Dimanche 8 Juin 2008
Le message de la réconciliation
Ezéchiel 18,1-4,21-24,30-32 (TOB)
Série VI (Reihe VI) : liste complémentaire II :
Chers amis,
Revenez donc ! Ces mots du prophète Ezéchiel nous rappellent que la seule chose qui reste à faire, de notre part, pour être réconciliés avec Dieu, c’est de revenir à lui : « Revenez donc et vivez ! » Car, depuis Abraham, Moïse et les autres prophètes, jusqu’à Jésus-Christ, c’est Dieu lui-même qui fait le premier pas de cette réconciliation. Pour vivre, et vivre vraiment, il faut revenir à lui et à sa Parole. Et, pour l’Apôtre Paul, le message de cette réconciliation est l’essentiel de l’exhortation chrétienne, comme il l’écrit (2 Corinthiens 5,19-20) « Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, sans tenir compte aux hommes de leurs fautes ». C’est le pardon de nos « fautes » qui rend le retour à Dieu et la réconciliation possibles. Dieu ne veut plus se souvenir de nos révoltes, nous dit déjà Ezéchiel.
Nos « fautes » , voilà ce qui nous fait problème. C’est généralement dans le malheur ou la maladie, devant un coup du sort, comme nous disons, que nous nous croyons punis par Dieu, à cause d’éventuelles fautes, que nous cherchons à identifier. A l’époque d’Ezéchiel, les habitants de Jérusalem déportés à Babylone se demandent comment ils ont mérité cette punition de Dieu ? Mais selon la vieille habitude humaine, personne ne veut reconnaître une quelconque responsabilité personnelle dans son malheur, mais chacun cherche à rejeter la faute sur d’autres. En invoquant le vieux dicton « Les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils ont été agacées » , ils accusent leurs pères et leurs ancêtres des fautes dont eux croient subir la punition.
C’est un fait, que chaque génération profite des bienfaits, mais, peut aussi subir les conséquences des méfaits des générations précédentes. Des bienfaits, nous en oublions le plus souvent les origines ; mais, des malheurs, nous en recherchons dans le passé la cause ou la faute, comme une sorte de « péché originel ». Bien sûr, la vérité du dicton familier « les parents boivent et les enfants trinquent » n’est plus à démontrer. Mais aussi, à propos des problèmes de nos sociétés modernes, nous trouvons, par exemple, que les urbanistes et les autres responsables des années 1950-60, qui ont construits dans des banlieues sans âme des blocs aux dimensions absolument inhumaines, ont ainsi créé toutes les conditions de la violence, dont les banlieues souffrent aujourd’hui. – LES PERES ONT MANGE DU RAISIN VERT ET LES DENTS DES FILS ONT ETE AGACEES – Ou, que dire des gouvernants et autres décideurs qui, depuis des décennies, ont négligé, ou même occulté sciemment toute recherche sur les « énergies renouvelables » pour fonder l’économie et l’industrie exclusivement sur le pétrole ? Cela a permis et permet toujours à quelques-uns d’amasser des fortunes fabuleuses ; mais les retards accumulés dans la recherche et la flambée sauvage du prix du pétrole plongent de plus en plus la grande masse des consommateurs dans la misère. – LES PERES ONT MANGE DU RAISIN VERT ET LES DENTS DES FILS ONT ETE AGACEES – Nous pourrions multiplier les exemples des fautes irréfléchies ou conscientes du passé avec leurs conséquences désastreuses dans notre génération : que ce soit l’affaire du sang contaminé et utilisé quand-même dans des transfusions, ou les affaires liées à la maladie dite de « la vache folle » , ou l’accident de la centrale nucléaire de Tschernobyl, dont nous n’avons peut-être pas fini de subir les conséquences – LES PERES ONT MANGE DU RAISIN VERT ET LES DENTS DES FILS ONT ETE AGACEES –Il n’y a pas de grande différence entre le mépris des riches à l’égard des veuves et des orphelins et des autres exploités du temps d’Ezéchiel et le mépris aujourd’hui de la « France d’en-haut » pour la « France d’en-bas ». Il n’y a pas non plus de différence entre la dureté du cœur des riches israélites qui refusaient de donner du pain à l’affamé du temps d’Ezéchiel et l’insouciance de nos pays riches à l’égard des pays du Tiers-monde. – LES PERES ONT MANGE DU RAISIN VERT ET LES DENTS DES FILS ONT ETE AGACEES –
Mais, n’y a-t-il pas derrières ce dicton démobilisateur et fataliste des déportés à Babylone une accusation d’injustice à l’égard de Dieu lui-même ? Est-il juste de punir les enfants pour les fautes des pères ? A plusieurs reprises, dans ce chapitre 18 d’Ezéchiel revient l’accusation des déportés « Dieu est injuste ! Ses voies ne sont pas droites ! Ses chemins ne sont pas équitables ! » Nous avons toujours besoin que la Parole de Dieu – oui, que la Bible nous ouvre les yeux sur Dieu et sur sa justice.
