2006. 04 : 4e dim après la TRINITE

La communauté des pécheurs

Dimanche 09 juillet 2006

1 Pierre 3, 8-15a

(Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouveaux évangiles)

Lectures : Epître aux Romains 14, 10-13
               Evangile de Luc 6, 36-40

A la lecture de toutes ces exhortations, nous nous surprenons peut-être à penser : »Que ce serait beau, si tout cela était effectivement réalisé dans notre paroisse, dans notre église, dans notre communauté ! » Ou  alors, à la réflexion, la vie de la communauté pourrait, au contraire, nous paraître bien ennuyeuse, si tout le monde y avait toujours la même pensée, les mêmes sentiments, le même langage. N’y aurait-il pas alors aussi un danger : le danger que tous persistent toujours dans les mêmes erreurs, dans les mêmes ornières et aussi, dans la même hypocrisie ?

     Pour nous éviter la douce illusion et aussi les dangereux écueils, les autres lectures de ce jour nous rappellent, que nous sommes et que nous restons toujours une communauté de pécheurs : des gens faillibles, des gens qui peuvent se tromper à propos du but à atteindre et du chemin pour y parvenir. Et, nous ne serons jamais autre chose que cette communauté de pécheurs ; mais, par notre foi en Jésus-Christ, nous serons toujours et nous resterons aussi une communauté de pécheurs pardonnés. Et ce pardon nous offre la possibilité de repartir  « à zéro », de recommencer une vie nouvelle. Car, ce qu’il y a de plus exaltant dans le pardon, c’est qu’il n’efface pas seulement le passé, mais aussi, et surtout, qu’il ouvre l’avenir. Mais, notre nouvelle vie, cette vie de pécheur pardonné, ne peut désormais avoir qu’un but et qu’une ligne de conduite, résumés dans cette recommandation : « Sanctifiez dans vos cœurs   Christ le Seigneur. »

   I  

Sanctifiez dans vos cœurs, Christ le Seigneur. Ce dernier verset de notre texte, nous pourrions le donner comme titre à tout le passage à méditer. Car, c’est là le dénominateur commun à tous les pécheurs qui se savent pardonnés et réconciliés avec Dieu par le sacrifice du Christ sur la croix. C’est d’ailleurs cette croix du Golgotha qui est le signe de ralliement de tous les chrétiens et le symbole de leur unité. Mais, comment pouvons-nous « sanctifier » Jésus-Christ, ou le proclamer « saint » dans notre cœur ? S’agit-il  de porter une sorte d’auréole invisible au-dedans de nous ? Certainement pas. On appelle « saint » ou « sanctifié » tout objet, toute chose ou toute personne qui appartient à Dieu. Par exemple, son Nom, dont nous disons dans la prière du Notre Père, » que ton Nom soit sanctifié. » Est-ce que nous prononçons cette prière seulement du bout des lèvres, ou est-ce vraiment un désir sincère, par lequel nous nous engageons personnellement ? Sanctifier Jésus dans notre cœur, c’est avoir « à cœur », que le nom et la personne de Jésus-Christ ne soient jamais méprisés ou maudits par notre faute. Mais au contraire, que l’on devine dans nos paroles, dans nos actes et dans tout notre être notre appartenance et notre obéissance à notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, mort et ressuscité et vivant au milieu de nous comme maître de notre pensée et initiateur de nos sentiments.

   II

Cette appartenance au Christ se devine par un comportement qui est une nouveauté dans ce monde, un comportement où dominent l’amour fraternel, la compassion et l’humilité. Voilà l’attitude qui caractérise cette communauté de « pécheurs pardonnés. Et, c’est là une perpétuelle nouveauté dans les relations humaines du monde, que des gens d’origines religieuses, de cultures, de races et de langues différentes, s’aiment, se respectent, se soucient les uns des autres et s’entraident mutuellement ; et cela tout simplement parce qu’ils ont en commun de se savoir tous également pécheurs – et pécheurs pardonnés – par Jésus-Christ leur Seigneur.

      Pour le monde en général, et le monde des affaires en particulier, cette pensée et ces sentiments sont incompréhensibles. Schopenhauer, le philosophe pessimiste pouvait encore, avec un certain humour, comparer la société humaine de son époque à une famille de hérissons ! Chacun a besoin de chacun pour vivre. Pour avoir chaud, il faut qu’ils se serrent le plus possible les uns aux autres. Mais, pour ne pas se blesser mutuellement à leurs piquants, il leur faut quand même garder une certaine distance. Les relations humaines, régies aujourd’hui, de plus en plus par le cynisme le plus éhonté, engendrent des drames, qui, eux ne nous permettent plus de sourire. Aussi longtemps qu’une personne peut servir, on l’utilise. Il arrive même qu’on l’exploite. Mais, dès qu’on n’en a plus besoin, ou qu’elle montre des signes de fatigue, on la jette comme l’écorce du citron pressé, sans se préoccuper de sa situation, de ses besoins, de sa famille ou de son avenir.

      Et l’emprise de ce cynisme est si forte dans notre société actuelle, que même l’Eglise, la communauté des croyants, n’est pas à l’abri de la contagion. Car, si nous ne sommes plus « du monde », nous sommes toujours « dans le monde », comme le dit Jésus dans la prière sacerdotale. Et, ce qui est encore plus gênant, c’est que, tout pécheurs pardonnés que nous sommes, nous retrouvons quand même, toujours à nouveau, au plus profond de nous, des aspirations de ce monde. Mais, heureux celui qui se rappellera  au moment opportun, que le Seigneur s’oppose à ceux qui font le mal, mais qu’il a les yeux sur les justes et les oreilles ouvertes à leur prière. Cette certitude et cette promesse aident à résister à la tentation de « faire comme tout le monde » et, éventuellement même aux pressions, aux chantages et aux menaces que ce monde pourrait exercer.

    III

Car, l’apôtre Pierre n’ignore pas les risques et les dangers encourus par une communauté « zélée pour le bien », au milieu d’un entourage indifférent au bien, ou
 hostile, voire même corrompu et entièrement adonné au mal. Pierre lui-même a connu un terrible moment de panique, une nuit, dans la cour du Grand Prêtre, quand, par peur d’être arrêté, lui aussi, il a nié à trois reprises être disciple du Christ, jurant même qu’il ne connaissait absolument pas Jésus. Mais, son parcours avec Jésus ne s’est pas arrêté définitivement avec ses regrets et ses amères larmes.  Jésus-Christ ressuscité est revenu lui-même chercher son apôtre au bord du lac de Galilée et lui a fait comprendre que, même si notre amour et notre fidélité peuvent défaillir, l’amour et la fidélité de Dieu ne faillissent jamais. Dieu aime toujours en premier. Il est le même, hier, aujourd’hui et toujours ; et son pardon nous ouvre toujours l’avenir.          Amen.

Martin DEUTSCH, pasteur

Cantiques :      ARC               NCTC
                     544,1-4           237,1-4       Seigneur, c’est toi notre secours
                     528,1-2           243,1-2       O Jésus, tu nous appelles
                       36,1-3             36,1-3       O Seigneur, ta fidélité
                     427,1-3           302,1-3        Tu me veux à ton service
                       430,1-2                –               Tu m’as aimé, Seigneur

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).