6 juillet 2008
A la table du Seigneur
Exode 16,2-3,11-18
(Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II)
1. La marche du peuple de Dieu.
2. Dieu nourrit son peuple.
3. La manne est-elle un miracle ?
Chers frères et sœurs,
Dans l’histoire d’Israël, il y a un événement, une grande intervention de Dieu qui est toujours à nouveau évoquée : la libération de l’esclavage en Egypte suivie de la longue traversée du désert. Cet épisode nourrit la foi des Israélites jusqu’à aujourd’hui ; il est repris dans des narrations, des prières, des chants de louange, pour glorifier le Dieu des pères. Tout en n’oubliant pas de mentionner les faiblesses, les désobéissances du peuple, ce qui rend ces évocations d’autant plus intéressantes et encourageantes.
1. Le passage du Livre de l’Exode que nous avons lu est un extrait de la marche à travers le désert, une des nombreuses épreuves pour la foi. Elle constitue pour la communauté chrétienne du 21ème siècle une leçon à méditer ; parce que d’une certaine manière, la marche du peuple de Dieu n’est pas terminée. L’Eglise chrétienne est en route à travers les siècles vers le pays promis, le Royaume de Dieu. Et ce n’est pas une promenade du dimanche. Nous nous sentons souvent en plein désert et nos réactions ne sont pas très différentes de celles des Israélites jadis. Pour nous aussi, l’acte de libération décisif se trouve derrière nous : Dieu l’a accompli par la mort et la résurrection de son Fils Jésus-Christ. C’est là que Dieu est intervenu pour nous sauver de l’esclavage du péché et de la mort.
Cette œuvre de salut doit nous remplir de force et de courage pour avancer résolument sur le chemin qui se trouve devant nous. Malheureusement il n’en est pas toujours ainsi ; nous murmurons, nous avons du mal à accepter la situation présente, nous faisons des reproches à Dieu et à nos responsables ; notre vie chrétienne devient morne et triste. C’est vrai : si nous regardons la réalité en face, les problèmes se dressent devant nous comme de hautes montagnes. Et la résignation s’installe. Que nous réserve l’avenir ? Pourrons-nous maintenir notre niveau de vie ? Les générations futures auront-elles du travail et du pain ? Y aura-t-il un jour une solution à la faim, la misère, la violence dans le monde ? A l’intérieur de la chrétienté aussi, que de difficultés et de rivalités ; tout ce morcellement en Eglises et dénominations qui n’arrivent pas à cohabiter de manière satisfaisante. Cela laisse beaucoup de croyants désorientés. Oui, on murmure. Pour les uns, l’Eglise retarde, est dépassée, trop attachée à la tradition ; les autres trouvent qu’il y a trop de changements et ne veulent pas abandonner leurs habitudes. Pour les uns, l’Eglise devrait s’engager plus clairement sur des questions d’actualité, pour la justice, prendre position sur le plan politique ; les autres sont choqués lorsque l’Eglise néglige le spirituel pour intervenir dans ces domaines… Qui a raison ? Non, on n’arrivera pas à mettre tout le monde d’accord dans l’Eglise !
Qu’en est-il des promesses de Dieu ? Ne seraient-elles plus valables ? Dieu nous accompagne sur le chemin ; comme il était avec son peuple entre l’Egypte et Canaan, il est avec nous entre la création de l’Eglise et le Royaume de Dieu. Il entend les murmures, les cris de révolte plus ou moins forts, et il comprend le désarroi de ses enfants face aux obstacles sur leur chemin. Soyons-en convaincus aujourd’hui ! Reconnaissons que la vie des croyants a de tous temps été une aventure risquée. Sans l’acceptation du risque, sans une constante recherche du bon chemin, la vie chrétienne n’est pas possible. Il nous faut abandonner cette nostalgie d’un passé où, parait-il, c’était plus simple et plus facile de croire. Dans le passé aussi, il y avait des problèmes sérieux, et des choses sont arrivées dans l’Eglise qui n’étaient ni belles ni justes. Le Seigneur veut que nous ne nous laissions pas décourager par les épreuves actuelles. La faim et la soif sont là pour nous rappeler que nous avons un Dieu capable de nous rassasier.
