2005. 02 : 2e dim après la TRINITE

L’invitation

Dimanche 5 juin 2005

Matthieu 22, 1-14

(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)

« Cordiale invitation ! Nous avons le plaisir de vous inviter… » Lorsque nous recevons un tel message, nous nous réjouissons généralement. Et surtout une invitation à un mariage signifie que nous allons partager un moment de joie… Mais il peut arriver aussi  que l’invitation nous gêne, nous mette dans l’embarras : ce jour-là, j’avais prévu autre chose ; je n’ai pas envie d’y aller, parce qu’il y aura des invités que je préfère éviter ; et puis, il faudra que j’achète un cadeau ; combien cela va-t-il me coûter ? Toutes sortes de raisons pour décliner l’invitation. Dans la parabole de Jésus, les invités ont d’autres occupations et certains réagissent même violemment. Quelle est la raison profonde de leur réaction négative ? – Accepter ou non l’invitation dépend avant tout de la relation à celui qui invite ; si c’est quelqu’un qui représente beaucoup pour moi, je m’arrangerai pour y aller ; si par contre mes relations avec l’hôte ne sont pas bonnes, je trouverai une excuse pour éviter cette obligation pesante.

Manque d’estime, mépris envers celui qui invite : une telle attitude est déjà regrettable lorsqu’il s’agit d’un être humain. Mais en écoutant la parabole, tout le monde l’a compris : c’est Dieu qui invite ! Il est question de la relation avec Dieu ! Jésus raconte cette histoire lors de sa dernière visite à Jérusalem, entre une discussion avec les responsables du peuple sur son autorité, et son chemin vers la croix.

1.     Une invitation refusée.
Les membres du peuple de Dieu, et surtout ses responsables, réagissent avec indifférence ou hostilité à l’invitation qu’il est venu transmettre de la part de Dieu. Pourtant c’est vraiment une bonne nouvelle : Dieu ne veut pas être un souverain solitaire, un être suprême loin au-dessus des hommes ; il se présente comme un partenaire cherchant le contact avec ses créatures, comme un hôte généreux qui accueille à sa table pour une fête.

Jetons un coup d’œil sur le chapitre précédent (21). Après son entrée à Jérusalem, Jésus chasse les vendeurs du temple. Les prêtres et les anciens lui demandent alors : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? » Jésus répond par trois paraboles : celle des deux fils (celui qui dit non à son père qui lui demande de travailler dans sa vigne et le fait quand même, et celui qui dit oui et ne le fait pas) ; ensuite la parabole des vignerons qui refusent de donner au propriétaire les fruits de sa vigne ; et puis la parabole des noces, notre texte d’aujourd’hui. Ses interlocuteurs avaient l’habitude d’interpréter de telles paraboles ; ils ont compris tout de suite qu’ils étaient visés, que c’étaient eux les invités qui refusent l’invitation du roi.

La parabole présente une situation extrême, nous semblant exagérée : des invités qui vont jusqu’à tuer les messagers, le roi qui brûle toute une ville. Ceci vise à souligner le caractère ingrat, incompréhensible et coupable de l’attitude d’Israël envers son Dieu. L’évangéliste Matthieu a sans doute encore connu la destruction de Jérusalem, 40 ans après la mort et la résurrection de Jésus. Peut-être y pense-t-il en rédigeant son Evangile ; en tous cas, cette réalité historique justifie les paroles dures de notre parabole. Matthieu rapporte aussi dans son livre les paroles de Jésus sur le temple : « Il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée » et : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » Le refus de l’invitation conduit à la catastrophe…

