jésus n’est pas un gourou pour décider du bien ou du mal, mais le Sauveur qui nous fait retrouver la confiance en Dieu.
4.    Avec notre richesse nous pouvons faire du bien ; mais, dans le royaume de Dieu, on n’y entre qu’en suivant Jésus-Christ.

Une chose est sûre, chers amis, un chameau ne passera jamais par le trou d’une
aiguille. Mais alors, qu’en est-il de nous autres, riches européens ? Aux yeux des deux tiers de l’humanité, nous sommes quand même parmi les riches de la planète.
Qu’en est-il alors, de notre héritage de la vie éternelle ? Qu’en est-il de notre accès au royaume de Dieu ? Qu’en est-il, de notre trésor dans le ciel ? Qu’en est-il de notre salut, à nous, qui faisons partie des nations regroupées dans le « G8 », parce qu’elles sont les plus industrialisées et les plus riches du monde ?

      Dans la vie humaine, l’image typiquement orientale du chameau devant le trou de l’aiguille, prend parfois des aspects tristement concrets. Telle que cette commerçante, qui, pendant des années, a réussi à survivre avec son commerce, et qui voit, tout à coup, l’œuvre de sa vie réduite à néant, par un concurrent sans scrupule. Ou ce jeune homme qui, à 18 ans, trouve que la vie n’a pas de sens, et ne vaut pas la peine d’être vécue. Ou ce jeune couple, qui a mis tout son temps et toute son énergie dans la construction de leur maison avec tout le raffinement de la domotique moderne, et qui, tout à coup se sépare, parce qu’ils ont laissé mourir leur amour. Quel bien terrestre, quelle richesse, quel compte en banque pourraient redonner un sens à des vies qui ont subi de tels échecs ?

      Comme, à l’époque, les disciples de Jésus, il y a aujourd’hui aussi des chrétiens qui sont dérangés et même effrayés par cette image impossible du chameau qui passerait par le trou d’une aiguille, plutôt qu’un riche n’entrerait dans le royaume de Dieu. Il est étonnant et significatif de voir combien d’exégètes, de théologiens et de traducteurs de la Bible ont cherché à affaiblir et à rendre plus acceptable cette « hyperbole » du chameau et de l’aiguille, parce qu’ils trouvaient que, par cette image exagérée Jésus ridiculisait trop les riches et leur richesse.

Certains commentateurs ont trouvé, par exemple, qu’une petite porte dans la muraille de Jérusalem était appelée le « trou de l’aiguille ». D’autres, comme les moines de Maredsous et d’Hautecombe, signalent en note de leur traduction, que le mot « chameau » pouvait aussi désigner un câble ou une grosse corde. Mais, même si ces trouvailles sont exactes, elles ne constituent quand même que de pauvres tentatives d’échapper avec nos richesses ou avec notre envie de richesse au jugement de Jésus qui ne nous laisse aucune illusion. Elles ne font que prouver, que nous avons toujours à nouveau besoin d’être libérés de nos illusions et surtout de la croyance idolâtre de la toute puissance de l’argent. Car, il y a un danger, contre lequel Jésus nous met en garde dans le sermon sur la montagne : « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. » (Mamon est, dans la Bible, la personnification de l’argent.)

    C’est pour cette raison que Jésus veut absolument que les siens soient libres de cette emprise de la richesse et de l’argent. C’est cela que nous montre sa rencontre avec le jeune homme riche. Et, l’évangéliste Marc – qui a peut-être été lui-même ce jeune homme riche – nous le dit : « Jésus le regarda et l’aima, puis il lui dit : il te manque une chose… » Eh oui, chers amis, quand on aime quelqu’un, on voudrait qu’il soit heureux. Et, pour qu’il soit parfaitement heureux, il faut aussi qu’il soit entièrement libre ; qu’il ne soit donc dépendant ou esclave de rien. Voilà ce que Jésus veut donner à ceux qu’il aime : la liberté. Le jeune homme était venu en courant, se jeter aux pieds de Jésus, comme s’il voulait l’appeler au secours avec sa question : « Bon Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Ainsi Jésus constatait déjà chez ce jeune homme, le même drame que Robert Kennedy diagnostiquera par la suite chez la jeunesse américaine, dont il disait : « Le drame de notre jeunesse, c’est qu’elle a tout, sauf une chose, mais cette chose qui lui manque, c’est l’essentiel.

