2007. 18 : 18e Dim après la TRINITE

Dimanche 7 octobre 2007

Le grand commandement

Exode 20,1 – 17

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Un pasteur commença l’explication des 10 commandements à sa classe de confirmands en leur posant cette question : « Quel est le but des 10 commandements ? » Un des catéchumènes, pas froid aux yeux, répondit gaillardement : « ils sont faits pour être transgressés ! « Vous devinez que sa réponse fut saluée par un grand éclat de rire général.
Cette réponse contient une part de vérité. Chaque interdiction suscite en nous un désir manifeste de la contourner. Il n’y a pas que nos jeunes qui, voyant que l’entrée à tel film est interdite aux moins de 12 ou 14 ans, éprouvent une folle envie de tricher avec leur âge.

Qu’est?ce que cette envie de transgression veut dire par rapport aux dix commandements ? Sans aucun doute qu’ils sont ressentis comme une contrainte insupportable, une espèce de camisole de force dans laquelle on n’a pas envie d’entrer. L’homme est ivre de liberté et veut en faire à sa guise. Le bonheur suprême lui semble être pouvoir tout faire ce qu’il veut, sans limites et sans frontières. Et tant pis pour les autres si ma liberté efface celle des autres : ils n’ont qu’à faire place et à s’écarter.

Peut?être avez?vous compris que notre erreur fondamentale réside dans cet égoïsme primaire et grossier. Car notre bonheur n’est pas d’être libre de faire tout ce que nous voulons, mais ce que nous devons. Car la voie de l’égoïsme sans limite nous conduit à un isolement fatal. Les autres me fuient à cause de mon autoritarisme tyrannique, et je me retrouve bien seul et sans amis.
C’est donc pour notre bonheur, le vrai, c’est pour notre paix intérieure et notre épanouissement que Dieu met en face de nous sa volonté. Et c’est pour que la vie des humains en général se déroule dans un climat de paix et d’harmonie, que nous annonçons cette volonté jusqu’à nos jours. Loin d’être une camisole de force et une désagréable contrainte, le décalogue est en réalité une garantie de liberté et de bienheureuse justice pour l’homme pris individuellement et collectivement.

Quelqu’un dira, comme le jeune homme riche qui, cherchant la voie parfaite qui mène à Dieu, dit à Jésus : « Tous ces commandements de la loi, je les ai observés depuis ma jeunesse ! ». Et, si l’on y regarde de manière superficielle, cela semble être juste. Mais : suis?je vraiment en harmonie en tout point avec le 5° commandement parce que je n’ai jamais tué personne ? N’ai?je jamais transgressé le 6° commandement parce que je n’ai jamais couché avec une autre femme ?
Écoutons plutôt quelle dimension de profondeur Jésus donne au 10 commandements (Matthieu 5, v,21-22) : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commettra un meurtre en répondra au tribunal. Et moi je vous dis : quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal ; celui qui dira à son frère : « imbécile » sera justiciable du Sanhédrin ; celui qui dira « fou » sera passible de la géhenne de feu. Écoutons encore comment Jésus approfondit la compréhension du 6° commandement (Matthieu 5, v,27?28) : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Et moi, je vous dis : quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son coeur, commis l’adultère avec elle. »
Cette dimension de profondeur des commandements devient si colossale, que nous avons tous compris, que personne, qu’aucun homme n’est capable de les observer de manière absolue. C’est ce qui faisait dire à Martin Luther que le décalogue est un pédagogue qui nous conduit à la découverte de notre péché et nous ouvre les yeux sur notre nature corrompue.

Mais alors, direz?vous : le décalogue n’est pas ce code de liberté qui nous aide à vivre plus librement ? Si, il l’est et le reste. Il l’est dans le Christ, par le Christ et avec le Christ. Avec lui, la main dans la main, le regard fixé sur le Maître, le chrétien peut marcher joyeusement et librement sur sa route, avec comme boussole le décalogue ce précieux indicateur de direction. Parce que Christ a accompli pour lui la volonté de Dieu de façon parfaite. Certes, il trébuchera souvent sur la route, mais il sait que le Christ le relèvera et lui donnera toujours à nouveau les forces nécessaires pour continuer à marcher.
Ainsi, tout désir orgueilleux de mériter son ciel est exclu. Et cela est salutaire à notre modestie et notre humilité. Mais c’est aussi et surtout une bienheureuse libération : nous voici libérés de la tension insupportable d’une obéissance parfaite irréalisable. Nous pouvons vivre devant Dieu et les hommes tels que nous sommes : des pécheurs pardonnés, essayant de suivre avec joie la voie de leur Maître. Nous savons que notre bonheur et notre paix sont en fonction de notre harmonie avec la volonté de Dieu.

