2008. 10 : 10e dim après la TRINITE = 5e St Jean

Dimanche 27 juillet 2008

Le Seigneur et son peuple

2 Rois 25 /8?12  27/7/08

(Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II)

Chers amis chrétiens,

L’histoire de Jérusalem, l’histoire du temple avant Jésus-Christ, l’histoire du peuple élu est, c’est triste à dire, répétitive et désolante. Comme on le raconte ici, déjà en l’an 587 le temple fut détruit, Jérusalem aussi, et le peuple déporté. 40 ans plus tard, retour du peuple, reconstruction du temple et puis en 67 avant J?C, nouvelle interdiction de célébrer le culte au temple, en 64 nouvelle dédicace du temple purifié  et puis en 19? 20 nouvelle construction d’un temple plus grand et plus magnifique sous le roi Hérode. Destruction de ce Temple par les Romains 50 ans après et dispersion du peuple juif jusqu’à la fondation de l’état d’Israël en 1947 ; Voyez, c’est une suite d’épanouissements prometteurs et de rechutes terribles. Et les nouvelles presque quotidiennes que nous recevons du conflit israélo? palestinien ne nous laissent pas espérer un grand changement dans ce domaine. Les Palestiniens veulent garder la maîtrise du rocher du temple et les Juifs veulent garder la maitrise de la ville qui l’entoure. Et cependant en tant que croyants nous ne pouvons pas rester indifférents au sort ni de ce peuple ni de sa terre. Et voici les raisons pourquoi:

Parce que le Peuple juif est emblématique pour tous les autres peuples, aussi pour le nôtre. Il est choisi par Dieu, aimé de Dieu, doté par Dieu d’une terre, mis par Dieu sur les rails d’un avenir prometteur et puis régulièrement il y a des ruptures ‘ des infidélités qui portent à conséquence. Ici dans le passage que nous venons d’entendre on reproche au peuple d’avoir associé au Dieu unique, d’autres dieux masculins et féminins. Et Jésus – voir la lecture de l’Evangile ?pleure sur l’aveuglement de ce peuple qui bâtit un si beau Temple à Dieu alors qu’il est incapable de discerner la vraie ligne spirituelle de son histoire, de Abraham aux prophètes. Mes amis, nous aurions grand tort de dire : ça c’est typique pour Israël, nous ne sommes pas concernés. Ce sont eux les orgueilleux, ce sont eux les ingrats, ce sont eux les endurcis. Car souvent nous avons dit cela, ou au moins nous l’avons pensé et avons été par là à l’origine de malentendus et de haines. Non, justement l’histoire d’Israël montre de façon typique pour tous que l’orgueil guette tous les peuples, que Dieu veut de son côté que tous les peuples aient droit comme Israël à une terre, à une vie sociale digne et libre. Mais dès que les peuples ont acquis cette assurance et cette aisance, ils en veulent plus et dans leur rapacité, ils s’en prennent aux autres. Les nations ‘ toutes les nations sont aimées par Dieu, mais malheureusement rares sont les nations auxquelles l’aisance, les libertés, une fois acquises ne font pas perdre la tête! Si Jésus revenait, ne pleurerait il pas sur l’amour de la gloire d’un Louis XIV, sur l’arrogance d’un Guillaume II, sur l’impérialisme d’un certain Président B. Oui, une fois en selle, le cavalier devient fou ! Malheureusement.

Et puis, cette histoire de la destruction du temple et de la déportation du peuple juif ne peuvent nous laisser indifférents pour une autre raison. Cette déportation était certes cruelle et nous ne la souhaitons à personne. Nous savons par notre propre passé et aussi à plus forte raison, par le passé du peuple juif que ce déracinement forcé est cruel et détestable. Néanmoins, il faut aussi le dire, dans cet exil babylonien le peuple juif a aussi appris quelque chose d’important : prier Dieu sans Temple, être croyant parmi les Païens, inventer un mode de vie qui tienne compte des valeurs juives tout en restant bien immergés dans un milieu qui avait d’autres mœurs alimentaires, sexuelles, festives. Lors de leur long éloignement de la patrie judéenne, leurs dirigeants, leurs prophètes leur ont dit un jour: travaillez au bien de la ville, de la nation étrangère dans laquelle vous avez été exilés. C’est fort cela. Cela n’est pas encore le « Aimez vos ennemis «de notre Seigneur Jésus, mais cela n’en est pas si loin. D’accord ? ? Nous pouvons dire ceci en toute liberté, à certains Juifs si viscéralement attachés au lieu géographique de Jérusalem ainsi qu’aux Musulmans qui le leur disputent en un conflit sans fin. ? Et surtout aussi le redire à nous?mêmes.

Car pour nous aussi cela est très important : Parce que nous aussi nous vivons de grands changements culturels. Le dimanche chrétien est accaparé par des tas d’autres fêtes, les gens sont en résidence secondaire, dans les Baléares, en voyage d’étude, ; l’église du village en souffre ; personne ne la démolit, personne non plus ne nous force à l’abandonner, mais le mode de vie très différent rend difficiles les rassemblements cultuels, les catéchismes, la chaleur communautaire d’autrefois, sur laquelle se bâtissait la communauté des croyants . Nous sommes comme en exil par rapport à notre propre passé. Et pourtant, cela peut aussi et cela sera, j’en suis sûr? une grande occasion, une chance donnée par Dieu d’inventer un autre mode de vie chrétien, un nouveau rythme de prière, une nouvelle façon d’être ensemble, peut?être même une nouvelle façon chrétienne de dépenser son argent, de consommer, de manger, et de vivre en famille. Distincte de la façon de faire païenne, distincte aussi de notre passé de terroir chrétien bien structuré, mais d’une fidélité renouvelée au racines du passé et à l’écoute de ce que l’Esprit saint va nous dire pour l’avenir. Le vieux temple s’écroule, vive la communauté de l’avenir!

Une dernière chose à retenir. Le croyant en tant qu’individu est de toute façon toujours citoyen de deux patries, la terrestre, à laquelle chacun a droit et dont chacun peut se réjouir, nos maisons, nos beaux jardins, notre culture et tout et tout. Et puis chacun d’entre nous sait aussi que tout ceci est passager et dépassé par ce que Jean, l’apôtre, appelle la Jérusalem céleste. Nous en sommes parfois attristés, nous nous sentons en exil par rapport à nous?mêmes. Sentiment dangereux s’il évolue vers une mélancolie pesante, collante, mortelle à la longue. Mais sentiment aussi, qui peut consolider notre expérience et affermir notre confiance. Nous prenons une saine distance vis?à?vis de nous?mêmes et apprenons lentement à nous regarder nous?mêmes comme Dieu nous voit, comme des voyageurs continuellement en évolution, assistant, c’est dur, à la ruine d’un paysage pour contempler, c’est merveilleux, la naissance d’un autre paysage plus grand et plus accompli. Laissons grandir en nous la nouvelle Jérusalem ! Elle est construite sur les ruines de l’ancienne, elle les rappelle, elle les célèbre, mais elle en fait jaillir aussi ce nouveau temple spirituel tout autre, qu’est le corps du Christ. Amen.

Michel GUERRIER

¼ – Service des Lecteurs – 32 – 27.07.2008 – Michel GUERRIER

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).