2008. 18 : 18e Dim après La TRINITE

18e Dimanche après la Trinité – Ephésiens 5, 15-21
EPAL – Service des Lecteurs – Pierre KEMPF


                               18e Dimanche après la Trinité

                              Dimanche 21 Septembre 2008

                                 Le grand commandement 

                                        Ephésiens 5, 15-21

Série VI (Reihe VI)  : liste complémentaire II :


(Remarque concernant le texte :
Le verset 16 présente  une petite difficulté de traduction: la traduction Colombe dit « rachetez le temps »  de même l’allemand « kaufet die Zeit aus », ce que rend exactement le verbe grec. Français Courant, TOB et Jérusalem écrivent en gros « profitez des occasions », ce qui n’est pas faux, mais est plus éloigné du texte original).

Sœurs et frères

Dans cet appel à la sagesse, l’apôtre donne d’abord une appréciation sur l’époque où il vit. Suivons-le dans sa façon de l’évoquer, comment il envisage la vie inspirée par l’Esprit Saint  et la manière dont il glisse dans ces considérations le rôle du culte chrétien.

1.    Le contexte et la façon de l’appréhender
« Les jours que nous vivons sont mauvais », en entendant ces mots on se croit replacé dans le contexte moderne de crise qui provoque un peu partout manque d’espérance et contestation. Nous ne savons pas exactement à quoi l’apôtre fait allusion. Les Actes des Apôtres rapportent que l’apôtre Paul a eu bien des déboires à Ephèse, dont il a été chassé  parce que le commerce touristique local a eu peur que sa prédication ne mette en danger son chiffre d’affaires. Il se peut qu’il fasse allusion à la difficulté des chrétiens d’exister et de témoigner dans une société païenne. Il se peut aussi qu’il interprète ces épreuves comme des signes des derniers temps, c’est à dire du temps du jugement. En tous cas, il prend en compte la difficulté que ses lecteurs peuvent rencontrer à leur époque pour être des chrétiens engagés.

Son premier conseil est d’agir avec sagesse et non comme des insensés. Les chrétiens ne sont pas des excités qui foncent n’importe où, n’importe comment. Nous sommes invités par l’apôtre, mais aussi par l’Evangile et par toute une partie de l’Ancien Testament, à la sagesse. Elle consiste à analyser sérieusement les situations, à envisager les solutions possibles et à choisir celles qui nous semblent les meilleures, en nous fiant à la raison et pas seulement à nos émotions ou aux élans de nos cœurs.
Cela est résumé par l’expression que les traductions anciennes rendent par « rachetez le temps » et que les récentes interprètent  par « profitez des occasions ». L’apôtre n’utilise pas, pour parler du temps, le mot qui évoque la météo ou bien le temps qui passe. Il utilise un terme bien spécifique au Nouveau Testament, qui signifie « le moment où des choses deviennent possibles », c’est à dire celui où l’occasion se présente. En effet, le temps ne s’écoule pas de façon uniforme, il est des moments où tout se bloque, où prévaut l’impression que rien n’est possible ; il est des moments où une fenêtre s’ouvre, où un mot, une action, peuvent réussir parce que tout était mûr. L’évangéliste Marc utilise d’ailleurs le même mot quand Jésus commence à prêcher et dit en gros : « le temps est accompli, le royaume de Dieu est proche, convertissez vous». L’apôtre nous invite à reconnaître les occasions où le temps est mûr, et d’agir à ce moment-là. Y arrivons-nous ?

2.    La vie dans l’Esprit Saint
Les historiens nous apprennent qu’au premier siècle de notre ère, les orgies avec repas abondants, boissons fortes et réjouissances plus ou moins convenables étaient courantes dans certains milieux autour de la Méditerranée. Si l’apôtre dit « ne vous enivrez pas de vin », c’est sans doute parce que, même en milieu chrétien, devant la difficulté de la vie, la tentation des drogues et de la violence était réelle. C’est un état de fait que nous retrouvons dans nos sociétés dites d’abondance où certains, pour fuir leurs problèmes ou leur solitude tombent dans des addictions diverses, jeu, alcool, drogue etc… Par un jeu de mots avec le mot « plein », l’apôtre dit qu’il ne faut pas être « plein de vin » mais « plein d’Esprit Saint ».

