2006. 02 : 2e dim après la TRINITE

L’invitation

Dimanche 25 juin 2006

1 Corinthiens 14, 1-3.20-25

(Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouveaux évangiles)

Parler en langues, prophétiser, cela ne fait pas partie de nos habitudes ; cela ne figure pas au programme de nos cultes, comme à Corinthe au premier siècle de notre ère. Mais la question que l’apôtre Paul pose aux Corinthiens nous concerne : votre manière de célébrer le culte est-elle juste ? Quel est le sens, le but de votre culte ?

Il y a ceux qui viennent parce qu’ils savent que Dieu les invite, les attend dans sa maison, parce qu’ils ont faim et soif de sa Parole qu’ils voudraient  toujours mieux comprendre. Ce sont des croyants qui, par le culte, nourrissent leur relation avec Dieu… Dans nos églises il y a aussi ceux qui attendent simplement du culte qu’il soit un moment solennel qui les fait sortir de la grisaille du quotidien. Ils attendent une bonne parole, un encouragement, l’assurance qu’au-dessus de nous veille un Dieu que l’on peut appeler en cas de besoin, un Dieu pour les grandes occasions. Mais qu’il ne vienne surtout pas se mêler de trop près de nos affaires personnelles et que sa Parole n’ait pas trop d’exigences concrètes…

Et puis il y a ceux qui attachent beaucoup d’importance aux sentiments, à l’ambiance.
Ils veulent vibrer, ressentir quelque chose, faire une expérience extraordinaire qui les élève vers le ciel. Ceux-là se seraient sentis à l’aise à Corinthe, à l’époque de l’apôtre Paul. On y pratiquait la glossolalie, le parler en langues qui est une forme d’adoration, de louange, de prière dans un état second, d’extase, où le croyant prononce  des paroles qui lui sont inspirées par l’Esprit de Dieu, des paroles qu’il ne comprend pas toujours lui-même et que les autres ne comprennent pas. Il parle comme une langue d’anges et cela le rapproche intérieurement de Dieu. C’est une expérience spirituelle qui le fortifie, qui est pour lui la preuve que l’Esprit-Saint habite en lui. Il semble que pour les Corinthiens c’était  le plus grand des dons de l’Esprit.

De notre temps également, on rencontre ce genre de manifestations. Les noirs d’Amérique étaient sans doute les premiers.  Au début du siècle dernier, la pratique s’est répandue en Europe par les Eglises Pentecôtistes. Le parler en langues ainsi que la louange sous l’inspiration de l’Esprit font aussi partie du culte des communautés charismatiques. Pendant les moments d’adoration et de prière, on entend des murmures, des cris ; tout le monde parle en même temps et cela donne un brouhaha ponctué par les mots qui reviennent sans cesse : « Jésus, Seigneur, Alléluia, Amen ».

L’apôtre Paul n’est pas du tout contre ! Il ne dit pas que c’est de l’enthousiasme déplacé, mais reconnaît là une expression de la foi, un fruit de l’Esprit. C’est très bien, dit Paul, c’est très bien de vous édifier vous-mêmes de cette manière, mais il y a mieux ! Lorsqu’il y a quelqu’un qui comprend et interprète vos paroles pour les transmettre aux autres, alors ce sont des paroles utiles qui fortifient, qui édifient. Et l’apôtre est convaincu,  qu’une seule phrase en paroles claires vaut bien plus que mille paroles dites dans les langues incompréhensibles. Car pour Paul l’Evangile est un message qui peut être transmis par des paroles humaines et qui s’adresse autant à la raison qu’au sentiment. Donc pas besoin d’expériences spectaculaires ou surnaturelles pour recevoir ou communiquer la bonne nouvelle !

Nous pouvons retenir ici pour nous un critère d’évaluation de notre culte. Ce que Paul critique, c’est que chacun cherchait avant tout quelque chose pour lui-même, individuellement : une force intérieure pour sa propre vie. Cela fait partie de notre vie spirituelle, mais il ne faut pas que notre vie spirituelle s’arrête là ! Car il y a aussi l’autre aspect qui ne doit pas manquer : l’édification commune, ce que l’un peut apporter à l’autre. Le don que nous avons reçu, il est pour nous, mais également pour le bien du prochain…
C’est pourquoi notre texte commence par ces mots : « Recherchez l’amour ». D’ailleurs tout le chapitre précédent parle de l’amour : « Quand je parlerais les langues des hommes et celles des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit. » C’est l’amour du Seigneur et du prochain qui est le moteur de la vie chrétienne. Tout ce que nous disons ou faisons est à examiner à l’aide de cette question : est-ce bien l’amour du Christ que je suis appelé à transmettre qui me pousse à parler ou à agir de telle ou telle manière ?  L’amour chasse le besoin de se faire valoir, d’avoir toujours raison ; l’amour rend impossible la jalousie, la haine, le mépris. L’amour rend possible, par contre, une véritable vie communautaire, quelle que soit la forme extérieure de la communauté. C’est le service qui devient le but suprême, l’édification de la communauté – et son rayonnement !

