2007. 03 : 3e Dim après la TRINITE

3. Dim. a. la Trinité – Luc 19, 1-10
EPAL – Service des Lecteurs – Bertrand CLAUSS – Imbsheim

                       3e Dimanche après la Trinité

                                    24 juin 2007

                    Le message de la réconciliation

                                    Luc 19, 1-10

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Récemment j’ai cherché des pizzas, lorsque j’ai voulu payer au comptoir je suis tombé sur la tirelire des gens du service, tirelire ayant l’inscription suivante : « l’argent ne fait pas le malheur ». Qu’aurait pensé Zachée d’une telle affirmation ?

Zachée était le genre de personne qui, financièrement parlant, ne manquait de rien. Il s’est construit une petite fortune pas toujours de façon très honnête.
Il était collecteur des impôts, prélevait les taxes pour les romains et n’oubliait jamais de se servir au passage.
Il va de soi que dans ce genre de pratique on ne se fait pas que des amis.
Mais ne dit-on pas « les affaires sont les affaires » et que «  l’argent et les sentiments ne font pas bon ménage ».

Zachée était donc riche, immensément riche ! Mais était-il heureux pour autant ?
Je ne le crois pas ! Bien des détails de l’histoire me font penser qu’il manquait de l’essentiel.

Notons  que l’homme riche et important qu’il était, n’avait pas la reconnaissance liée à son statut ! Comme tout le monde, il avait entendu parler de l’arrivée de Jésus et comme tout le monde il désirait lui aussi le voir, mais personne ne lui laissait la place d’honneur pour un homme de son rang ! Pire, on l’empêchait même de s’approcher. Lorsqu’il voulait se frayer un chemin à travers la foule, il ne rencontrait que refus et oppositions. La foule faisait barrage devant lui et  même, ce jour là  l’argent ne lui était d’aucune aide!
Ce rejet n’était-il pas l’expression d’un mépris vis-à-vis de quelqu’un qui usait de sa situation pour s’enrichir aux dépens des autres, pire encore un mépris envers quelqu’un qui s’enrichissait parfois aux dépens des plus pauvres !

Malgré tout Zachée restait fermement décidé à voir Jésus, jusqu’à se percher sur un arbre pour arriver à ses fins ! L’image frise le ridicule. Pourquoi tant d’acharnement de sa part ?
A moins que son comportement révèle plus qu’une simple curiosité,  un énorme vide, un profond manque à combler ! L’argent ne ferait donc pas le bonheur ?

Jésus passe près de l’arbre et à la surprise générale, il s’arrête, lève la tête et interpelle Zachée : « Dépêche-toi de descendre car il faut que je loge chez toi aujourd’hui »
 D’un instant à l’autre Zachée le marginal se retrouve avec Jésus au centre de l’histoire. Celui à qui l’ont tournait le dos, est fixé par tous les regards. Il devient une star !
Et que fait Jésus ? Il s’invite chez ce voleur : c’est le monde à l’envers, c’est l’indignation collective !
En s’invitant chez Zachée, Jésus fait sauter les repères habituels. Le Messie prend place à la table d’un pécheur ! Mais quelle joie, quel bonheur pour ce pauvre pécheur qui va enfin découvrir ce que sont la miséricorde et la grâce.

Cette rencontre transforme profondément Zachée car en entrant dans sa maison, Jésus entre également dans sa vie. Et de cette rencontre s’ensuivent des actes concrets, des actes de foi .
Zachée ne renonce ni à l’argent, ni à son métier, mais il propose de donner la moitié de ses biens pour compenser largement les torts qu’il aurait infligés. Auparavant l’argent l’avait détourné des autres parce qu’il avait le pouvoir de posséder ses pensées, son cœur et d’anesthésier ses sentiments de miséricorde, de compassion et de fraternité vis-à-vis des autres. L’argent l’avait isolé.
Désormais il en usera pour créer du bonheur et combler les injustices :
v. 8 : « Ecoute, Maître, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai pris de l’argent à quelqu’un en le trompant, je vais lui rendre quatre fois autant ».

Cette rencontre avec Jésus a permis à Zachée de retrouver la juste valeur des personnes et des choses : d’abord l’humain ensuite les richesses.
Plus encore, l’argent n’est plus une fin en soi, car si l’argent devient le but d’une vie, il contribue à faire le vide dans celle-ci et la personne toute entière se perd dans ce vide.

La rencontre avec Jésus a permis l’inversion de la fonction de l’argent dans la vie de Zachée, non plus destructeurs de relation mais créateur de liens.
L’interpellation de  Jésus a permis chez Zachée une attitude libérée à l’égard de ses biens.
Une liberté qui consiste à donner à l’argent le rôle qui lui revient à savoir le rôle d’instrument fait pour l’échange et la vie.

Le troisième dimanche de la trinité pose la question du Salut de chacun :
L’argent et les richesses jouent un rôle tout particulier dans cette question. L’argent est cette puissance qui peut nous séparer de Dieu et les uns des autres parce qu’elle a la puissance de nous posséder corps et âmes. L’argent a le pouvoir de nous faire croire que tout ce que nous sommes, que tout ce que nous avons proviennent de nos propres mérites. Plus besoin des autres, plus besoin de personne, nous nous suffisons à nous-mêmes.  L’argent et les richesses en générale nous font oublier l’essentiel : la vie, que l’on soit riche ou pauvre, est avant tout un don. La vie nous est offerte sans que nous n’ayons rien mérité et sans que nous n’ayons rien fait.
La vie procède donc d’une grâce première qui précède notre existence.
Nous avons trop tendance à l’oublier. Et nous avons tous besoin de faire des expériences de miséricorde, de gratuité pour redécouvrir la réalité de ce don premier est pour soi-même entrer dans cette spirale vertueuse qu’est la liberté de donner.
L’interpellation qui nous est lancé aujourd’hui plus que jamais à travers cette histoire n’est pas tant « Que fais-tu de ton argent ?» cette question nous ferais tomber dans le domaine de la morale. Mais la question qui se pose à nous aujourd’hui est plutôt  « que fait l’argent de toi ? ». Avec cette dernière question nous sommes de plein pied dans la question spirituelle.
Qui est maître de ma vie, qui dirige ma vie ?
Suis-je sensible à l’appel de l’autre ?
Suis-je sensible à l’invitation inopinée de Dieu ?
où suis-je au service de l’argent en me repliant sur mon monde de désir ?
Suis-je libre d’user l’argent comme un moyen d’ouvrir des relations avec autrui ?

Dans cette introspection il est bon de nous rappeler que le Salut est entré dans la maison et la vie de Zachée lorsque celui a entendu et répondu à l’appel de Jésus et lorsque Zachée a découvert la liberté de donner la vrai place à la richesse : un moyen au service de la vie et non une fin en soi.
Cette liberté lui a ouvert de nouvelles perspectives et a donné à sa vie du sens.
Pour Zachée si l’argent n’est plus une condition du bonheur, il peut désormais être un moyen, un instrument pour faire reculer le malheur. Amen

Bertrand CLAUSS

1/4 – Service des Lecteurs – SL – 27 – 24.06.2007 – Bertrand CLAUSS

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).