Dans les versets précédents, il a rappelé aux chrétiens qu’ils avaient reçu du Christ une vie renouvelée, exempte du besoin de se faire valoir inutilement, de se laisser guider par leurs seuls désirs ou d’utiliser même le mensonge pour se sortir de situations difficiles. « Vous avez reçu une vie nouvelle », dit-il, « un autre esprit que celui de la vanité, de l’orgueil, vivez-en ». Cet esprit nouveau, c’est celui qui est promis au baptême et que donne le Christ, l’Esprit Saint. La réalité du don de l’Esprit Saint traverse tout le Nouveau Testament : il n’est pas réservé à certains, il est donné par le Christ lui-même à tout chrétien qui le demande.
Evidemment, parler du Saint Esprit fait penser souvent à des phénomènes particulièrement spectaculaires comme parler en d’autres langues ou guérir par imposition des mains. En fait, dans le Nouveau Testament, l’Esprit que donne le Christ est avant tout un esprit de sagesse, d’amour, de compréhension, de patience : ce sont là les fruits de l’Esprit Saint. Cet Esprit est donné par la Parole annoncée. Celui qui entend l’évangile, le prend au sérieux  et le met en pratique a beaucoup de chances d’être sous l’influence du Saint Esprit. Sans faire des choses prodigieuses, il devient tout simplement un humain convenable, droit, sage et aimant, capable de rendre service, de se soumettre même à un autre pour promouvoir la paix.

3.    Et le culte ?
L’apôtre tient compte de la difficulté de vivre cela dans une société qui ignore l’Esprit Saint et se dresse souvent contre lui parce qu’il refuse l’injustice et l’exploitation des faibles par les forts. C’est pourquoi il invite ses lecteurs, il nous invite, au partage de la vie de foi.

Pour alimenter cette vie dans l’Esprit, il nomme les moyens étonnants : les psaumes, les hymnes, les saints cantiques, la louange au Seigneur et la reconnaissance proclamée haut et fort. En fait c’est le culte, où des chrétiens se réunissent pour écouter la parole de Dieu, lui adresser leurs prières de reconnaissance, d’adoration et de demande. Ce culte n’est pas seulement un exercice obligatoire un peu ennuyeux où il faut aller pour plaire à Dieu. C’est plutôt la source où nous pouvons puiser cet Esprit tellement absent dans notre société. L’époque présente nous invite à gagner argent et pouvoir pour dominer les autres. Nous savons que la domination déchire les relations humaines. L’Esprit de Dieu permet de rendre service et d’établir des relations de confiance quand l’autre découvre que je ne veux pas le dominer.

 L’apôtre suggère que le culte nous y aide, par le chant des psaumes, des hymnes et des cantiques, par l’expression de la reconnaissance. Effectivement, une assemblée qui chante sa foi peut dégager une force inouïe. Chanter est une chose importante, par exemple lors des enterrements, parce que le chant nous fait sortir un peu de nous-mêmes. Il nous donne les paroles des poètes pour exprimer à voix haute notre désarroi, nos questions, mais aussi notre espérance et notre reconnaissance pour ce que nous avons pu vivre. Tout cela n’est pas un passe-temps plus ou moins facultatif pour remplir la cérémonie, c’est un acte constitutif du culte : nous nous y ouvrons poétiquement et musicalement à l’Esprit de sagesse et d’amour de Dieu.

CL : Les lectures de ce jour parlent de la loi d’amour de Dieu et du prochain. A ceux qui disent  « je ne peux pas aimer sur commande », l’apôtre dit : dans ces temps difficiles, où tu es parfois tenté par toutes sortes de divertissements stupides, l’Esprit de Dieu te rend capable de cette démarche d’amour. La communauté en prière peut t’ouvrir un chemin vers un esprit différent de celui qui essaie de dominer notre époque, c’est celui de l’amour, qui te rendra sage, même dans un monde de fous. Amen

Lectures :
Romains 14,17-19
Marc 12,28-34

Cantiques possibles dans « Arc en Ciel »

501    Viens Créateur, emplis nos âmes
507    Saint Esprit, Dieu de lumière
514    Pour que le jour qui se lève soit plus beau
607          Seigneur, accorde-moi d’aimer 
608         Ta volonté, Seigneur mon Dieu


PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL. Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr), jusqu’en 2009. A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MPRSBRONN-LES-BAINS (tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction. Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER (tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).