2006. 17 : 17e Dim après la TRINITE

La foi victorieuse

Dimanche 8 octobre 2006

Esaïe 49/1-6


( Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles  épîtres )
 


Version utilisée : TOB sauf pour la référence de Genèse 12

1/a – « LA FOI VICTORIEUSE » tel est le thème de ce dimanche.

Piètre victoire que celle de ce « Serviteur du Seigneur » qui ruminait sur ses échecs et l’absence de résultats : « Moi je disais : c’est en vain…énergie » (v.4a) familièrement : « c’est pour des prunes que je me suis crevé à bosser ».
Piètre victoire que celle de son peuple qui rentre plein d’espérance d’une longue déportation et commence à baisser les bras devant les difficultés et les hostilités ; que celle des prophètes tels Jérémie, Elie, ou celle de Moïse, tous engagés à 100%, qui clament leur exaspération devant une mission qui les écrase ; que le parcours terrestre de Jésus de Nazareth en qui la chrétienté naissante a reconnu le Serviteur du Seigneur qui est LA lumière du monde, témoin fidèle jusqu’à la croix de l’amour de Dieu pour tous et de sa volonté de sauver chacun ; que l’expérience successive de générations de chrétiens, y compris la nôtre, quant au résultat souvent dérisoire vu le travail effectué, et dont les réalisations les plus « glorieuses » selon nos critères bien humains, n’ont pas toujours été des plus réussies.

1/b – Qu’il s’agisse, comme dans Esaïe 49, d’un Serviteur bien précis, ou plutôt du peuple d’Israël, appelé à concrétiser au service du monde la promesse de Dieu faite à Abraham : « tu seras une bénédiction, et toutes les familles de la terre seront bénies par toi » (Genèse 12/2a+3b), qu’il s’agisse dans la Nouvelle Alliance de Jésus-Christ et de son Eglise, partout et toujours s’élèvent vers Dieu les mêmes plaintes et les mêmes désespérances.

Editées en 1995, des paroles  de notre génération l’exprimaient ainsi :
« J’ai posé ma tête sur cette immense terre comme sur la poitrine d’une accueillante mère. Et j’entendais pleurer la terre comme souvent pleurent les mères : des essais nucléaires secouaient ses entrailles, des pelles mécaniques au grincement cynique enterraient 300 corps sans visage et sans nom dans des fosses communes. Et j’entendais crier la terre comme souvent crient les mères : j’entendais fonctionner les centres de torture, on perçait des tympans, on lavait des cerveaux, on fusillait soudain l’évêque à son autel, le père à la maison, l’étudiant dans la rue. Et j’entendais prier la terre comme souvent prient les mères : du fond de ma misère je crie vers toi, Seigneur… Et j’entendais chanter la terre comme souvent chantent les mères : on a tué des fleurs, étouffé des bourgeons, mais rien n’empêchera que vienne le printemps. »

2 – Esaïe écrivait : « en fait mon salaire m’attendait auprès de Dieu. » (v.4b)
Alors, devons-nous simplement nous consoler en espérant « qu’il en reste malgré tout quelque chose » ? Est-ce cela « la foi victorieuse » ? Avouons que nos évaluations ne sont pas toujours faciles à vivre quand nous faisons le bilan des traces laissées par des années d’efforts, de discernements, de temps et d’énergie consacrés avec enthousiasme, et que nous nous retrouvons brutalement à la case départ, comme si nos forces créatrices n’avaient jamais agi (mot en hébreu : TOHU : chaos cf. Gen. 1/2a) et cela pour x raisons ; ou quand nous percevons des reproches de la part de ceux qui nous jugent en termes de comptabilité et de rentabilité ; pire, quand tout s’effondre dans notre existence et que nous nous retrouvons toutes lumières éteintes au fond du trou et que monte vers Dieu ce cri d’intercession : «  Seigneur, il/elle tend les mains vers toi, tu es son ultime secours, son espérance, seras-tu sa délivrance » ?

3a – Puis surprise, une surprise de taille ! D’abord Dieu refuse la démission – cela n’est pas nouveau, certes, encore ferions-nous bien d’y prêter attention – mais, sans démentir ni atténuer le constat catastrophique d’Esaïe, voilà que Dieu renouvelle immédiatement son embauche et augmente ses responsabilités, lui assignant comme secteur pour son activité la terre entière. Quel patron déroutant ! Esaïe espérait une prime de licenciement qui tiendrait compte de ses efforts à défaut de rentrées pour Dieu, et le voici, contre toute logique humaine, non seulement re-confirmé dans sa mission 1ère : par toi je manifesterai ma splendeur mais en plus, investi des plus hautes responsabilités : «  Je t’ai destiné à être la lumière des nations » (v.6b)

