2006. 15 : 15e Dim après la TRINITE

Les biens terrestres

Dimanche 24 septembre 2006

Galates 5/25 – 6/3 + 6/7-10


( Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles  épîtres )
 

Frères et sœurs en Jésus-Christ,

D’entrée, au début de ce sermon, il faut tirer la sonnette d’alarme et dire : attention, ne vous attendez pas à dix minutes confortables et insipides ; ne dites pas : c’est archi-connu, cela va de soi, je connais la musique et pratique cette morale, savoir : porter les fardeaux les uns des autres, pratiquer le bien envers tous !
En effet, un tel résumé passe totalement à côté de ce que l’apôtre Paul voulait dire. Il ne voulait pas nous rendre attentifs à une morale de l’entraide. Paul, aujourd’hui, ne prêche pas la morale et n’enfonce pas de portes ouvertes.
C’est en effet le contexte qui donne le sens à une phrase. Lorsque Paul dit de porter les fardeaux les uns des autres, il ne pense nullement à l’entraide, à faire des courses pour les malades, à donner un coup de main à droite et à gauche.

De quels fardeaux, de quel poids s’agit-il donc ? Il ne s’agit pas de faire le travail des autres ou de rendre tel ou tel service. Ecoutez bien comment le juif André Chouraqui traduit de façon claire et percutante le verset qui précède l’invitation à porter les fardeaux : « Frères, si un homme est pris en flagrant délit, vous qui bénéficiez du souffle de Dieu, rétablissez-le dans un souffle de douceur. »

Ce dont il s’agit de se charger, ce n’est pas du travail de l’autre, mais de ses défauts, de ses déraillements, de tout ce qui fait qu’un frère ou une sœur constitue un poids pour les autres, une menace, un défaut ou une tentation.

Il n’est pas question de prendre sur soi une part de ses soucis ou de ses devoirs, mais de porter ses dettes, de prendre sur soi le poids de ses défauts, de ses péchés.
Supportez les défauts des autres, prenez sur vous une part du poids des péchés des autres.

Voilà de quoi il s’agit. Paul ne parle ici ni d’amour fraternel, ni de diaconie.
La question que traite Paul est bien plutôt la suivante : notre communauté chrétienne ne comporte pas seulement des personnes exemplaires ou des croyants parfaits. Dans chaque communauté nous connaissons des femmes et des hommes qui se sont rendus coupables, qui se sont laissés piéger par le mal, qui ont cédé aux tentations et qui, d’une façon ou d’une autre, rendent la vie communautaire difficile, constituent un poids dont tous ont à souffrir.

Voici donc la question : comment vais-je me conduire à leur égard, quelle est mon attitude vis-à-vis de chrétiens coupables et déchus ? Quelques versets auparavant, Paul évoque de tels défauts (5,20+21) ; En voici quelques exemples : querelle, jalousie, colère,  rivalité, envie, ivrognerie, division, esprit de parti…

Donner un coup de main à une voisine est beaucoup plus agréable et gratifiant que de supporter par exemple un frère qui a des problèmes d’alcool, qui déraille sur le plan sexuel ou qui ne cesse de dire du mal des autres ! Comment me conduire en ce cas, s’il s’agit de personnes de ma famille, de collègues, de ceux qui chantent dans ma chorale et célèbrent des cultes avec moi ?

Notre première réaction n’est-elle pas la répulsion ? N’avons-nous pas tendance à leur tourner le dos, à faire tout notre possible pour éviter les contacts, à marquer notre distance, à les fuir et les ignorer ? Irons-nous nous asseoir à leur table ou à côté d’eux dans les bancs, allons-nous partager le repas du Seigneur avec eux ?
Nous connaissons des communautés qui éliminent tous ceux qui se sont chargés du poids de tels défauts ou péchés. On y dit : nous devons être purs, propres et nets, afin d’être des témoins crédibles pour Jésus-Christ. Et nous-mêmes, nous nous surprenons à vouloir prendre de la hauteur, à vouloir appartenir aux chrétiens exemplaires !

Revenons à l’apôtre Paul. Que nous dit-il ? « Frères, si quelqu’un est pris en flagrant délit, rétablissez-le dans un souffle de douceur ! » « Et j’ajoute pour chacun de vous : toi aussi, tu peux être tenté par le mal ! »(6, 19)

Le chemin que Paul nous indique n’est pas le plus facile. Porter le fardeau de l’autre, ne pas le laisser seul, égaré, dans son ornière ! Continuer à le considérer comme un frère ou une sœur en Christ ; ne pas rompre les liens, mais lui faire sentir qu’on est solidaire et engagé avec lui, tout comme Jésus ne s’est pas retiré, mais a fréquenté les pécheurs, les méprisés et les réprouvés.

