2009. 20 : 20e Dim après la TRINITE (2e St Michel)

Dimanche 25 octobre 2009

                                   Les commandements de Dieu.

                                                   Marc 10,2 à 9

Le thème de ce dimanche est le suivant: « Les commandements de Dieu. » Il répond à la question sur la façon dont nous devons nous comporter. Cela fait partie des grandes questions abordées par les religions : d’où venons-nous ? où allons-nous ? Quel est le sens de notre vie et de notre histoire ? comment devons-nous vivre ? Quelles sont les règles à observer ? La dernière question a une double dimension : sociale : comment est-ce que je dois me comporter dans les groupes auxquels j’appartiens, individuelle : quelles sont les valeurs auxquels je me soumets et que je défends dans mon for intérieur. C’est ainsi qu’ont été élaborés des codes de lois, des codes juridiques et des traités de morale.

Jésus est juif. Les cinq premiers livres de la Bible juive comportent une part importante de règles religieuses. Nous y trouvons les dix commandements donnés par Dieu au peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse. Ces dix commandements concernent le respect de Dieu et de l’être humain. Hillel en dégageait l’essentiel en disant : ne fais pas à autrui, ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. Jésus, lui, résumait la Loi en disant : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… Tu aimeras ton prochain, comme toi?même. Ce que Jésus reprochera aux pharisiens dont il est question dans notre texte, c’est une attitude rigoriste et hypocrite. Dans la première Église, il y eut tout un débat, qu’on retrouve à l’époque de la Réforme, entre les tenants de l’apôtre Paul et les chrétiens issus du Judaïsme. L’apôtre Paul soulignait que tout homme est pêcheur, et que grâce à la foi en Jésus?Christ, cet homme est un pêcheur pardonné qui reçoit du Christ une vie nouvelle. Le pardon de Dieu, la grâce de Dieu donnent à l’existence une nouvelle orientation. Paul va donc insister sur la grâce de Dieu. Cela correspond à l’enseignement de Jésus. Exemple : la parabole du Fils prodigue. L’évangéliste Marc va lui aussi souligner cette dimension. Mais d’autres chrétiens venus du Judaïsme vont affirmer l’importance de la Loi et tout particulièrement des dix commandements. Ils vont présenter Jésus comme un maître de la Loi, comme un nouveau Moïse. Jacques dans son épître redit combien il est important que la foi se concrétise dans une certaine manière d’agir, qu’il nomme les oeuvres. Il doit y avoir une certaine cohérence entre les convictions et les actes. Jésus ne dit pas autre chose, quand il répond aux attaques des pharisiens.

Nous retrouvons des éléments de ce débat dans le texte de Marc qui nous est proposé ce dimanche. Jésus repart en itinérance et donne son enseignement aux foules qu’il attire. Ces foules souvent un peu perdues, s’agitant au gré des modes et des vents, qui au fond ne savent trop que penser et se laissent manipuler. Jésus recadre la route aux égarés. Il est présenté comme un maître qui redit ce qui est important et essentiel. Pour les Juifs le débat, l’étude, la discussion participent de cette recherche. Et il n’est donc pas étonnant de voir les Pharisiens, groupe qui gravite autour de la Synagogue et qui met l’accent sur l’enseignement, apporter la contradiction. Et quel plaisir de piéger le Maître ! Jésus était expert dans la pratique de ces joutes et de ces jeux. Et la réponse à la question est une question.

Mais pourquoi cette question sur le divorce, la répudiation ? Y a-t-il une urgence ? Pourquoi avant les récits de la Passion, ces développements sur le divorce, les enfants, la richesse. Certains répondront que Marc n’était pas un grand prosateur et qu’il a placé là des enseignements qu’il jugeait essentiels ; mais dans notre texte, il est question des disciples qui réinterrogent Jésus après son dialogue avec les pharisiens L’évangéliste dans les années 60 de notre ère (Jésus a été crucifié vers les années 30) s’adresse tout particulièrement aux disciples, ceux qui ont décidé de suivre le Christ. Un certain nombre de ces disciples sont devenus des missionnaires à temps plein. Ils sont envoyés en mission pour transmettre l’Évangile. Ils ont souvent abandonné toute sécurité pour s’engager à suivre le Christ. Ces missionnaires chrétiens sont engagés dans notre texte à suivre une voie moyenne entre un ascétisme radical et un laxisme trop indulgent. « Ils n’ont pas à répudier leur femme ou à se séparer d’elle, ils n’ont pas à refuser d’être accompagnés de jeunes enfants que leurs mères amèneront avec elles, ils n’ont pas à s’accrocher à leur parentèle et à leurs biens, mais n’ont pas non plus à se priver des plaisirs de la vie communautaire pour sacrifier à une recherche de la sainteté individuelle. » (A.Trocmé)

Ce faisant un certain nombre de règles importantes sont affirmées, qui gardent aujourd’hui leur pertinence. Si le Deutéronome évoque la possibilité du divorce, de la répudiation, c’est à cause, dit Jésus, de la dureté de votre cour. Aujourd’hui encore, si nos Églises admettent le divorce, c’est en fonction d’un moindre mal. Le divorce est le constat d’un échec à établir une relation durable et constructive. Jésus oppose un « Mais ». Il justifie sa réponse en évoquant le Dieu créateur. Il rappelle que Dieu fit les êtres humains, mâle et femelle et qu’ainsi ils sont appelés à devenir une seule chair. Ils ne sont plus deux mais un et c’est la volonté de Dieu. Jésus cite Genèse 1,27 qui évoque l’image de Dieu. C’est dans la mesure où l’être humain est appelé à vivre en couple qu’il est image de Dieu. Mais au fond de quoi s’agit-il ? De la capacité d’aimer. L’évangile de Jean l’affirme à sa manière : aimons-nous les uns les autres ; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu (l Jean 4,7). Le conjoint est le prochain à aimer. Jésus citant Genèse chapitre 1, affirme l’égale dignité des membres du couple. Le couple n’est pas une affaire de pouvoir, mais d’écoute, de partage, de solidarité.

Le mariage est une institution en difficulté, eu égard au nombre de divorces et au cortège de souffrances que le divorce entraîne. Nous vivons, on l’a répété, dans un monde individualiste où la compétition est généralisée, où l’on est invité à consommer et à jouir, un monde souvent injuste et peu fraternel. La vie de beaucoup est précaire. Nous vivons plus longtemps. Tout cela rend la vie de couple plus difficile.

Il n’est pas inutile de replacer le mariage dans la perspective du créateur et de Jésus. Dieu unit l’homme et la femme. Ils sont appelés à devenir un pour répondre à leur vocation de transmettre la vie, de cultiver et de garder le jardin dans lequel ils ont été placés. On peut aussi souligner l’importance du pardon dans la vie chrétienne le pardon que l’on demande à Dieu et que l’on offre à autrui. L’enseignement de Jésus peut nous aider à vivre notre vie conjugale. Les commandements sont là pour cadrer l’itinéraire et nous aider à progresser. Peut-être faut-il aussi beaucoup de patience et un peu d’humour.

Jean Mertens

1/4 – Service des Lecteurs – SL – 45 – 25.10. 2009 – Jean MERTENS


PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL. Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr), jusqu’en 2009. A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MPRSBRONN-LES-BAINS (tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction. Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER (tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).