2009. 09 : 9e dim après la TRINITE

Dimanche 9 août 2009

Gérants des biens de Dieu

Matthieu 5,13 –16

(Série de Prédication I (Predigtreihe I) : anciens évangiles)

Lecture : A.T. Jérémie 1,4 -10
Épître aux Philippiens 3, 7?11

Chers amis
Il est probable que, dans l’actuel contexte de crise économique et financière, Jésus n’aurait pas choisi l’exemple du placement d’argent en banque, pour montrer comment un gérant des biens de Dieu agit en bon et fidèle serviteur. Car, aujourd’hui, c’est au contraire, le serviteur mauvais et paresseux, que les gens seraient tentés d’admirer. Parce que, celui?ci, à défaut d’intérêts, peut rendre au moins la somme que le maître lui a confiée. Alors que les deux autres, malgré leur fidèle dévouement, pourraient se retrouver aujourd’hui victimes de banquiers voyous ou de requins de la finance ; et ne seraient incapables de rendre quoi que ce soit à leur maître, ni intérêts, ni capital. Dans sa parabole Jésus suppose que les bons et fidèles serviteurs trouvent aussi de bons et fidèles banquiers, des gens de finance qui ne s’intéressent pas seulement à l’argent de leurs clients, mais aussi à leur vie, à leur subsistance et â leur bien?être. Et, Dieu merci, cela existe aussi.

C’est, par exemple, par conviction chrétienne et par amour pour les gens, qu’un Reifeisen créa au XIXe siècle ses caisses mutuelles de dépôt et de prêt qui en Alsace?Moselle sont devenues, par la suite, le Crédit Mutuel. Le but de ses caisses était de faciliter développement et modernisation des petites entreprises et des petites agricultures familiales, par des prêts à taux très avantageux. Il n’a pas cherché à s’enrichir personnellement et n’est pas devenu un magnat de la finance. Tout banquier qu’il était devenu, il a mis, en bon et fidèle serviteur du Christ, son talent d’organisateur et de gestionnaire au service de l’Évangile et du prochain. Et, quand il a quitté cette terre, on pouvait dire, comme pour les témoins de Jésus?Christ (Apocalypse 14,13) : « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur… qu’ils se reposent de leurs labeurs, car leurs oeuvres les suivent ». En Allemagne les « Reifeisenkassen » portent toujours son nom ; et, veuille Dieu, qu’elles continuent aussi à oeuvrer dans le même esprit.

Voilà comment une disposition naturelle que Dieu nous a confiée peut porter des fruits quand elle est alliée ou fécondée par les valeurs de l’Évangile, par les valeurs qui comptent dans le Royaume de Dieu. Ce sont ces valeurs que Jésus?Christ confie à ses disciples en dons du Saint-Esprit, comme la foi, l’espérance, l’amour, la patience, la maîtrise de soi, le don de parler en langues, en langues des hommes et des anges, le don de chanter, le don de guérir, de soigner, de prévoir, de faire des miracles économiques, etc. C’est avec l’Évangile que Jésus confie tout cela à ses disciples, à ses serviteurs ; car, c’est d’eux qu’il parle dans la parabole. C’est aux membres de son Église qu’il confie ses biens, en leur demandant de les faire fructifier, et non pas à des gens du dehors, non pas à des étrangers.

Dans cette parabole des talents Jésus nous dit que chacun de ses serviteurs a reçu quelque chose. L’un 5 talents, l’autre 2 et le troisième 1, chacun a reçu quelque chose, même s’il n’a pas reçu la même chose. Avec l’Évangile, avec — la bonne nouvelle du salut en Jésus?Christ, nous avons reçu le talent ou le don selon notre capacité de le mettre en oeuvre au service de Dieu et de notre prochain. Et, avec ce don, chacun a sa place dans cet énorme puzzle qu’est l’Église. Aucun don n’y est inutile ; aucun n’y est superflu. Chacun y est même nécessaire, même le plus petit. On pourrait comparer l’Eglise à un grand orchestre dont la musique est censée adoucir les moeurs dans le monde et d’y remettre un peu de l’harmonie originelle. Et, comme dans un orchestre, chaque instrument a sa partition à jouer, telle que le compositeur l’a prévue et écrite. On raconte qu’un grand chef d’orchestre interrompit un jour, en plein concert, un morceau de musique et, très mécontent, demanda : « Où est le piccolo » ? (Le picolo c’est une toute petite flûte en ré, qui joue à l’octave supérieure de la flûte ordinaire). Le piccolo n’avait que quelques notes à jouer et le musicien trouvait que cela ne changerait rien au morceau de musique, si ces quelques notes n’y étaient pas. Mais le chef ne l’entendait pas de cette oreille ; et, à la honte du joueur de piccolo, il fit recommencer tout le morceau. Il en est de même de mon rôle dans l’Église : même si moi je ne vois pas très bien ce que je fais ici avec mes maigres talents, Dieu, lui aussi, comme le chef d’orchestre, le voit, le sait, et l’attend.

