2010. 13 : 13e Dimanche après la TRINITE

Dimanche 29 août 2010

Le Bon Samaritain

1 Jean 4, 7-12

    Voilà encore un de ces textes qui nous commande d’aimer ! Il commence par un impératif : « aimons-nous les uns les autres ! » un ordre qui nous entraîne sur la pente d’une obligation moralisatrice de bons sentiments envers autrui. Depuis notre enfance, les éducateurs nous ont rabâché : « Il faut être gentil avec les autres, il faut s’aimer ». Beaucoup en ont assez d’entendre cette rengaine et se rebiffent.    

     Mais ce n’est pas prendre en compte, l’intention de l’auteur, l’apôtre Jean, qui en s’adressant aux destinataires de cette lettre, les appelle « bien-aimés ». Et cela change tout. C’est parce que nous sommes aimés, c’est parce que nous bénéficions de la tendresse et de l’attention du Christ que nous pouvons à notre tour, vivre des relations de respect et de fraternité non seulement avec nos proches, avec ceux qui pensent comme nous mais bien au-delà avec tous ceux que nous côtoyons jour après jour.

    Le thème de ce dimanche est le « bon Samaritain ». Ce n’est pas évident de voler au secours de notre prochain, empêtrés que nous sommes si souvent dans nos propres problèmes. Comment trouver le temps et l’énergie pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin ? Il y a les misères matérielles mais aussi toutes les misères spirituelles, morales, psychologiques de solitude, d’angoisse et de désespoir. Alors il est difficile, voire impossible de mettre en pratique le commandement d’amour si nous n’avons pas fait l’expérience de l’amour de Dieu qui est premier. Le verdict du verset 8 est catégorique « celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu ». Ce verdict se retrouve dans bon nombre de passages de cette épître, « celui qui hait son frère est dans les ténèbres, celui qui dit qu’il est dans la lumière et qui hait son frère est encore dans les ténèbres. »

    L’apôtre Jean ne cesse d’exhorter à aimer du début à la fin de notre texte. Entre-temps, il essaie de démontrer que cette recommandation est nécessaire pour donner un sens à notre existence. Aimer devient possible. Cela nécessite une prise de conscience que Dieu n’est pas le juge sévère qui scrute toutes nos actions, « qu’il ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il change de mentalité, qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ezéchiel 19/23). Dieu veut notre bien, il veut nous délivrer de nos peurs et nous guérir de nos propres infirmités. Il fait le premier pas, il connaît notre misère et vient à notre rencontre. C’est lui, qui est notre Bon Samaritain. « L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui » (v. 9). Cela nous rappelle cet autre verset bien connu dans l’évangile de Jean 3/16 : « car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Oui, l’initiative vient de Dieu qui se donne en son Fils Jésus-Christ et nous pardonne. Et l’apôtre Jean d’insister : « cet amour consiste non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimé et envoyé son Fils » (v. 10). Sommes-nous prêts à accueillir cet amour ? Si nous ouvrons nos coeurs et nos esprits à cette réalité, nous n’aurons jamais fini de découvrir toutes les dimensions de l’amour, sa longueur, sa largeur, sa hauteur et sa profondeur.

    Peut-être, le mal, le malheur ou la maladie nous ont-ils éloignés de la religion et de l’Église ? N’est-il pas difficile de croire à la bonté de Dieu quand autour de nous règnent la violence, l’agressivité, l’égoïsme et le « chacun pour soi », quand la plupart des gens vivent sans référence à l’Évangile ? N’oublions jamais que Dieu vient à la rencontre des faibles, des fatigués et des désespérés, n’oublions pas non plus que sa bienveillance s’adresse aussi à ceux qui se croient forts et en sont fiers. Dieu nous accepte tels que nous sommes. C’est là le message de la grâce qui va au-delà de nos sentiments de culpabilité ou d’indignité. Ce cadeau est adressé à chacun d’entre-nous quel que soient les expériences douloureuses ou heureuses de notre histoire personnelle.

    Proclamer que « Dieu est amour » peut paraître comme une imposture, mais cet AMOUR dépasse tellement ce que nous pouvons en comprendre. Nous pouvons essayer de l’expliquer mais mieux vaut en vivre. Si le mot amour a été trop galvaudé, le verbe aimer dans sa dynamique vitale exprime toute la richesse de l’élan vers l’autre, son accueil inconditionnel. Dieu est comme un aimant qui attire vers la Source de l’amour et oriente nos vies, comme une boussole qui nous permet de ne pas perdre le nord au milieu des tempêtes, le « Dieu amour » nous fait garder le cap de bonne espérance malgré toutes les adversités.  Le verbe aimer peut être conjugué à tous les temps, passé, présent, avenir et à tous les modes. « La mesure d’aimer, c’est aimer sans mesure » écrivait St Augustin et « si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons nous aimer les uns les autres » (v.11). Telle est la conclusion de notre passage, la boucle est bouclée, nous aimons Dieu parce qu’il nous a aimés le premier. Notre amour n’est que la conséquence de la relation qui nous unit à Dieu et à Jésus-Christ. Dieu demeure en nous et son amour se réalise pleinement, il s’accomplit dans chacun de nos gestes d’affection envers notre prochain. Ainsi nous pouvons comprendre cette expression : « son amour est parfait en nous » (v. 12), qui résume l’ensemble du message que l’apôtre Jean a voulu faire passer aussi bien dans son évangile que dans ses épîtres. Vivons dès aujourd’hui de ce cadeau !
Amen

Jean-Jacques GEHENN, pasteur retraité à Thann

Cantiques :

ARC 607 ; 532 ; 530 ; 430
All. 46.02 ; 36.30 ; 36 .24 ; 45.08

¼ – Services des Lecteurs – SL – 37 – 29.08.2010 – Françoise GEHENN