2010. 14 : 14e Dimanche après la TRINITE

Dimanche 5 septembre 2010

Le Samaritain reconnaissant

Romains 8(12?13) 14?17

Soeurs et frères en Jésus?Christ,

« L’Esprit lui?même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Cette phrase résume à sa façon le contenu de l’Évangile tout entier. En devenant notre frère, en nous témoignant, jusque dans l’abaissement extrême de sa mort sur la croix, son amour et l’amour de Dieu pour nous, Jésus nous a élevé au rang d’enfants adoptifs de celui qu’il nous a appris à invoquer comme « Abba » : « Notre Père qui est aux cieux ». Telle est la Bonne Nouvelle que l’Église chrétienne a pour mission d’annoncer sur terre, jusqu’à la fin des temps. Tel est le fondement de notre foi et de notre espérance.

Cette foi et cette espérance ne viennent pas de nous. Elles sont l’oeuvre et le don de l’Esprit Saint qui agit en nous, qui « rend témoignage à notre esprit », qui atteste à notre esprit, « que nous sommes enfants de Dieu ». Et cette assurance, nous ne la possédons pas une fois pour toutes, elle demande à être renouvelée, ravivée toujours à nouveau, tout au long de notre existence. La vie de chrétien, même si elle est placée sous la conduite de l’Esprit de Dieu, n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est au contraire un combat, une lutte perpétuelle contre les assauts du tentateur qui cherche par tous les moyens à séparer le croyant de son Dieu, à nous faire désobéir à ses commandements et à détruire notre confiance en lui. Notre coeur est le champ de bataille où se déroule la lutte entre ce que l’apôtre Paul appelle « la chair » et l’Esprit de Dieu.

« La chair ». Ce terme qu’on rencontre très fréquemment dans la Bible, dans l’Ancien aussi bien que dans le Nouveau Testament, peut avoir différentes significations. En tant que synonyme de « poussière » il désigne souvent ce qui distingue radicalement l’homme de Dieu. : sa faiblesse aussi bien corporelle que spirituelle, sa finitude, c.-à-d. la nature éphémère de son existence terrestre, la brièveté de sa vie. Celle?ci est décrite parfois dans un langage fort poétique, comme dans ce passage bien connu d’Esale 40 (v.6)

« Toute chair est de l’herbe, tout son éclat est comme la fleur des champs. L’herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle du Seigneur passe dessus, mais la parole de notre Dieu subsistera toujours ». Or l’Évangile nous apprend que cette Parole a été faite chair en Jésus de Nazareth. Fils de Dieu, il a partagé toute la faiblesse de la nature humaine, de notre « chair ». « Il a été tenté comme nous en toutes choses », il a été soumis à des épreuves en tous points semblables aux nôtres, « sans commettre de péché. »

« Sans commettre de péché » : c’est là le seul point qui distingue l’homme Jésus du commun des mortels. La nature humaine, depuis la chute d’Adam et d’Ève, est étroitement solidaire du péché. La « chair » a été, en quelque sorte, infestée par le mal, ce qui explique que, dans la pensée et dans les écrits de l’apôtre Paul, le mot « chair » a fréquemment une connotation négative. « Vivre selon la chair » est alors synonyme d’une vie sans Dieu, loin de ses commandements, et ne pouvant mener le pécheur qu’à sa perte.

Certes, Paul savait que notre corps a ses exigences. Loin de vouloir édicter des règles étroites en matière de nourriture ou d’habillement, il ne cherchait pas davantage à se faire le défenseur de l’ascétisme. Aussi faut?il se garder de classer parmi les « oeuvres de la chair » tout ce qui a trait à l’épanouissement de notre corps et de notre esprit, ou encore aux plaisirs liés à la sexualité. Le créateur, qui a trouvé qu’il n’était pas bon que l’homme (ou la femme) soit seul, a voulu l’union des sexes, et ce n’est pas « vivre selon la chair », au sens péjoratif, que de jouir de la vie avec le ou la partenaire que l’on aime. Notre corps avec toutes ses potentialités est un merveilleux cadeau de Dieu, et nous n’avons pas à rougir des plaisirs qu’il nous procure. Mais le plus beau, le plus précieux des cadeaux peut donner lieu à des abus et peut devenir un objet de perversion. Tel est le cas lorsque la poursuite effrénée du plaisir et de la jouissance conduit à l’intempérance ou au dévergondage, au culte exagéré du corps ou du ventre et de la bonne chère. En abusant des dons de Dieu et des potentialités qu’il a mises en lui, l’être humain devient esclave de la chair, c.-à-d. de ses convoitises et de ses pulsions.

Pourtant, vivre selon la chair, ce n’est pas seulement courir après les plaisirs éphémères ou douteux, ou encore après les richesses purement matérielles. D’une façon beaucoup plus générale, cela signifie : ne vivre que pour soi?même, sans se soucier de Dieu ni du prochain ; et aussi, vouloir décider égoïstement et en toute autonomie de sa conduite et de tous ses actes, un peu selon la devise des anarchistes et libres?penseurs : « Ni Dieu, ni martre ».

Une telle « vie selon la chair » n’est pas, comme se l’imaginent certains, synonyme de liberté. C’est au contraire un esclavage qui sépare l’homme à la fois de son créateur et de son prochain, et qui peut aboutir qu’à la mort. La mauvaise conscience et la crainte générées par cet esclavage sont à l’opposé de la confiance, de la foi filiale en Dieu notre Père qui fait de nous des hommes et des femmes libres. Libres pour aimer, libres pour servir, libres pour jouir pleinement de la vie en communion avec Jésus?Christ, notre Seigneur et frère.

Cette vie n’est pas seulement une promesse d’avenir, elle s’inscrit déjà dans notre présent, dans notre quotidien terrestre. Ce qui ne signifie pas que nous y trouvons la garantie d’une existence paisible, bien au contraire. La vie des enfants de Dieu, nous dit l’apôtre Paul, est participation aux souffrances du Christ à travers l’âpre combat, jamais achevé, qu’il nous faut mener contre les tentations du monde et de notre chair. Mais dans ce combat, nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. À tous ceux qui se confient en lui, le Seigneur accorde son Esprit pour les guider et les rendre plus forts, pour les soutenir dans l’adversité et les remettre sur le bon chemin en cas de défaillance. C’est lui, l’Esprit Saint, qui nous donne l’assurance que notre combat n’est pas vain et qu’après avoir souffert avec le Christ, nous aurons part à sa gloire. C’est là l’héritage qui est promis aux enfants de Dieu et dont nous pouvons être assurés si, de tout notre coeur nous fondons notre existence sur la grâce de Dieu.

« Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux », dit Jésus à ses disciples. Cette parole vaut pour nous aussi. Puisse-t-elle nous encourager toujours à nouveau à mener jusqu’au terme « le bon combat de la foi et à saisir la vie éternelle à laquelle nous avons été appelés ».

Alfred LANGERMANN, pasteur

Cantiques                                       NCTC         ARC             Alleluia
Bénis ton Dieu  Ps.103                        103         103             103
Si Dieu pour nous s’engage                 289         622             47/07         
Nos coeurs pleins de reconnaissance    225         562             23/10
En toi, Seigneur, est notre espoir                        606             ?                   45/19

¼ – Services des Lecteurs – SL – 38 – 05.09.2010 – Freddy LANGERMANN