Essayons de mieux le comprendre à partir de 2 exemples du décalogue, le premier relatif à notre relation avec Dieu lui?même, le second relatif à notre prochain.
Le premier commandement dit : « C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. Tu n’auras pas d’autres dieux face à moi ! Pourquoi ce rappel : « qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » ? Eh bien ! C’est précisément pour rappeler aux croyants d’Israël et à tous les croyants de tous les âges la volonté bienveillante et libératrice de Dieu à notre égard : « vois?tu, mon peuple, sans ma sagesse et ma sollicitude, tu serais resté esclave en Égypte ! » Quant à nous aujourd’hui, nous pouvons traduire tranquillement : nous serions restés, esclaves de nos propres servitudes et égoïsmes, de l’appât du gain et de la dureté de nos coeurs. C’est tellement vrai que nous sommes tentés par toutes sortes de puissances qui essaient de nous embobiner et de nous faire retomber en esclavage. Il y en a qui ont succombé à l’alcool, et qui ont sacrifié sur l’autel de ce dieu leur santé, femme et enfants, travail et gagne?pain. Des jeunes se sont liés pieds et mains à la drogue, apportant à l’autel de ce dieu cruel santé, le temps de leur jeunesse et leur avenir. Et que dire des dieux qui s’appellent argent, sexe, gain, et qui exercent leur pouvoir tyrannique sans pitié ?
Mais il faudrait rappeler aussi qu’il existe un petit dieu caché qui est d’autant plus dangereux qu’il paraît modeste et passe presque inaperçu : c’est notre moi, notre ego. C’est le petit dieu caché et bien enfoui au?dedans de nous qui exerce sur nous une autre tyrannie : celle de tout ramener à lui et de se vouer à une self?adoration. Face à tous ces dieux et à toutes ces tentations, la Bible nous appelle à tourner nos regards vers le seul vrai Dieu, le Seigneur de toute vie, qui seul est libérateur et source de bonheur.

Voulez?vous, pour terminer, que nous prenions un autre exemple, tiré de la 2° table de la loi, celle qui est orientée vers le prochain. En fait, ils sont tous concentrés dans le commandement de l’amour. Jésus dit : (Matthieu 5, v,43-45) Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ”.
C’est clair : la volonté de Dieu, c’est que nous dépassions le seul amour naturel envers ceux qui nous aiment en retour. Les païens en font de même. Le véritable amour, l’amour nouveau, celui dont Jésus seul nous a donné l’exemple, c’est l’amour gratuit, l’amour total qui se donne sans calcul, l’amour qui se livre, alors même qu’il n’est pas aimé en retour. L’amour qui trouve son bonheur en aimant le premier, au lieu de chercher à être aimé.

Conclusion : Voilà pourquoi et comment le regard sur la volonté de Dieu, loin d’être une désagréable contrainte, est la source même de la joie de vivre et de la vraie liberté du chrétien. Et, pour le dire avec une parabole : le coeur de l’homme est semblable à une harpe, et la volonté de Dieu qui touche son coeur le harpiste. Plus les cordes de la harpe sont pures et bien accordées, plus pure et harmonieuse est la mélodie qu’elle reflète. En revanche, si les cordes sont mal accordées, les sons que rendra la harpe seront discordants. Puissent nos coeurs rendre un écho harmonieux et agréable à chaque sollicitation de notre Dieu.

Amen.         

Ernest M A T H I S

CANTIQUES (Arc-en-Ciel)

1/1-3    119/1-3    602/1-3    608/1-3    606/4+5

 ¼ – Service des Lecteurs – SL – 07,10,2007 – Ernest MATHIS.

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).