2.     Des invités inattendus.
La noce a lieu quand même, avec d’autres invités ! Après l’élimination des premiers messagers, les prophètes et Jésus, l’invitation est transmise par les apôtres aux autres peuples. Si Israël refuse l’offre généreuse de Dieu, elle s’adressera à d’autres. Des gens de toutes origines, que l’on n’attendait pas, que l’on pensait indignes, se retrouvent dans la salle des noces. Les serviteurs « rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons ». Surprenant ! Générosité et largesse d’esprit caractérisent le roi qui invite. Ces invités ne sont pas meilleurs que les premiers, la différence est qu’ils donnent suite à l’invitation et entrent dans la salle du festin. Le Nouveau Testament présente un certain nombre de ceux qui ont fait partie de l’Eglise chrétienne à ses débuts : des personnages plus ou moins respectables, Nicodème le pharisien, un officier romain, un fonctionnaire noir, Lydie la marchande de pourpre, mais aussi des collecteurs d’impôts de mauvaise réputation, des dames ayant exercé le plus vieux métier du monde, des ouvriers du port de Corinthe, même un adversaire des chrétiens devenu apôtre, Paul, anciennement Saul… Des méchants et des bons réunis dans l’Eglise, une assemblée bigarrée. Une exhortation pour nous à ne pas poser trop de conditions quant à l’origine de ceux qui font partie de l’Eglise ou qui désirent y entrer. Tous sont invités par Dieu, ne mettons pas d’obstacles à sa bonté. L’invitation s’adresse à tous, sans distinction. On pourrait croire que chacun peut entrer et fêter comme il veut. Mais la fin de la parabole est un sérieux avertissement pour ceux qui penseraient que l’hôte accepte tout et n’importe quoi. Il y a :

3.     Un invité indigne.
Celui qui n’a pas revêtu l’habit de noces est exclu. Ce qui veut dire : celui qui n’est pas prêt à changer de tenue, une image pour celui qui compte sur sa propre dignité, ou sa propre justice. Chacun peut venir, mais aucun des invités ne doit rester comme il est. Le roi ne pouvait pas attendre des invités rassemblés dans la rue qu’ils arrivent habillés somptueusement. L’erreur est donc ailleurs. Dans l’Ancien Testament et dans l’Apocalypse, des vêtements lavés sont un symbole de pureté et de justice. Ne nous trompons pas : personne n’est de lui-même digne de partager la table du roi. Peut-être que derrière les paroles de Jésus il y a cette coutume qui existait dans l’orient ancien et qui consistait à faire parvenir aux invités la tenue appropriée avant la fête ou de la leur remettre à l’entrée de la salle. C’est dans ce sens que l’apôtre Paul écrit aux Ephésiens (4,24) : « il vous faut… revêtir l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté ». Et dans l’Epître aux Romains, il dit (13,14) : « revêtez le Seigneur Jésus-Christ ». Le Christ, voilà notre habit de justice, voilà celui qui nous rend dignes d’entrer dans la salle des noces du roi. Celui qui accepte l’invitation à la fête, c’est-à-dire au Royaume de Dieu, s’engage dans une autre direction, donne une nouvelle orientation à sa vie. Il renonce à sa propre justice et vit de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Celui qui, par contre, pense profiter de la grâce pour rester dans ses anciens vêtements, c’est-à-dire principes, habitudes, péchés, celui-là est tout aussi indigne de l’invitation que celui qui refuse de se déplacer. Revêtir l’habit de noces est une image pour la repentance, repentance non pas dans le sens de renoncements désagréables ou sacrifices douloureux, mais d’une entrée dans la joie d’une vie nouvelle, propre, festive.

4.     Nous sommes invités.
L’invitation nous atteint par différents messagers : pasteurs, missionnaires, enseignants, parents, grand parents, parrains et marraines, des personnes familières ou rencontrées de manière inattendue. Les messagers du roi sont en route pour rassembler « méchants et bons ». Leur invitation nous touche-t-elle, ou bien nous laisse-t-elle indifférents, ou nous dérange-t-elle ? Peut-être sommes-nous déjà en route, remplis de joie par cette invitation qui nous est adressée lors de chaque annonce de la Parole de Dieu, de chaque sainte cène, de chaque bénédiction. Ce culte d’aujourd’hui est une occasion de recevoir une nouvelle fois l’invitation de fêter le fils de notre roi céleste. Ne laissons pas dégénérer la joie d’être invités en un devoir pénible, en un légalisme rigide, en une tradition ou routine vides de sens ! Ne nous laissons pas non plus enlever cette joie par les tribulations de notre vie ici-bas !  Et revêtons avec humilité et reconnaissance les habits de fête que nous offre celui qui invite ! Amen.

Cantiques :  NCTC 249.  ARC 522.  521 str. 7-12.  212.

Denis Klein, pasteur à Offwiller.

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).