Ce qui préoccupe l’apôtre, c’est la manière dont est perçue l’Eglise de Corinthe par ceux qui voudraient éventuellement s’y joindre. Les nouveaux, que vont-ils rencontrer ? Quelle impression dominante vont-ils avoir ? Auront-ils devant leurs yeux une communauté dont l’enseignement est obscur, où chacun cherche à avoir les dons de l’Esprit les plus sensationnels ? L’orgueil et le désir de briller conduisent à des rivalités internes qui nuisent au témoignage et ne donnent pas envie aux gens de l’extérieur de faire partie de la paroisse !

Bien sûr, il y aura toujours des débats, des discussions, des avis divergents chez les croyants. Les apôtres ont déjà connu cela. Mais les différences dans la manière de comprendre les conséquences de l’Evangile sont une occasion de mieux se connaître, d’écouter les autres, de revoir sa propre position, et surtout de prier ensemble et d’interroger l’Ecriture en commun. Au lieu de détruire le témoignage chrétien, cette façon de procéder fera apparaître les richesses dispersées chez les uns et les autres. Ainsi, dans le dialogue oecuménique, les théologiens ont appris à distinguer entre différences légitimes et différences séparatrices. Et après examen, beaucoup de différences auxquelles on attachait une grande importance sont devenues des différences tout à fait acceptables, ne mettant pas en cause une unité plus fondamentale. Une telle clarification permet alors de définir les vrais problèmes qui restent.

Comment s’édifie la communauté ? – La réponse de l’apôtre est simple : l’Evangile de Jésus-Christ doit être prêché clairement, de manière à être compris par tous. Cette annonce de l’Evangile, Paul l’appelle « prophétie ». Il écrit : « Aspirez aux dons spirituels, mais surtout à celui de prophétie… Celui qui prophétise édifie l’Eglise. » Prophétie n’a pas ici le sens de prévision pour l’avenir. Le discours prophétique, c’est tout simplement l’annonce de la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ crucifié et ressuscité. Parler de manière prophétique, c’est annoncer l’Evangile de façon à ce qu’il touche les hommes dans leur situation présente, là où ils sont. C’est une prédication adaptée aux circonstances, répondant aux préoccupations actuelles des auditeurs. C’est présenter le message biblique sous l’inspiration du Saint-Esprit, pour que les destinataires se rendent compte qu’ils sont concernés personnellement : « cette parole, elle est pour moi, maintenant, c’est de moi qu’il s’agit, c’est à moi de répondre ». C’est une actualisation de l’invitation que Dieu nous adresse, et qui n’est pas seulement consolation et exhortation pour les croyants, mais aussi évangélisation, appel pour les non-croyants, auxquels il faut faire envie et donner courage pour le pas de la foi.

« Affaire de prédicateurs, de spécialistes », direz-vous. Et l’apôtre vous répondrait : « Non, pas seulement, c’est l’affaire de tous les croyants ! » Martin Luther lui aussi l’entendait ainsi ; il a pu dire sans trahir le Nouveau Testament que tous les croyants en Christ étaient prophètes. Car tous sont appelés à dire leur foi et à montrer aux autres le chemin de la Vie mais il y a également des signes, des actes prophétiques, comme un comportement contre le courant du monde, qui interpelle, qui force à se poser des questions. Ce qui veut dire que le culte déborde le cadre de notre célébration du dimanche matin et continue pendant la semaine où chacun de nous rencontre des personnes ayant besoin de la bonne nouvelle. N’ayons pas honte, n’ayons pas peur de parler de notre foi, même maladroitement. L’assistance de l’Esprit nous est promise…

En conclusion, deux remarques :

1. Toujours à nouveau on entend des chrétiens demander : « Ne puis-je pas vivre ma foi à la maison ? Que peut m’offrir l’Eglise ? Que m’apporte le culte ? » Si l’Eglise ne veut pas se fermer sur elle-même et dépérir, il est urgent que chaque croyant se demande plutôt : «Que puis-je apporter à l’Eglise ? Comment utiliser les dons que j’ai reçus du Seigneur pour mes frères et soeurs ? Où puis-je contribuer à la construction d’une Eglise plus attrayante ? »  Celui qui est prêt à s’engager apprendra l’humilité et deviendra moins exigeant vis-à-vis des autres ; mais il connaîtra aussi la joie du don et du service qui enrichissent en retour.

2. Que la forme du culte soit moderne ou traditionnelle, qu’il y ait des manifestations visibles de l’Esprit ou que l’ambiance soit d’une sobriété calviniste, que les chants aient 500 ans ou que ce soient les derniers tubes, cela n’est pas sans intérêt, mais tout de même secondaire ! Là où la Parole de Dieu est vivante et produit la vie parmi nous, le Seigneur lui-même est présent. C’est cette présence qui est la véritable sensation ou le grand miracle dans notre culte. Amen.

Cantiques :     ARC  522          NCTC  249
                            506                    221
                            530

Denis Klein, pasteur à Offwiller.

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).