Mais Jésus ne s’est pas seulement laissé voir avec eux, il n’a pas seulement donné des signes tout en restant muet. Jésus a parlé, leur a parlé, est allé à leur rencontre ; « Rétablissez-le dans un souffle de douceur ». Paul n’attend pas de nous des paroles de jugement ou de condamnation, mais des appels, des encouragements, en toute clarté certes, mais avec la douceur, la miséricorde que nous confère l’Esprit.
« Vous accomplirez ainsi la loi du Christ ». La loi de celui qui a dit : ne jugez pas, afin de ne pas être jugés. Vous prenez ainsi Jésus comme exemple, lui qui a parlé du bon berger qui part à la recherche de la brebis égarée. Exemple encore de Jésus qui souffre et meurt pour les pécheurs, lui qui, entouré de bandits, prie : Père, pardonne-leur…

Frères et sœurs en Jésus-Christ, nous savons qu’on a reproché à Jésus un tel comportement. Il n’a pas engrangé des louanges, mais des reproches. La condamnation de son exemple de miséricorde l’a plongé dans la souffrance et dans la mort. Les bien-pensants l’ont puni. Mais Paul accepte cet exemple du Christ. Donner raison au Seigneur, suivre le Christ signifie pour nous renoncer à juger, accepter de porter le poids des défauts et des déraillements des sœurs et frères dans la foi. Le poids de leur péché est aussi le mien. Tout autant que moi, ils font partie du peuple de Dieu.

N’est-ce pas trop demander ? Cela semble dépasser les limites de nos capacités. C’est en effet trop lourd pour que nous fassions appel aux seules ressources de notre bonne volonté, de notre psychologie propre. Jésus, lui aussi, a vécu de telles tentations avant sa passion. S’il a pu tenir et porter le poids de nos fardeaux, c’est parce qu’il s’est adressé à Dieu dans la prière, qu’il a gardé le contact avec son Père.
Paul nous voit dans une situation analogue. Il n’y a que l’Esprit de Dieu qui nous permette de tenir, de marcher droit, de porter nous aussi le poids des fautes des autres sans les condamner, sans les humilier et les repousser avec dédain et orgueil. (5,25).

Une telle attitude d’amour et de miséricorde n’est possible que si Jésus est au cœur de notre vie. Il nous libère de l’esprit de jugement, il nous extrait du règne de la haine et de la vengeance, il nous place sous l’influence de son Esprit et nous introduit dans son royaume de paix et d’amour.

Lorsque le mal risque de nous déstabiliser et de nous entraîner dans la spirale du jugement et du rejet, lorsque des communautés chrétiennes et des frères dans la foi nous déçoivent et sont victimes des tentations, il n’y a qu’une seule chose à faire : non pas faire appel à nos forces et à notre maîtrise, mais nous adresser à Dieu dans la prière :

Seigneur, accorde-moi les forces d’en haut, conduis-moi par ton Esprit, garde-moi auprès de Jésus-Christ ; je ne supporte pas mon collègue, mon voisin me met hors de moi, je n’en peux plus à cause de mon père, de mon enfant !

 Aide-moi à vivre avec eux !
Permets-moi de garder mon calme, de les aimer, de les supporter. Accompagne-moi lorsque je les rencontre, quand je leur parle. Sans toi je déraille, je les juge. Sans toi, je me perds en disputes et reproches. Aide-moi, Seigneur, à suivre l’exemple du Christ.

Frères et sœurs en Jésus-Christ, une telle prière est nécessaire chaque fois que nous avons à porter le poids des fardeaux et des péchés des autres. Notre Dieu a soutenu le Christ, il nous donnera également les forces nécessaires. Nous saurons ainsi parler sans blesser, montrer le chemin sans offenser, construire les ponts de l’amour et faire sentir que nous tous sommes portés par l’Esprit du Seigneur et que chacun de nous a besoin de son pardon.

Prier ainsi consiste à rester branché sur le nom de Dieu ; c’est rester en contact avec le Christ ressuscité ; c’est demeurer sous la bénédiction de Dieu ; c’est être une station d’épuration pour la société et, à plus forte raison, un grand bienfait pour la communauté chrétienne dans laquelle nous vivons. Amen.

        Paul FRANTZ, pasteur

Cantiques :

    ARC    504 – 528 – 534

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).