2007. 14 : 14e Dim après la TRINITE

9 septembre 2007

 Le samaritain reconnaissant

 Genèse 28, 10-19a

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Abraham, Isaac et Jacob : les trois patriarches, les ancêtres de tout le peuple d’Israël. Des hommes avec leurs qualités et leurs défauts ; et justement, leurs faiblesses sont aussi mentionnées dans les récits de l’Ancien Testament. Il n’y a pas eu de censure pour supprimer ce qui n’est pas à leur honneur. Tout simplement parce qu’avant de raconter l’histoire de ces hommes, la Bible raconte les grandes actions de Dieu, ses interventions dans le déroulement de l’histoire.

Abraham, Bédouin errant dans le Proche-Orient à la recherche de pâturages pour ses troupeaux, devient par pure grâce l’ami de Dieu ; celui-ci lui accorde ce dont il souffrait tant d’être privé à cause de la stérilité de sa femme Sara, un fils, Isaac. En plus, Abraham se voir promettre une terre bien à lui qui sera non seulement la patrie de ses descendants, mais le point de départ de la promesse du salut pour tous les habitants du monde.

Pour Jacob, le petit-fils d’Abraham, c’est encore et toujours la grâce qui sera le dernier mot de Dieu. Revenons au récit de sa naissance : il sortit du ventre de sa mère en tenant dans sa main le talon du frère jumeau qui l’avait précédé, Esaü. « Tenir le talon » en hébreu est à l’origine du nom Jacob : celui qui tient le talon, mais aussi « celui qui tend un piège, celui qui roule son prochain ». Et Jacob est effectivement un véritable fourbe : vous connaissez l’épisode où il achète le droit d’aînesse, c’est-à-dire la plus grosse part d’héritage, pour un plat de lentilles. Il soulève encore davantage notre indignation par la comédie qu’il joue près du lit de mort de son père en se faisant passer pour Esaü, afin de s’assurer la bénédiction paternelle.

De telles histoires dans la Bible ! Cela a choqué ou mis dans l’embarras plus d’un croyant. On se demande où est la morale de l’histoire. Où est la morale ? – Question qui est ici sans importance. La Bible a pour but de révéler la personne et l’œuvre de Dieu ! C’est la grâce de Dieu qui est annoncée ; d’une manière radicale, puisque cette grâce est accordée à celui qui l’avait le moins méritée, celui qui est indigne, le menteur, le tricheur, le voleur. Pour bien montrer ce qu’est la grâce : la grâce est l’exercice de Dieu de la liberté souveraine ; par elle est bénie et demeure béni l’homme dont le mensonge à son père et la tromperie d’un aveugle disqualifiaient complètement à nos yeux. À nos yeux à nous, pas à ceux de Dieu ! Heureusement, car si la bénédiction de Dieu ne s’adressait qu’à ceux qui la méritent, pourrions-nous alors l’espérer ?

C’est un évangile, une bonne nouvelle, que l’histoire de Jacob ! Une bonne nouvelle pour nous, aujourd’hui, si nous acceptons de l’écouter, non avec nos idées et nos préjugés, mais éclairés par l’Esprit qui atteste que nous sommes enfants de Dieu, enfants auxquels le Père offre et ne cessera pas d’accorder sa grâce…

Après ses mauvaises actions, voici maintenant Jacob obligé de fuir devant la menace de mort qu’Esaü a proférée à son encontre ; le voici traversant une région hostile, pour aller vers un avenir dont rien ne garantit qu’il sera favorable. Le soleil s’est couché et Jacob est dans la nuit, autant à cause des menaces qui pèsent sur lui qu’en raison de l’heure tardive. Il dort à la belle étoile.