2. Le peuple d’Israël a été nourri de manière miraculeuse dans le désert. Dieu s’occupe des besoins matériels de ses enfants. La foule qui était venue écouter Jésus a été nourrie par lui (Evangile du dimanche). Et comme les disciples ont été appelés à aider à la distribution, le Seigneur veut nous utiliser lorsqu’il s’agit du salut des hommes. Nous sommes concernés par les besoins de nos prochains. Nous avons des possibilités pour aider, même si elles sont très limitées, comme les cinq pains et les deux poissons que les disciples ont pu trouver. Mais ce que nous avons est à investir, à mettre à la disposition du Seigneur. Lorsque nous voulons témoigner de l’Evangile, notre objectif doit être l’homme en entier, corps et âme. Quand chacun, à sa place, fait ce qu’il est en mesure de faire, de grandes choses se réalisent. Ce qui bloque souvent notre action, c’est l’importance de la tâche à accomplir : à quoi bon ? ce que nous pouvons faire n’est qu’une goutte d’eau sur l’immense brasier de la misère. Ayons la confiance de remettre au Seigneur nos cinq pains et nos deux poissons ; il faut bien un début ! Souvent c’est le premier geste qui est décisif ! Un geste de partage, c’est le mouvement, le déclic qui peut provoquer une avalanche de solidarité. En tous cas, ce sera un signe, un témoignage, un appel…
Revenons à la nourriture miraculeuse, la manne dans le désert. Dieu donne là un enseignement qui a une portée spirituelle. Il fait tomber assez de manne pour une journée, pas plus, pas moins. Dieu donne la nourriture nécessaire, le « pain de ce jour », le pain quotidien. Impossible de se mettre des réserves en stock. Nous dépendons de la bonté de Dieu jour après jour ; en être conscient nous garde de tout orgueil. Et nous invite à la confiance quotidienne ; celui qui n’a pas cette confiance et qui cherche à s’assurer le pain du lendemain aura du pain pourri. La grâce de Dieu, c’est le pain frais de chaque matin.
L’essentiel, c’est ce qui se trouve derrière le symbole du pain, c’est-à-dire la relation, le contact personnel ! Une histoire juive : Des élèves posèrent au rabbin Siméon ben Jochai la question suivante : « Pourquoi la manne ne tomba-t-elle pas en une fois pour toute l’année ? » Le rabbin répondit : « Je vais vous raconter une parabole. Un roi avait un fils ; il lui faisait remettre ce qui était nécessaire à sa nourriture une fois par an ; par conséquent le fils venait chez son père le saluer et le remercier une fois par an. Mais cela ne suffit pas au père ; alors il lui fit préparer sa nourriture pour chaque jour ; ainsi il rencontrait son fils tous les jours… De même, Dieu voulait rencontrer ses enfants chaque jour ; c’est pourquoi il leur donnait la manne que pour une journée seulement. »
3. La manne est-elle un miracle ? – La manne n’est pas une nourriture surnaturelle, elle existe réellement, encore aujourd’hui dans le désert. Les scientifiques expliquent sa formation : la manne tombe d’un arbuste appelé le tamaris ; grâce à la piqûre d’un puceron, la cochenille, il se forme par suintement sur les feuilles une espèce de gelée qui tombe par terre, qui durcit dans la fraîcheur de la nuit et qui fond dans la chaleur du jour. La manne n’est donc pas un produit surnaturel.
Alors pas de nourriture miraculeuse ? – Cela dépend de ce que l’on entend par « miracle ». Quelqu’un qui sort d’un accident sans blessures dira : « C’était un miracle ». Un autre dira : « J’ai eu de la chance » ou « C’était un heureux concours de circonstances ». De même la manne : un produit de la nature, mais tombé au bon moment au bon endroit : par hasard ou envoyé par Dieu ? Quelque chose de naturel, de normal, de quotidien peut devenir pour le croyant un miracle. Pas forcément quelque chose d’inexplicable ou de contraire aux lois de la nature. Cela dépend de l’état d’esprit de celui qui en profite, de la manière de voir l’événement et de recevoir le bienfait. La manne : une nourriture banale que l’on trouve dans le désert, ou bien le pain que Dieu a envoyé du ciel pour sauver son peuple ?
Au lieu de dire : « C’est un miracle », il est plus juste de dire : « Cela représente pour moi un miracle » , ou « Je prends cela comme un miracle ». C’est-à-dire : je ne veux pas accepter ce don comme allant de soi, m’ayant été attribué par hasard, mais je veux exprimer ma reconnaissance ; car derrière ce qui m’est donné je ressens la bonté de Dieu… Le danger est d’attendre des choses extraordinaires comme preuves de la présence de Dieu, alors qu’il nous est proche dans les choses toutes simples ; peut-être nous manque-t-il les yeux pour voir ? Qu’en est-il du pain quotidien ? Nos murmures, notre insatisfaction, nos déceptions diminueraient, si nous avions les yeux capables de voir Dieu dans les petites choses quotidiennes, si nous comprenions que ce sont des signes qui nous invitent à lui accorder notre confiance. Amen.
Cantiques : ARC 107 AL 107 NCTC 107
593 24,03 229
582 24,07 231
631 42,08
Denis Klein, pasteur à Offwiller.
¼ – Service des Lecteurs – SL – 29 – 06.07.2008 – Denis KLEIN
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).