Le bon samaritain
Dimanche 10 septembre 2006
Genèse 4/1-16a
(Segond)
( Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles épîtres )
Voilà, chers amis, comment l’auteur biblique voit le genre humain : nous sommes jaloux les uns des autres, violents et assassins. Généralement nous abordons ces premiers chapitres de la Bible avec des questions tout à fait inutiles et saugrenues, comme par exemple : Où Caïn a-t-il trouvé sa femme qui apparaît tout à coup vers la fin du chapitre 4 ? Ou alors : Pourquoi Caïn va-t-il construire une ville entière, alors que, logiquement, après la naissance de son fils, sa famille ne compte que trois personnes ? Mais, si nous posons ces questions ironiques et même un peu malveillantes à l’égard de l’auteur de la Genèse, c’est peut-être pour ne pas entendre la question essentielle que Dieu nous pose, à travers cette histoire de Caïn et Abel, comme il l’avait posée au prêtre et au lévite dans la parabole du bon samaritain :
« Où est ton frère ? » Oui, chers amis, cette histoire nous demande, à chacun : A quelle catégorie d’êtres humains appartiens-tu, à la race de Caïn ou d’Abel ? Ou alors :fais-tu partie de la troisième catégorie mentionnée à la fin du chapitre, et constituée par les descendants de Seth, le troisième fils d’Adam et d’Eve ? Car la Bible nous dit, qu’ils eurent encore un troisième fils, que Dieu leur donna, pour remplacer Abel que Caïn a tué. Et, avec la naissance de ce troisième fils, Seth, apparaît aussi quelque chose de nouveau dans le monde : ce que l’on appellera, par la suite, le chemin du Salut ou le chemin du sauvetage de l’humanité.
I
Mais la première chose que l’acte fratricide de Caïn nous rappelle, c’est la réalité du mal et de la mort. Le mal est présent dans l’humanité sous la forme doublement douloureuse de la mort violente d’un fils, tué par un autre fils. On peut sourire de l’affirmation d’un dogme, comme celui du « péché originel », soi-disant introduit dans l’humanité par la désobéissance d’Adam et d’Eve. Mais les conséquences que la Bible nous en présente, ne prêtent vraiment plus à rire : jalousie, querelle, violence et finalement, meurtre entre frères. Caïn et Abel en sont des archétypes ou les témoins des origines. Mais nous en retrouvons les copies conformes à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Cela commence par des frères et des sœurs qui ne se parlent plus pour des questions d’héritage et de partage. Et cela se termine par le terrorisme, l’extermination, voire le génocide entre peuples rivaux, en passant par l’indifférence du malheur d’autrui, l’exploitation des petits par les grands, des faibles par les forts, des pauvres par les riches. Non, chers amis, les illusions ne sont pas permises : toutes les réalisations et les conquêtes dont nous sommes fiers, révèlent toujours deux faces, une bonne et une mauvaise. Et, tant que nous ne ferons confiance qu’à nos propres forces, il nous faudra entendre la question de Dieu, et cela malgré nos meilleures intentions :
« Caïn, où est ton frère Abel ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi ! »
II
Oui, cela malgré nos meilleures intentions. Car, il y a une autre illusion qui nous est enlevée, par l’acte fratricide de Caïn : c’est l’illusion de la religion ou de la religiosité. Avant l’acte fatal Dieu avertit déjà Caïn : « Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. » Est-ce que Caïn n’avait pas de religion ? Est-ce qu’il n’a pas bien agi ? N’était-il pas le premier à apporter à Dieu une offrande des fruits de son travail, exactement comme le fera, après lui, son frère Abel ? – Non, chers amis, pas « exactement » comme son frère ! Si nous lisons un peu plus attentivement, nous constatons qu’Abel met un certain soin à la recherche de ce qu’il va offrir à Dieu : »Il fit une offrande des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. » Il cherche ce qu’il y a de mieux dans son troupeau. Il y met tout son cœur pour offrir à Dieu, ce qu’il a de plus beau, ce qui lui tient, à lui-même, le plus à cœur. Son offrande exprime son amour sincère et reconnaissant pour Dieu. C’est cette disposition du cœur, c’est cet état d’esprit qui font la différence entre une bonne action et un « semblant » de bonne action. Pour Dieu il n’y a rien de pire que de faire semblant. C’est justement dans cette religion qui fait semblant, que réside la pire insulte à Dieu, le plus grand péché. Mais, que ce soit dans nos relations avec lui, ou dans nos relations avec notre prochain, Dieu regarde au cœur. C’est ainsi qu’il nous voit.
III
C’est pour cela que ce chapitre 4 de la Genèse se termine par une répartition des gens en deux catégories. Les uns sont les descendants de Caïn ! Ils ne connaissent qu’une chose : leur soi-disant « bon droit ». Et pour se le procurer, ou se le conserver, ils passeront sur des cadavres. Et la conséquence en est notre monde actuel, où la force prime le droit et, où la violence a force de loi. Mais l’autre catégorie que ce chapitre de la Genèse nous montre, ce sont les descendants du 3ème fils d’Adam et d’Eve, ce sont les descendants de Seth. Et, de cette catégorie, et uniquement d’elle, jaillira la lueur d’espoir pour notre monde en perdition. Car, c’est parmi les descendants de Seth « que l’on commença à invoquer le nom de l’Eternel ».
C’est aussi dans cette descendance de Seth que nous rencontrons nos pères dans la foi : Noé et Abraham. Et, c’est aussi dans cette descendance que Dieu fera naître celui que la Bible appelle le « nouvel Adam », le nouvel homme, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, ou le Fils de l’Homme, comme il se nommait lui-même. Et, lui-même est aussi en premier lieu notre « bon samaritain » qui prend soin de nous pour la vie et pour l’éternité. Pour cela il faut nous laisser interpeller par la question de notre texte : Dans laquelle de ces catégories te retrouves-tu ?
Il n’y a qu’une seule catégorie de gens que notre Seigneur Jésus-Christ déclare bienheureux dans les béatitudes : ceux qui sont doux, qui ont faim et soif de justice, qui sont miséricordieux, et qui procurent la paix ; car ils hériteront la terre, obtiendront justice et miséricorde, et seront appelés fils de Dieu. Amen.
Martin DEUTSCH, pasteur
Cantiques proposés : NCTC ARC
130 130
284 608
28O 607
237 544
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).