Et la première erreur humaine que Dieu lui-même corrige dans notre passage, c’est cette accusation d’injustice à l’égard des israélites déportés. Ils se croient punis pour les péchés de leurs pères. – Non, répond Dieu : chacun est responsable personnellement de sa désobéissance ou de son obéissance aux commandements. Celui qui les respecte vivra. Car, les respecter rend la vie vraiment vivable en société. Et celui qui y contrevient se rend, par ce fait même, la vie impossible dans la société. Dieu ne nie pas la véracité du dicton, surtout pas sous sa forme familière « les parents boivent et les enfants trinquent » ; mais il refuse d’en endosser la responsabilité. Elle ne revient qu’aux parents dans ce cas. Et cela nous rappelle, par exemple, notre responsabilité dans notre propre existence à l’égard des générations futures. Quelle terre, quelle société allons-nous leur transmettre ? Béniront-elles ou maudiront-elles un jour notre mémoire ? Revenez à moi, dit Dieu, ainsi vous vous ferez un esprit neuf et un cœur neuf. Les déportés à Babylone n’étaient sans doute pas plus infidèles que ne l’étaient leurs pères ; mais, étaient-ils meilleurs ? Etaient-ils seulement différents de leurs pères ? La manière de vivre et les errements hérités de leurs pères ne faussent-ils pas aussi leur jugement ?
En rentrant de l’école un petit garçon du cours élémentaire dit à sa mamie : « Moi, je ne prie plus ! » Au pourquoi étonné de la mamie il explique : » J’ai prié pour avoir une bonne note en classe, et j’ai quand-même eu une mauvaise ! » Il fallut tout l’art de la grand’mère pour faire entrevoir à son petit-fils, ce qu’est la justice de Dieu et notamment, que Dieu serait beaucoup plus injuste, s’il avait permis qu’il reçoive une bonne note, alors qu’il n’avait pas travaillé comme il aurait dû. – Ne reste-t-il pas en chacun de nous, un petit quelque chose de cet enfant à l’égard de Dieu ? Si ce n’est quelque chose de ce père de famille hindou, qui, d’après un film documentaire, donnait des coups de bâton à la statuette de la divinité soi-disant protectrice de sa maison, parce qu’une épidémie avait frappé sa famille. Notre réaction à un malheur qui nous frappe n’est sans doute pas aussi puérile ; mais n’est-elle pas parfois quand-même un peu semblable ? Tant qu’on se réjouit d’une bonne santé, de la réussite en affaires, de fidèles amitiés, il ne nous est pas difficile de croire au « bon Dieu » , ou, ce qui est plus fréquent, de le laisser simplement « exister ». Mais, que survienne la maladie ou l’échec, qu’une déception assombrit notre existence et le doute surgit. Si ce n’est la négation cynique de l’intellectuel athée : » la seule excuse de Dieu, c’est de ne pas exister ! »
Pour les malheureux déportés de Babylone la seule « injustice » de Dieu, si injustice il y a, serait, d’avoir été patient avec leurs pères et d’avoir espéré qu’ils reviennent à lui, comme il attend et espère maintenant, que les fils reviennent à lui et vivent. Mais, sont-ils seulement capables de reconnaître cela ?
Pour Dieu chacun est personnellement responsable de ses propres actes. C’est à chacun de nous qu’appartient le choix de marcher avec Dieu ou de lui tourner le dos. Dieu veut que je vive et cela ne dépend que de moi ; malgré les fautes et les errements que j’ai pu commettre dans le passé ou que j’ai hérité de mes ancêtres. Dieu veut que je vive et il me tend la main en m’invitant à revenir à lui. Il a fait le premier pas en m’offrant le pardon. Maintenant c’est à moi de faire le pas suivant, de revenir à lui et de vivre. Mais là aussi nous connaissons le poids de notre entourage qui peut nous empêcher de reconnaître une faute comme une faute, et le péché, comme péché ! « Les autres copient aussi » ! C’est ainsi que pense se justifier le mauvais élève surpris à copier. « Les autres ne respectent pas non plus les limitations de vitesse » se justifie le chauffard contrôlé par la police. Il y a quelques années un sondage, vite étouffé, avait révélé que 71 % des français trouvaient la corruption normale. Si, par malheur, nous avons, en son temps, fait partie de ces 71 % disposés à corrompre ou à se laisser corrompre, rien ne nous oblige d’en faire partie pour l’éternité. Car Dieu dit : « Si le méchant se détourne de tous les péchés et s’il accomplit le droit et la justice, on ne se souviendra plus de toutes ses révoltes ; mais, c’est à cause de la justice qu’il accomplit maintenant qu’il vivra ».
Le prophète Ezéchiel ne faisait qu’entrevoir l’immensité de la miséricorde et de la grâce que Dieu nous accorde en son Fils Jésus-Christ. Mais il avait déjà eu la révélation que Dieu ne prend pas plaisir à la mort des gens, au contraire il veut qu’ils vivent en revenant à lui. En accordant son pardon il efface le passé, aussi sombre qu’il soit et permet un nouveau départ dans la vie. Et cette vie de réconcilié avec Dieu que le prophète n’a fait qu’entrevoir, Dieu nous l’accorde pleinement en Jésus-Christ. C’est Jésus-Christ lui-même qui nous le confirme dans le mot d’ordre pour ce dimanche : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Revenons donc à lui et nous vivrons. Amen.
Martin Deutsch, Plobsheim.
Cantiques possibles :
1) Dans ta maison je suis heureux = ARC Psaume 84
Jésus est au milieu de nous = ARC 526
Seigneur, accorde-moi d’aimer = ARC 607
Sur le chemin où tu appelles = ARC 883
¼ – Service des Lecteurs – SL – 25 – 08.06.2008 – Martin Deutsch
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).