    Pour saisir pleinement le sens des réponses que Jésus donne au jeune homme, il faut nous rappeler, qu’il parle à un juif riche, croyant et pratiquant. Ce n’est pas quelqu’un qui vit dans le faste et les fêtes, alors qu’un pauvre Lazare serait entrain de mourir de faim à sa porte. Non, au contraire, c’est quelqu’un qui a peut-être même une bonne longueur d’avance sur nous. Pas forcément, pour ce qui concerne sa richesse, mais en ce qui concerne le royaume de Dieu et la vie éternelle. Il fait partie de ceux qui connaissent les Saintes Ecritures depuis leur enfance et qui vivent aussi en conséquence. Qui de nous pourrait déjà dire, à propos des commandements : « J’ai observé tout cela dès ma jeunesse et je le fais toujours ? »

Et pourtant il lui manque quelque chose, et quelque chose qui le fait courir et se jeter aux pieds de Jésus, avec la question angoissée : « Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Pour la vie de tous les jours et pour le pain quotidien, il ne se fait guère de soucis ; ses grands biens y suffisent largement. Mais, pour ses rapports avec Dieu, pour sa relation avec l’Eternel, oui, pour la vie éternelle, là, il n’est plus tellement sûr de lui. Pour cela il voudrait les conseils d’un « bon maître ». Aujourd’hui on dirait : il se cherche un gourou, un maître à penser.

Mais Jésus ne veut pas être cela. Il ne veut surtout pas, en tant qu’homme, prendre la place de Dieu. Car, pour ses contemporains Jésus n’était pas perçu autrement qu’un simple homme. Or, il n’appartient pas à l’homme de décider ce qui est bien, ou ce qui est bon. Cette usurpation humaine n’a fait que trop de ravages depuis Adam et Eve. Jésus invite donc le jeune homme à mettre sa confiance, non pas en un « bon gourou » mais en Dieu, qui dans ses commandements montre le chemin de la vie ; et qui, seul, est digne de cette confiance totale, parce que lui seul est vraiment bon, parce que lui seul sait ce qui est vraiment bien.

    L’un des éléments essentiels du Salut que Dieu nous offre en Jésus Christ, c’est justement le rétablissement de la confiance absolue de l’homme à l’égard de Dieu. Et cela, il nous faut le réapprendre toujours à nouveau. Surtout dans notre monde corrompu, dont un politicien véreux prétendait : « Dans ce monde tout s’achète, il suffit d’y mettre le prix. » Bien sûr, nous citons sentencieusement le proverbe « l’argent ne fait pas le bonheur » mais nous y ajoutons tout de suite avec un air complice : « mais il sécurise quand même un peu » ! C’est cela la question déterminante : « jusqu’où pouvons-nous laisser aller ce besoin de sécurisation par l’argent, sans que cela fasse obstacle à l’entraide fraternelle et à la confiance en Dieu ? » La confiance en Dieu ne tolère pas un cœur partagé. « Il te manque une chose » dit Jésus au jeune homme riche, « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi. Mais lui s’assombrit à ces paroles et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. »

    Ce n’est que par un miracle qu’un chameau passerait par le trou d’une aiguille. Ce n’est que par un miracle qu’un riche accède au royaume de Dieu. Exactement comme n’importe quelle autre personne. Par un miracle. Uniquement par un miracle. Et ce miracle, c’est Jésus-Christ lui-même ; l’Apôtre Paul écrit de lui : « Dieu était en Christ et réconciliait le monde avec lui-même. »

    Qu’y a-t-il donc à faire pour hériter la vie éternelle ? Il ne s’agit certainement pas de jeter tous ses biens « aux cailloux du torrent », comme le voudrait un cantique du Réveil. Il ne s’agit pas non plus de dilapider sa fortune, comme le fils prodigue de l’Evangile. Les commandements de Dieu t’invitent à te souvenir des pauvres : ta richesse et ta fortune t’y aideront. Mais, pour entrer dans la vie éternelle, il n’y a qu’un miracle : «  viens et suis-moi » dit Jésus. Amen.

        Martin DEUTSCH, pasteur


Cantiques :
  

 ARC        138, 1-3    608, 1-3    607, 1-3    610, 1-3
 NCTC        138, 1-3    284, 1-3    280, 1-3    266, 1-3
     

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).