2007 : FETE DES RECOLTES

17è Dimanche après la Trinité

Dimanche 30 Septembre 2007

Fête d’actions de grâce pour les récoltes

Matthieu 6,19-23

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Chers amis,
En célébrant la fête des récoltes aussi à l’église, et pas seulement sur les places des marchés et dans les chapiteaux des foires aux vins, nous exprimons notre reconnaissance au Créateur et, en même temps, nous témoignons aussi d’une humilité sincère. Car, après une année de labeur et de sueur, nous pourrions aussi vouloir simplement, mais fièrement, jouir des produits de nos jardins et de nos champs, fruits de notre travail. Mais, si nous sommes ici, à l’église ce matin, c’est parce que nous sommes convaincus d’une chose essentielle : «  Nos mains préparent la terre et ensemencent les champs, mais, du ciel, notre Père fait croître le froment ». C’est aussi cela que la Bible veut nous dire, en nous rappelant, dès les premières pages, dans le poème de la Création, l’ordre que Dieu donna, une fois pour toutes à la terre :

 « Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence. » Et la terre a produit en abondance. Et la terre produit toujours en abondance. Et la terre produira encore en abondance, si l’homme ne fait pas trop de bêtises.

Mais sommes-nous toujours conscients que, c’est à Dieu, « Maître du ciel et des saisons » , que nous le devons, si, après avoir semé et planté, nous pouvons aussi récolter ? Pour reconnaître cela, il nous faut élever notre regard au-dessus des fruits et des légumes, au-dessus du pain et du vin, pour voir derrière ces dons offerts par la nature et par le travail des hommes, la main du véritable donateur. Mais là, il nous faut toujours lutter contre l’éternel travers humain, qui ne voudrait voir la responsabilité de Dieu que dans le mauvais temps ou, dans une récolte misérable. Tel, ce vigneron qui, en bombant le torse, présentait son excellent vin aux dégustateurs en disant : « Voilà ce que j’ai produit cette année. » Mais, une autre année, où son vin était plutôt du genre « picrate » , il disait avec un sourire d’excuse : « Comme Dieu l’a fait pousser ».

Oui, chers amis, comment voyons-nous notre récolte ? Quel regard portons-nous sur les biens de ce monde et sur la richesse matérielle, en général ? Dans le Sermon sur la Montagne Jésus nous dit, que cela ne dépend pas de la richesse elle-même, ni de l’abondance ou de la qualité de la récolte, mais de nous, de notre œil : « L’œil est la lampe du corps. Si donc ton œil est en bon état, tout ton corps sera illuminé, mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans les ténèbres. » Cet œil trompeur qui nous fait amasser de faux trésors, nous rappelle le penchant particulier de la pie, cet oiseau qui a inspiré à Rossini son opéra « La Pie voleuse ». Tout le drame de cet opéra provient d’une pie qui, attirée par tout ce qui brille, avait dérobé et caché dans son nid un couvert en argent, provoquant, par ce vol, la condamnation d’une servante parfaitement innocente. Mais, dans la réalité, ce penchant n’est pas sans danger pour les petits de la pie. Ils peuvent se blesser mortellement à ces faux trésors qui ont « tapé dans l’œil » de leur maman, si vous me permettez l’expression.
Se réjouir égoïstement de la récolte avec le regard du riche insensé de la parabole de Jésus, dans l’évangile de ce jour (Luc 12,16-21), c’est oublier que la joie véritable est toujours une joie partagée, et pas seulement avec sa propre « âme » , mais, avec Dieu, le véritable donateur, et avec notre prochain. C’est à cette vision de nos récoltes que Jésus veut élever notre regard. Et, avec ce regard renouvelé par Jésus-Christ nous retrouvons, cette année encore, les trois caractéristiques de la vision chrétienne d’une bonne récolte. Car, dans cette récolte Dieu nous a donné suffisamment ! Dans cette récolte Dieu nous a donné trop ! Dans cette récolte Dieu nous a donné trop peu !

1.    Dieu nous a encore donné suffisamment. Même si, dans certains domaines, la récolte n’a pas été brillante, d’autres domaines l’ont largement compensée. Personne, parmi nous, n’aura à souffrir ni de la faim, ni de la soif, ni du froid. Dieu nous a même donné assez pour nous permettre d’aider les habitants d’autres pays, moins favorisés ; ou, pour aider dans notre pays les concitoyens qui n’ont que la ressource des « Restaurants du Cœur » pour manger à leur faim, ou l’Armée du Salut pour dormir au chaud.
2.    Mais, Dieu ne nous a-t-il pas donné de nouveau trop dans cette récolte ? Et, même, beaucoup trop ? Il ne s’agit pas d’éventuels surplus qui sont parfois voués à la destruction, pour éviter l’effondrement des prix. Certes, par notre travail, notre fatigue et notre sueur, nous avons peut-être mérité une bonne récolte. Mais, est-ce que nous l’aurions aussi méritée par notre fidélité à Dieu et à sa parole ? N’aurions-nous pas plutôt mérité, par notre infidélité et notre manque d’amour pour Dieu que le sol ne produise que les épines et les ronces dont Dieu a puni Adam et Eve après leur désobéissance ? Mais nous remercions aussi aujourd’hui parce que, malgré notre travail et notre peine, toute récolte reste toujours un don de la grâce de Dieu.
3.    Mais, dans cette récolte, Dieu nous a quand même donné trop peu. Beaucoup trop peu. Car, si nous voulions nous contenter de tous ces biens matériels, nous remarquerions bien vite, ce que la Bible veut dire quand elle nous rappelle que « l’homme ne vit pas de pain seulement ». Et cela, même les journaux et les sociologues nous le confirment, sans le dire expressément, quand leurs statistiques révèlent que les pays au plus haut niveau de vie connaissent aussi le plus fort pourcentage de suicides. Pour nous éviter l’éblouissement par ces faux trésors que sont tous les biens matériels, la Bible précise : l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

C’est pourquoi, parmi toutes les belles choses de notre récolte que nous étalons aujourd’hui devant Dieu pour le remercier, il y a, comme toujours, la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, le don de Dieu pour le salut éternel du monde. Et il y a également, la Bible, sa parole dont Jésus a dit « le ciel et la terre disparaîtront, mais ma parole demeurera éternellement ». C’est pour cela, qu’à travers toute notre reconnaissance, notre prière aujourd’hui demandera aussi : Seigneur, ouvre nous les yeux pour les vrais trésors, ceux qui demeurent éternellement. Amen.


Cantiques proposés :

–    ARC Psaume 24     Alléluia Psaume 24
–    ARC 181    Alléluia 14 – 09
–    ARC 242    Alléluia 41 – 03
–    ARC 521    Alléluia 36 – 03

¼ – Service des Lecteurs – SL – 41 – 30,09,2007 – Martin DEUTSCH