2008. 22 : 22e Dim après la TRINITE (4e St Michel)

22e dimanche après la Trinité – 1 Jean 2, 12-17
EPAL – Service des Lecteurs – Georges HUFSCHMITT

                         22e dimanche après la Trinité

                           Dimanche 19 octobre 2008

                              Notre dette envers Dieu

                                    1 Jean 2, 12-17


Série VI (Reihe VI)  : liste complémentaire II :

Chère assemblée,

Chaque parent, chaque grand parent, chaque adulte qui, un jour, a eu à prendre soin d’enfants, en particulier d’enfants en bas âge, sait qu’avec eux, il ne faut pas avoir peur de se répéter. D’ailleurs les pédagogues ne manquent jamais de rappeler que la répétition est à la base de tout apprentissage.

C’est ce même principe que semble adopter l’auteur de notre passage. Cet auteur, la tradition l’identifie avec l’apôtre Jean, celui qui a écrit l’Evangile du même nom. S’il en est ainsi, Jean, au moment où il écrit ces lignes est déjà un homme bien avancé en âge. Unanimement respecté et reconnu par tous, sa parole a de l’autorité chez les chrétiens de la deuxième et de la troisième génération qu’il considère comme ses enfants et qui doivent faire face à de nombreux problèmes. Ils traversent une crise profonde liée à la fois à des problèmes internes, d’interminables disputes au sujet de la doctrine. (Ces différents minent l’unité et le moral). Mais ils sont également confrontés à des pressions externes venant des autorités civiles qui ne voient pas d’un bon œil cette nouvelle religion si critique et si distante vis à vis de tout pouvoir temporel. Les temps sont bien incertains pour la jeune communauté chrétienne.
Pas étonnant que dans ces conditions plus personne ne sache vraiment où il en est. Pour Jean, il y a urgence à revenir à l’essentiel, à rappeler les fondamentaux. Et toujours encore à encourager et à affermir. Voilà l’arrière plan qu’il faut prendre en compte pour comprendre notre passage. Ce qui à la lecture de ces 6 versets  retient d’abord l’attention, ce sont les nombreuses répétitions. Dans les trois premiers versets, de 12 à 14, l’apôtre emploie pas moins de six fois la formule «  Je vous écris ». même s’adressant tour à tour à ses interlocuteurs, il les qualifie de ‘petits enfants’, ‘jeunes gens, ‘pères’. Et, là aussi, il reprend une deuxième fois chaque phrase.

Comment comprendre ces multiples répétitions ?

C’est ainsi que s’exprime quelqu’un qui a de solides convictions et qui tient absolument à ce que ses interlocuteurs puissent s’en convaincre et y puiser force et détermination. Le style de ces lignes révèle donc à la fois une grande intensité, de la ferveur mais aussi un amour inquiet. Nous y retrouvons l’expression de l’affection et de la proximité de l’apôtre pour sa communauté mais aussi le désir de partager avec eux ce qui lui tient à cœur. 

Qu’importe donc qui il faut exactement identifier sous les vocables  quelques peu déroutants de ‘petits enfants’, de ‘jeunes gens’, de ‘pères’ ; aux trois groupes est rappelé :

1)    qu’en Christ, ils sont pardonnés,
2)    que continuellement, ils avancent dans la connaissance de Dieu
3)    et qu’enfin, ils ont avec eux une grande force qui leur permet de triompher de tous les obstacles.

C’est comme si l’apôtre leur disait : c’est vrai, vous rencontrez dans votre vie de chrétiens de graves obstacles mais ne perdez jamais de vue ce que vous avez reçu en Christ. Oui, sans cesse, remettez-vous en mémoire que vous vivez d’une vie nouvelle et que les bienfaits que vous en tirez, sont innombrables.

En tous les cas, moi, Jean, l’Ancien, je ne me lasserai jamais de vous rappeler combien votre vie a changé depuis que l’Evangile de Jésus Christ y a fait irruption, depuis que cet évangile porte en vous ses fruits.

Et le voilà qui énumère les bienfaits.

D’abord le précieux don du pardon ! N’oublions pas que ce pardon est le message central de l’évangile. Les premiers prédicateurs de l’évangile insisteront chacun sur ce pardon.

Pardon, c’est, avant tout, être en paix avec Dieu. Dans le monde antique où la plupart des humains vivaient sous l’emprise de la peur et des superstitions et appréhendaient le monde divin comme une force hostile qu’il fallait sans cesse amadouer, on ne mesurait pas la portée libératrice de ce message.

Vivre du pardon, c’est faire confiance à Dieu et, à son tour, trouver la force de pardonner. Voilà précisément ce que Jésus avait offert aux hommes.

Jean l’affirme, vous êtes pardonnés en son nom, vous n’êtes plus le jouet d’une divinité froide et hostile, mais d’un Dieu qui vous aime et qui vous permet, à votre tour, d’aimer.

Le deuxième bienfait, c’est le cheminement avec Dieu. A mesure que le temps passe, cette relation  ne cesse de devenir plus forte, plus profonde et elle nourrit la vie de l’essentiel, c’est-à-dire de l’amour. Sans doute que l’apôtre Jean se réfère ici en premier à sa propre expérience. Voilà tant d’années qu’il a consacré sa vie à annoncer l’évangile de Jésus Christ et à le vivre. Et lorsqu’il se retourne en arrière, sur cette longue période, il réalise le chemin parcouru et il réalise aussi comment,  tout au long de son ministère, il est devenu de plus en plus intime avec Dieu. Ses propres enfants dans la foi, ceux à qui il s’adresse ici, ont, eux aussi, découvert Dieu. Et eux aussi ont progressé dans cette connaissance. Oui, à mesure que la foi fait son chemin dans nos vies, la relation avec Dieu se développe de même, jusqu’à devenir le fondement sur lequel, en toute circonstance, je peux m’appuyer. Voilà l’expérience que Jean veut partager avec ses amis.