3b – Avec Dieu c’est le monde à l’envers, un vrai mystère que chaque nouvelle génération doit apprendre à décrypter, à transposer dans le quotidien, car il se révèle être à l’inverse de nos réactions viscérales, à l’opposé de notre expérience journalière. Nous savons bien que la gloire avec toute la force d’attraction qu’elle exerce ne s’acquiert qu’à travers le visible, le tangible, et encore mieux à travers le spectaculaire, dut-il être le fruit de montages artificiels ou de manipulations. Le fait que Dieu puisse révéler sa gloire, nous faire découvrir qu’elle exerce une force attractive parce qu’elle répond à nos aspirations les plus profondes, qu’il peut dresser un bilan positif avec tous nos déficits, nous déroutera et nous insécurisera toujours. Il est bien difficile de résister à la tentation du « payant avant tout », en un mot : du valorisant. Esaïe ne le vit guère autrement : il est heureux « d’avoir du poids (en hébreu le même verbe signifie : peser et honorer) aux yeux de Dieu » (v.5b)

3c – Ce qui donne du poids aux yeux de Dieu et non aux yeux du monde est le critère incontournable pour tous ceux qui se veulent serviteur et servante de Dieu, dans la confiance que Dieu se sert aussi bien de nos retombées, aussi minimes soient-elles, et de nos échecs en y englobant même nos erreurs, que des émergences ponctuelles qui nous confortent dans nos engagements. Attention : restons sérieux ! il n’est pas question de travail au rabais, de relâchement dans nos efforts, de discernements et de mise au point rigoureux, d’abandonner à notre bon vouloir les tâches et les responsabilités à assumer. Il s’agit d’éviter les deux tentations : d’un côté manager seuls, persuadés que nous nous y connaissons mieux que Dieu en matière de résultats terrestres, oubliant que ce n’est pas le volume du résultat qui compte, mais le matériau employé pour la construction : paille ou or (1 Cor.3/12) ; de l’autre côté jeter l’éponge et s’enfermer dans une résignation stérile ou, pire, décrocher déçu et insatisfait.

L’essentiel est de nous laisser mettre humblement en route par la parole de Dieu, à la suite de Jésus-Christ, chacun individuellement et tous ensemble, du mieux que nous le pouvons, encouragés par les victoires réelles de la foi agissante, motivés par l’espérance en la victoire finale de la foi, sans oublier que le serviteur ne sera jamais mieux loti que son maître, car, ni les serviteurs de l’Ancien Testament, ni Jésus-Christ, ni à sa suite les serviteurs de l’Evangile n’ont travaillé en vain dans l’obéissance à la parole de Dieu. Des milliards de gens ont trouvé la lumière qui a donné sens à leur vie, réorientation à leur existence et une espérance qui demeure jusque dans la mort.

4 – Dès lors, comme Esaïe, repartons (d’ici) avec un nouvel élan, nous emparant de ses paroles : « Dès lors, j’ai du poids aux yeux du Seigneur, et ma puissance c’est mon Dieu » (v.5b). Relevons le flambeau bien haut et continuons à le faire circuler pour que sa flamme atteigne et éclaire chacun, jusqu’à ce que notre parcours terrestre se terminant, nous passions le relais. Reprenons ou prenons, bon pied, bon œil, et bonne oreille, notre service, certes difficile parce que être lumière requiert beaucoup de respect, d’imagination, de sagesse, d’amour – il s’agit d’une bonne nouvelle et non d’une agression – mais aussi beaucoup d’abnégation, d’humilité et de souffrances morales et physiques, car le chemin de la victoire et des victoires remportées passe par le sacrifice.

Prenons ou reprenons notre service, gardant bien en mémoire que : tout comme Esaïe qui avait reçu le don de manier la parole comme une épée pointue et une flèche qui arrive à atteindre son but au loin, nous disposons chacun de dons et de possibilités pour faire un tant soit peu reculer l’obscurité autour de nous que : dans les tourments, dans les découragements et les solitudes, dans les effrois et les horreurs de la barbarie humaine, et l’insupportable dans lesquels nous entraîne la confrontation avec les ténèbres qui pèsent sur l’humanité, Dieu demeure notre refuge. (v.2a) Ne nous laissons pas hypnotiser ni vaincre par tout ce qui ne va pas ou mal, ni par l’évocation d’un passé aux couleurs d’autant plus chatoyantes que s’estompent ses problèmes.

Continuons, n’abandonnons pas, quels que soient nos parcours individuels ou communautaires.

La foi victorieuse, c’est tout d’abord la victoire de l’espérance sans cesse renouvelée en Dieu, qui avec Jésus-Christ nous a donné sa Parole d’être et de demeurer à nos côtés ; c’est la victoire d’une espérance qui nous soutient et nous aide à nous soutenir mutuellement, qui nous donne la force de nous remettre debout et d’aider ceux qui n’en ont plus, qui renouvelle en nous le courage pour un engagement persévérant. Cette foi ouvre la voie aux victoires perçues ou non dans l’immédiat, mais autant de lumières allumées sur terre, témoins généralement bien modestes, mais ô combien parlants, souvent dérangeants, avant goût de la vie dans toute la richesse de sa plénitude, dont seul Dieu peut nous combler. Amen.

    Marie-Louise CARON, pasteur


Cantiques : 
  

            NCTC            ARC
            Ps. 134          Ps. 134    Bénissons Dieu
            249               522        Sur ton Eglise
            244               228        Qu’aujourd’hui toute la terre

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).