Deux des trois chrétiens, forts de leurs différents dons, les ont mis au service de leurs prochains. Ils les ont fait fructifier et ont gagné de nouveaux disciples à leur maître. Le troisième a caché son talent dans un trou de son jardin et n’a gagné rien du tout. Il connaissait le dicton « Vivons heureux, vivons cachés » ! Surtout, ne te montre pas avec ton talent et ta capacité. Tu pouffais devenir indispensable et être toujours à nouveau sollicité ! Tu y perdrais ta liberté et ton indépendance ! Il est loin de l’engagement d’un apôtre Paul qui écrit dans sa lettre aux Philippiens : « à cause de Jésus-Christ, j’ai accepté de perdre tout cela ; et même, de considérer tout cela comme des balayures, en comparaison de la richesse extraordinaire que donne la communion avec le Christ Jésus, mon Seigneur ». Mais les conséquences de ce refus d’engager son talent sont encore plus graves que nous ne pourrions penser. Dans la parabole le maître dit : « Ôtez-lui donc le talent et donnez-le à celui qui a les dix talents ; car on donnera celui qui a, et à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a ». Un talent ou un don qui n’est pas exploité se perd ; exactement comme la dextérité d’un planiste qui ne s’exercerait plus . Alors, que le fait de s’engager dans des responsabilités liées à l’Évangile, c’est à dire, d’employer son talent, nous fait toujours progresser dans nos capacités, dans notre foi et dans notre vie.

Cacher ou enterrer son talent peut consister tout simplement à vouloir se contenter du strict minimum d’appartenance à l’Église. Et, c’est parfois le dimanche matin, à l’heure du culte de la paroisse que cela éclate au grand jour. C’est au moment où, éventuellement, deux soi?disant témoins de Jéhovah veulent nous inviter à venir dans leur secte. C’est là qu’on dit la fameuse phrase révélatrice que nous croyons être un témoignage de notre foi : « je suis baptisé, confirme et marié dans mon église ; et à cela, j’y tiens » ! Et là il peut arriver que nos visiteurs regardent leur montre et mettent notre conviction en doute en disant : « Si vous y teniez vraiment, vous seriez en ce moment même, au culte de votre paroisse » ! Si jamais ils se permettent cette remarque, neuf fois sur dix on leur claque la porte au nez. Parce que « L’homme refuse d’être réveillé à une vie spirituelle quelconque » comme disait Saint-Exupéry, l’auteur du Petit Prince.

L’engagement dans la paroisse est un engagement spirituel. À la différence de l’engagement dans une autre association ; il exige plus qu’une relation d’amitié ou d’affection avec les autres membres ; il exige le lien d’amour avec Jésus?Christ, le chef de l’Église et le maître de la parabole. Les « bons et fidèles serviteurs » se savent aimés de leur maître qui leur fait confiance en leur confiant ses biens. En retour ils aiment leur maître et sont heureux de travailler pour lui. Le serviteur « mauvais et paresseux » donne comme excuse pour son immobilisme, la peur. Il a peur de son maître qu’il estime être un homme dur. Mais la peur est toujours mauvaise conseillère : elle paralyse. Alors que l’amour est inventif et donne des ailes,

Jésus nous confie l’Évangile et nous assiste de son Esprit. À son repas de fête et de joie ne participent que ceux qui font fructifier ce trésor en le transmettant pour le bonheur de tous ceux qui le reçoivent parleur témoignage et s’ouvrent à son Esprit ; en négligeant ou refusant cette vie de témoignage nous sommes du sel sans saveur, ou des lumières qui n’éclairent personne, parce que cachées sous un seau : Au retour du Maître il faudra aussi rendre compte de tout ce que nous n’aurons pas fait : pour notre silence là, où nous aurions du parler et être ses témoins ; pour avoir détourné le regard là, où nous aurions dû aider ; pour avoir laissé commettre des injustices là, où nous aurions dû intervenir.

Mais tout ce qui est fait par amour est toujours grand ; même si, aux yeux du monde cela paraît aussi anodin que les quelques notes du piccolo dans un morceau de musique. Amen.

Martin DEUTSCH

Cantiques :

ARC NCTC 425,14 301,1 -4 426,1 ?4 427, t.3 302,1 ?3 42g, 1?5 296,1 ?5

¼ – Service des Lecteurs – SL – 09.08.2009 – Martin DEUTSCH

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).