2007. 12 : 12e Dim après la TRINITE

12e Dim. a. la Trinité – Marc 8, 22 à 26
EPAL – Service des Lecteurs – Evelyne SCHALLER


                              12e Dim. a. la Trinité

                                     26 août 2007

                             La grande guérison

                                   Marc 8, 22 à 26

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Jésus vient tout juste de refuser un signe aux pharisiens incrédules. Il vient tout juste de constater le peu de foi de ses disciples, qui s’étaient affligés à cause d’un oubli de pain lors de leur voyage par bateau, alors que Jésus venait à peine de multiplier 5 puis 7 pains pour des milliers d’hommes et de femmes.

Et voici le signe de l’aveugle, celui qui avant sa guérison finale ne voyait que des hommes semblables à des arbres.
Une guérison d’aveugle, une de plus me direz vous !

Que peut elle, cette histoire là, nous apporter de nouveau ?
Sommes nous munis du même carcan d’incrédulité que les disciples d’alors et les pharisiens ?
Un signe ! Encore un signe ! Et pourtant nous n’y voyons rien…que des arbres, et encore.

Strauss, dans son opéra intitulé « Salomé »pose aussi la question de la foi et des signes. Question posée à Salomé qui répond cyniquement en disant « je ne crois pas aux miracles, j’en ai vu trop de la sorte ! »

Il fut une époque au cours de laquelle les chrétiens affectionnaient beaucoup signes et prodiges. Ils y trouvaient la certitude de la divinité de Jésus et de la divinité de ses actes.

Les choses ont beaucoup changé de nos jours. Bien sûr, nous avons la nostalgie du miracle, nous l’espérons encore, dans l’épreuve, dans la détresse, mais en réalité nous y croyons si peu, nous l’attendons si peu !
Semblables sommes nous, en tous points de vue, aux pharisiens et aux disciples de notre passage de l’Evangile de Marc .Et si nous sommes encore de ceux qui portent un tant soit peu de foi aux miracles de l’époque de Jésus, nous sommes persuadés que ce temps béni est révolu.

Aussi, une guérison d’aveugle, une de plus, que peut elle nous apporter ?
Toutefois , ce qui est étonnant et nouveau du point de vue biblique, c’est qu’il s’agit d’abord curieusement d’un miracle raté. Ou du moins d’un miracle pour la réussite duquel il faut s’y reprendre à deux fois.
Observons bien ce qui se passe : le miracle de Jésus a un rôle à la fois pour la société et pour l’individu qui s’y trouve, il a un rôle psychologique. Jésus n’agit pas en dehors de tous les autres problèmes qui entourent le malade, il en tient compte et agit en fonction d’eux.

Jésus ne dénoue pas seulement la maladie, pas seulement le malade, il dénoue aussi tous les liens avec son entourage plus ou moins proche.

Dans le texte nous sommes attentifs à tous ces « on » qui amènent l’aveugle auprès de Jésus : il y a ces mains qui le soutiennent et qui le guident, qui le dirigent et décident à sa place.

Peut être que tous ces gens bienveillants à leur manière, gardent l’aveugle dans son handicap. Même s’ils croient bien faire, ils le gardent dépendant, inquiet, incertain, ne voyant et surtout ne sachant pas où aller. Est-ce là un aveuglement poussé à son comble par le milieu social, parental, amical, qui entoure le malade ?
Il y a double cause de l’aveuglement sans doute, et cela peut être une des explications du fait que Jésus s’y prenne à deux fois pour le guérir.

Premier acte : Jésus sépare le malade d’avec son milieu, il le prend à l’écart, il l’éloigne du village et même à la fin de la rencontre salvatrice il lui déconseille de revenir au village, comme s’il y avait quelque rechute possible.
Viennent en suite les gestes de Jésus, des gestes d’amour, de psychologie et de pédagogie. Le prenant par la main, lui mettant de la salive sur les yeux, lui imposant les mains et enfin : lui demandant ce qu’il voit.
Oui, ce que l’aveugle voit ! Par cette question, le maître lui propose un accès à sa propre parole, à son propre jugement, à son propre regard.

Je reviens d’abord sur le fait du toucher : prendre la main, mettre de la salive sur les yeux, ce n’est pas une approche singulière, mais c’est l’entrée dans la sphère de l’intime avec l’autre, la sphère de la compréhension aussi, celle de l’acceptation de l’autre avec sa différence, sa souffrance et son altérité. Prendre longuement quelqu ‘un par la main est souvent plus important que de grandes paroles qui restent superficielles sans ce contact. Puis vient la parole ! Non pas une parole pour remplir, pour indiquer, pour diriger une fois de plus celui qui a été dirigé par les autres durant toute sa vie d’aveugle. C’est au contraire une parole qui porte ouverture et donne place à l’autre. Jésus le questionne : « que vois tu ? ».

Il lui ouvre non seulement les yeux mais encore la bouche, l’esprit et peut être le cœur. Il ne va pas lui donner une réponse toute faite comme le faisait son entourage jusque là, par contre il lui donne la chance de s’exprimer et de s’affermir, de se réaliser en quelque sorte .Pour donner à l’homme d’être enfin lui-même, même si cela doit commencer dans le bégaiement, dans l’hésitation, dans le flou, dans l’incertain, jusqu’à voir « des hommes comme des arbres ».

L’aveugle, pris par la main, éloigné de son milieu trop protecteur, appelé à parler et à voir, va découvrir qui il est réellement, c’est-à-dire quelqu’un capable de voir, de s’exprimer et d’agir. Maintenant que nous avons parlé de pédagogie, de psychologie, où est donc la place de la foi ? Curieusement, Jésus ne l’évoque guère. Il n’y a pas dans ce récit, l’habituel schéma d’une guérison avec l’incontournable question de la foi »crois tu ? », ni, en conclusion, la louange de celui qui est guéri.

Mais je vous invite à comprendre ce texte à l’aide de cet autre texte de l’évangile pour ce même dimanche, dans lequel le royaume des cieux est le résultat de l’amour de Dieu et du prochain, c’est-à-dire le résumé des deux tables de la loi.
Qu’est ce qu’il nous apprend de plus ? Que la première partie de cette loi, l’amour de Dieu nous permet d’avoir du recul, nous fait admettre qu’il y a un Autre, qui nous transcende, nous dépasse et nous élève. C’est Jésus qui prend l’aveugle par la main, qui le sépare d’avec les autres, d’avec le village, lui faisant prendre du recul pour avoir, enfin, la possibilité de voir !

Par la deuxième partie de cette loi, nous comprenons que l’amour du prochain est rendu possible par l’amour de Dieu. Ce que l’aveugle va voir, ce sont des hommes, même s’ils sont, dans sa première vision, difformes, ou uniformes. L’essentiel c’est qu’il les voit !

Ce que Jésus permet ensuite, c’est la parole, l’expression personnelle et le rapport réel avec l’autre.
Aussi, si notre texte ne porte pas les mots habituels de Foi, il porte les marques mêmes de l’amour de Dieu, ce Dieu libérateur et salutaire pour que les hommes vivent en harmonie entre eux, se respectant, se reconnaissant et s’aimant. C’est ce que je vous souhaite aussi. Amen.

Evelyne Schaller

Chant Arc en ciel :

N°408 « ouvre mes yeux Seigneur »


PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL. Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr), jusqu’en 2009. A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MPRSBRONN-LES-BAINS (tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction. Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER (tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).