Mais Dieu veille sur lui et lui accorde de voir en rêve une échelle, ou plutôt un escalier monumental reliant la terre au ciel. Les anges montent et descendent, faisant la navette entre Dieu et l’homme qui est allongé là. Dieu n’est pas lointain, inaccessible ; nous ne sommes pas séparés de lui d’une manière définitive. Il y a une voie de communication, il y a des messagers que Dieu envoie vers nous. Non, nous ne sommes pas seuls, abandonnés, lorsque nous sommes menacés par tous les « Esaü » qui en veulent à notre paix, ou peut-être par le remords qui nous tenaille, lorsque nous nous sentons étrangers et perdus sur notre terre qui, malgré tout ce qui y grouille, est parfois un désert… Dieu est là, Dieu ouvre son ciel pour Jacob et tous ses disciples…

Aucune parole de reproche, de remontrance ! On attend que Dieu fasse la leçon : « Tu vois où cela t’a mené ! Tu voulais faire le malin, te voilà seul, en fuite dans un pays étranger ; tu aurais mieux fait de… » Rien de tout cela ! Au contraire, Dieu promet d’accompagner Jacob. Il emploiera d’autres moyens pédagogiques pour le ramener sur le chemin prévu pour lui. Dieu s’adresse aux hommes tels qu’ils sont ; c’est son amour gratuit qui montre au pécheur qui il est ; pas besoin d’accusations et de preuves de culpabilité. Jésus confirme cette manière d’être et d’agir de Dieu en se tournant vers les pécheurs, les faibles, les perdus.

Jacob « eut de la crainte et dit : que cet endroit est redoutable ! Ce n’est rien moins que la maison de Dieu, c’est la porte des cieux. » Réaction classique, normale, humaine : la crainte ; crainte parce que Jacob a compris que le Dieu tout haut dans le ciel est en même temps le Dieu tout proche, devant lequel on ne peut pas se cacher, le Dieu qui se mêle de nos affaires, même personnelles et privées.

Dieu nous accepte tels que nous sommes, il pardonne nos fautes les plus graves ; et Dieu veut nous faire changer ! Ce changement ou cette conversion peut être plus ou moins rapide, le chemin de la  rédemption peut être plus ou moins long. Jacob va se rendre chez son oncle Laban, à Haran ; il y restera vingt ans ; il y sera trompé, mais il grandira spirituellement. Dieu le guidera et le protègera pendant son séjour, mais Dieu le transformera aussi ; après, ce ne sera plus le même Jacob. Et l’histoire se terminera par la réconciliation avec son frère…

Jacob a vu les anges monter et descendre. Le prophète Esaïe, plus tard, souhaitera davantage ; il s’écriera : « Oh, si tu déchirais les cieux et descendais… » et sa prière se réalise à Noël. Dieu lui-même est venu près de nous, avec nous, Emmanuel, sans que rien dans son aspect, celui d’un nouveau-né, ne puisse provoquer la peur. Et Jésus a fait allusion au songe de Jacob en disant : « Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’Homme ». Dans le Nouveau Testament, l’échelle menant à Dieu n’est plus liée à un endroit géographique, le sanctuaire de Béthel par exemple, mais à la personne de Jésus-Christ. C’est lui l’escalier vers Dieu – ou le pont, ou le chemin, de toute façon, ce ne sont que des images. Par lui, Dieu est proche, présent parmi nous, là pour tous les hommes. Par lui, Dieu prouve son amour pour nous…

Notre texte se termine ainsi : « Jacob prit la pierre, il l’érigea en stèle et versa de l’huile sur son sommet. Il donna le nom de Béthel à cet endroit. » Jacob dresse un signe mémorial de la grâce qu’il a reçue, pour que les générations futures se souviennent de la rencontre entre leur ancêtre et Dieu. Plus tard, les Israélites construiront à cet endroit le temple de Béthel (Béthel signifie « maison de Dieu »). Pour nous, la « maison de Dieu » est là où nous nous réunissons au nom de Jésus-Christ pour nous souvenir de ce que Dieu a fait pour nous, pour écouter ses promesses, pour recevoir sa Parole et sa force. Et puis nous avons comme signe mémorial de la grâce de Dieu offerte par Jésus-Christ la sainte cène : « Faites ceci en mémoire de moi ». Chaque fois que nous nous approchons de l’autel, nous sommes les hôtes du Seigneur auxquels il ne cesse de redire son amour, son pardon et sa fidélité. Amen.

Cantiques :

            Psaume 36.

            ARC 562.     NCTC 225.     AL 23.10.

            ARC 405.     NCTC 300.     AL 43.06.

Denis Klein, Pasteur à Offwiller.

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).