2005. 08 : 8e dim après la TRINITE = 3e St Jean

Les fruits de l’Esprit

Dimanche 17 juillet 2005

Esaïe 2, 1-5

(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)

Plan de la prédication : La paix : ultime fruit du Saint Esprit
1.    Un havre de paix en pleine guerre : le Franciscain de Bourges.
2.    La paix universelle : rêve d’avenir ou utopie irréalisable ?
3.    La paix : un cadeau de Dieu au-delà de nos efforts.

Chers amis,

Parmi tous les 60èmes anniversaires des Libérations qui ont été fêtés dans notre région en 2004 et 2005, il y a une petite commémoration qui a presque passé inaperçue aux yeux du grand public. Et, pourtant, celle-ci fêtait plus que la fin de l’Occupation. Elle évoquait justement cette « lumière du Seigneur », dont parle le prophète Esaïe. Car, en pleine Occupation nazie de la France, cette lumière avait lui, dans les sombres cachots d’une prison et apporté un peu d’humanité et d’amour du prochain là, où ne régnaient que la haine et l’horreur de la guerre et de la torture.

C’était en octobre 2004, à l’occasion du 100ème anniversaire de la naissance du Franciscain de Bourges, que l’Office de la Culture de Sélestat et un cinéma de la ville avaient organisé une projection gratuite du film de Claude Autan Lara : le Franciscain de Bourges. Pourquoi Sélestat ? Parce que c’est là, dans la communauté franciscaine du couvent Saint Antoine que ce moine a passé les dernières années  de sa vie, jusqu’à son décès en 1975, à l’âge de 71 ans.

Il était né à Dantzig en 1904 et s’appelait, de son vrai nom Alfred Stanké.
Mais, comme le relate Marc Tolédano, une des personnes sauvées par le moine soldat : « Ce nom faisait l’effet d’une caresse, chez les prisonniers de Bourges, la caresse de ses grosses mains douces qui apaisaient les chairs torturées par la Wehrmacht ».

Derrière les portes de la prison, et malgré la surveillance de la Gestapo, le soldat Stanké s’effaçait devant le moine chrétien qui aimait son prochain. Mobilisé comme infirmier dans l’armée allemande, il est arrivé à Bourges en décembre 1942, et affecté à la prison. Là, il soigne, guérit, réconforte des résistants torturés par la Gestapo, console des jeunes condamnés à mort, et se fait même messager clandestin de la Résistance. Ainsi, le moine soldat, malgré ses pauvres moyens et son uniforme vert de gris, est devenu  le frère de tous les humiliés, de tous les torturés. Et, l’amour du prochain le rendait extraordinairement inventif. C’est ainsi, qu’en pleine guerre, ces prisonniers soignés et sauvés par le Franciscain de Bourges ont pu entrevoir un début de réalisation du rêve de paix et de fraternité universelles annoncées, il y a trois mille ans par le prophète Esaïe : « De leurs épées ils forgeront des pioches et de leurs lances ils feront des faucilles. Il n’y aura plus d’agression d’une nation contre une autre, on ne s’exercera plus à la guerre ».

Ce rêve, nous avions aussi l’impression de commencer à le vivre, il y a une quinzaine d’années, quand le sinistre « Mur de Berlin » est tombé, et que la « Guerre Froide » entre l’Est et l’Ouest s’évanouissait progressivement avec l’effritement du monde communiste. – Mais, qu’en est-il aujourd’hui ? – Terrible ironie de l’histoire : un mur, non moins sinistre est en train de s’élever en Palestine,  dans cette Terre Sainte, où, justement le prophète Esaïe avait chanté cet espoir de la paix et de la fraternité universelles. Et, jusqu’aux portes de nos églises, et de nos écoles et des autres lieux publics en Europe et en Amérique, nous constatons le prolongement symbolique de ce mur contre le terrorisme international, dans les mesures de l’opération Vigie pirate. Les hommes sont-ils, en fin de compte, quand même incapables de réaliser et de maintenir la paix dans le monde ? Et le beau rêve d’Esaïe n’est-il, en réalité, qu’une utopie absolument irréalisable ?

Il y a cependant aussi, à notre époque, des signes encourageants pour ne pas perdre l’espoir d’un cheminement vers une entente fraternelle universelle.

Ne fut-ce que l’élan de générosité et d’entraide internationale que suscitent toujours à nouveau les catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, les inondations ou les raz de marée, comme le tsunami du 26 décembre 2004.

Mais, Esaïe ne se fait pas d’illusions. Des élans du cœur occasionnels ne suffisent pas pour créer et maintenir une paix mondiale durable. Il faut traiter le mal à la racine. Pour construire la paix il faut apprendre à éliminer les causes de désaccord, de haine et de guerre. Et il nous indique l’endroit unique, où cet apprentissage peut se faire : « En route ! Montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ce qu’il attend de nous, et nous suivrons  le chemin qu’il nous trace. En effet, c’est de Sion que vient l’enseignement du Seigneur, c’est de Jérusalem que nous vient sa parole. Il rendra son jugement entre les nations, il sera arbitre pour tous les peuples ».

Pour établir vraiment et durablement la paix dans le monde, nous ne pouvons pas nous passer de Dieu. Cette conviction se répand de plus en plus à travers le monde. Et cela, malgré les apparences. Depuis la célèbre phrase de Malraux sur le 21ème siècle, qui sera religieux, ou ne sera pas, nous avons  eu les rencontres interreligieuses d’Assises, à l’initiative du Pape Jean Paul II, ou le Parlement mondial des Religions en 1993 à Chicago, où les déclarations pour une morale universelle commune contenaient comme principes communs, ce que l’Eternel, le Dieu Vivant avait déjà ordonné dans les commandements du Sinaï à Israël : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas s’adonner à la luxure. Grâce aux journalistes, qui, en stigmatisant, par exemple, ouvertement dans leurs articles les injustices des inégalités sociales et des profits honteux de l’horreur économique, l’opinion publique mondiale souscrit de plus en plus à ces principes.

Depuis que Dieu a foulé « la montagne de Sion » dans la personne de son Fils Jésus-Christ, nous savons qu’au-delà de nos efforts, la paix nous est offerte comme le cadeau de Dieu, comme un ultime fruit de l’Esprit du Christ qui nous assure : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Ne soyez pas inquiets, ne soyez pas effrayés ». Amen.

            Martin DEUTSCH, pasteur

Cantiques :         NCTC                ARC
                1, 1-3                1, 1-3
            216, 1-3            507, 1-3
                            514, 1-3
            280, 1-3            607, 1-3

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).