Enfin, en dernier, il y a le don de la force victorieuse, celle qui permet de faire échec au mal. Ce mal, je peux moi-même en être l’acteur mais je me retrouve aussi sa victime. En tous les cas, j’ai à faire avec. Et bien, cheminer avec Jésus est le meilleur moyen de lui résister. Car cheminer avec Jésus est une école de vie. C’est faire le choix d’avoir un maître qui m’enseigne et auquel je peux me fier et être obéissant. Et ainsi lui emboîter le pas dans la résistance au mal et dans la défense du bien. Le Christ, à travers son enseignement offre à ses disciples le pouvoir de discerner, de faire la part des choses entre ce qui relève du bien et ce qui est de l’ordre du mal. Il offre les moyens de résister. Bien sûr, la victoire du bien n’est jamais acquise définitivement mais tant qu’il y a le désir de se laisser enseigner, guider et transformer, le mal n’aura plus le dernier mot.

Oui, dit Jean à ses enfants bien aimés, vous êtes forts pour autant que vous vous appuyez sur la Parole de Dieu. C’est la fidélité à cette Parole qui, toujours à nouveau, vous permet de vous situer et de faire échec au mal.
Jean veut convaincre ses enfants bien aimés que c’est sur ces acquis que se fonde leur identité nouvelle. Il fut un temps, ils étaient des païens, éloignés de Dieu et de la vérité. En ces temps, ils vivaient une vie soumise aux faux dieux et aux fausses valeurs. Mais maintenant qu’ils ont découvert l’Evangile, appris à connaître la vérité, ils ont également trouvé un sens nouveau à leur vie, une vie fondée sur la recherche du bien, la communion fraternelle avec des frères et des sœurs dans la foi et couronnant le tout, l’amour de Dieu.

Et Jean, dans les versets suivants de revenir à une exhortation qui lui tient à cœur : N’aimez pas le monde !
Ne pas aimer le monde ! Il ne faut pas nous méprendre sur ces termes. Le monde, ici, ne désigne pas la création de Dieu. La création est bonne, elle est l’œuvre de Dieu et en tant que telle elle est à respecter. Mais ce terme de monde, dans la bouche de Jean désigne la société humaine, la société des hommes qui, ne connaissant pas la volonté divine ou s’en détournant, suit ses propres penchants. C’est-à-dire vit sous la loi de ses désirs, sous la tyrannie de l’égoïsme et succombe toujours à nouveau à l’attrait de la vaine gloire.

Voilà ce que Jean entend sous ce terme de ‘monde’. Il exhorte ses interlocuteurs à ne pas subir sa fascination, à résister à sa séduction et à ses mirages. Oui, l’attrait du monde est puissant, mais à l’arrivée, il laisse l’homme avec un profond sentiment d’insatisfaction et de vide. A tout cela, l’apôtre oppose les valeurs éternelles de l’évangile.
L’actualité de ce message pour notre temps est évidente.

Aujourd’hui, comme à d’autres époques, la foi est en crise. Mais ce n’est pas seulement la foi qui est en crise, tout est en crise. Voilà pourquoi le message de Jean est plus pertinent que jamais. Il y a même urgence à se le redire. Car au cœur d’un monde dominé par la perte des repères, la difficulté d’être soi au milieu du malaise ambiant, l’évangile de Jésus-Christ se révèle comme la précieuse boussole qui permet de se diriger et qui fixe le cap.

1) A nous aussi, l’apôtre, en premier rappelle l’affirmation fondamentale, à savoir que c’est en Dieu, dans sa Parole que se fonde notre vie. C’est la Parole divine qui offre à ma vie une direction, des valeurs éternelles et un sens jamais démenti. Face à l’incertitude, à la mise en question de toute norme et loi, (le propre de notre temps), il est bon de se rappeler que seul le message d’amour et sa mise en pratique dans ma vie me garde dans le vrai.

2) Et en deuxième, tout naturellement, nous voulons, prendre pour nous-mêmes l’avertissement de ne pas aimer le monde c’est-à-dire de ne pas suivre aveuglement les différentes tyrannies de l’instant, les modes passagères mais  d’entretenir une saine distance, gage de lucidité et de liberté.

En préambule nous disions combien une pédagogie bien comprise n’hésite pas à se répéter. Arriver ici nous réalisons peut-être mieux la nécessité pour nous aussi, de nous répéter ces vérités fondamentales, de ne pas craindre de nous les redire une fois de plus, toujours à nouveau, inlassablement, de les mettre en pratique. Afin qu’elles s’imprègnent en nous, qu’elles nous façonnent et nous gardent dans leur vérité et en Dieu. Amen

Cantiques Arc en Ciel : 622, 624, 626, 632

Georges Hufschmitt, pasteur à Wingen-sur-Moder (67)


PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL. Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr), jusqu’en 2009. A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MPRSBRONN-LES-BAINS (tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction. Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER (tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).