2010. 11 : 11e Dimanche après la TRINITE

Dimanche 15 août 2010

Pharisiens et péagers

Éphésiens     2, 4 – 10

Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,

Il était une fois un vieillard qui n’avait jamais eu de jeunesse. En réalité, de toute sa vie, il n’avait jamais appris à vivre. Il ne savait ni pleurer, ni sourire. Tout ce qui arrivait dans le monde le laissait indifférent : aucun malheur ne le fit pleurer ; aucune bonne nouvelle ne le réjouissait. Il passait ses journées à paresser sur le seuil de sa cabane sans jeter le moindre regard vers le ciel. De temps en temps les passants lui posaient des questions. On le prenait pour un sage plein d’expériences. « Que devons-nous faire pour trouver le bonheur ? » lui demandaient les jeunes. « Le bonheur ? ce n’est qu’une invention des gens stupides » répondit le vieillard. D’autres, désirant se rendre utiles au prochain lui demandèrent : « de quelle façon pourrions-nous aider nos frères ? »  « Celui qui veut aider les autres perd son temps », répondit le vieillard dans un ricanement sinistre. « Comment faire pour guider nos enfants sur le chemin du bien ? » lui demandaient les parents. « Les enfants ne sont là que pour empoisonner nos vies » fut la réponse du vieillard. Même les artistes et les poètes, le prenant pour un puits de sagesse, venaient le consulter : « enseigne-nous comment exprimer les sentiments que nous éprouvons au fond de nous-mêmes », lui disaient-ils. « Vous feriez mieux de vous taire », grommela le vieillard. Les idées noires et mauvaises finirent peu à peu par influencer le monde. Dans son coin sordide où il vivait ne poussa aucune fleur, ne chantait aucun oiseau. Il y souffla un vent glacial. Comment pourrions-nous qualifier ce pauvre vieux ? L’apôtre Paul dirait : c’est un homme mort !

Cela déplut énormément au Seigneur. Il décida d’y remédier. Il fit venir un petit enfant et lui dit : « va auprès de ce pauvre vieillard et embrasse-le. »Le petit enfant obéit. De ses bras tendres il entoura le cou du vieil homme et lui donna un baiser humide et sonore sur la joue rugueuse. Le vieillard s’étonna. Ses yeux troubles devinrent limpides. Pour la première fois, un large sourire se dessina sur son visage. Il ouvrit ses yeux qui brillaient de joie et d’espérance. Un baiser qui a fait basculer toute une vie !

Le Seigneur n’a-t-il pas aussi fait venir un petit enfant dans notre monde pour que le monde soit sauvé par lui ? Un geste d’amour que nous avons reçu dans toute sa plénitude le matin de Pâques. Ce geste d’amour : victoire sur la peur et l’abandon, victoire sur l’endurcissement et l’orgueil, victoire sur le mal et la mort. « Alors que nous étions morts à cause de nos fautes, Dieu nous a donné la vie avec en Christ, avec lui il nous a fait ressusciter… » écrit l’apôtre Paul. Ce geste d’amour n’a pas seulement ressuscité Jésus – Christ, mais avec lui l’humanité tout entière.

Qu’est-ce qui nous permet de vivre de cette grande espérance ? L’apôtre Paul parle de deux cadeaux que Dieu nous donne : la miséricorde et la grâce.

« Dieu est riche en miséricorde ». Qu’est-ce que veut dire miséricorde ? Ce mot vient du latin « miseri cordia » et signifie : qui a un cœur sensible à la misère, à notre misère, à nos souffrances, à nos péchés. Traduit du grec, ce mot prend une connotation encore plus émouvante : Dieu est miséricordieux veut dire que son amour pour nous lui « retourne les entrailles » ! La miséricorde de Dieu est particulièrement visible dans le Christ. Par ses paroles et ses actes, il manifeste la miséricorde de Dieu. Mais c’est par l’épreuve de la passion et de la croix que se manifeste toute l’intensité de son amour. Là, Jésus a pris notre péché, mais aussi toutes nos souffrances. C’est par lui que chacun d’entre – nous est sauvé, ou comme l’exprime l’apôtre Paul : « c’est par la grâce que vous êtes sauvés » : Le deuxième don de Dieu, la grâce.
De quoi s’agit-il ? La grâce de Dieu est un concept tellement inouï qu’il semble dépasser l’intelligence humaine. Et pourtant, l’Écriture ne cesse de souligner cet attribut divin qui est en fait le principal de l’Évangile (le mot grâce revient plus de 160 fois dans la Bible). La grâce est le miroir dans lequel se reflètent toute la compassion et l’amour de Dieu pour nous. La compassion de Dieu est immense, son amour pour nous est tel qu’il nous a fait revivre avec le Christ. Cet amour sans limites nous dépasse et nous empêche souvent de saisir ce don immérité. Et pourtant, son acceptation est la seule condition du salut. C’est là qu’intervient la foi. Si les œuvres suffisaient à sauver l’homme, les souffrances du Christ auraient été inutiles. Nous ne sommes pas sauvés par nos œuvres, mais nous sommes sauvés par la foi en Dieu. « Crois au Seigneur, et tu seras sauvé » (Actes 16,31).

Sommes-nous prêts à vivre de cette miséricorde de Dieu et répondre à sa grâce en nous engageant à suivre les traces de celui qui a donné sa vie pour nous et qui nous a fait revivre avec lui ? Il est bon d’accepter ces deux cadeaux, car nos vies se verront transformées. Ayant reçu la vie en abondance, nous serions aussi en mesure de répondre à toutes ces questions auxquelles le vieil homme n’avait pas su répondre.

Rappelez-vous :
– que devons-nous faire pour trouver le bonheur ?
– comment faire pour guider nos enfants sur le chemin du bien ?
– comment pouvons-nous exprimer les sentiments que nous éprouvons au fond de nous-mêmes ?
La miséricorde et la grâce de Dieu nous enseignent à vivre dans ce monde présent avec sagesse, à discerner et à réaliser ce que Dieu a préparé. Elles remplissent nos cœurs d’une bienheureuse espérance : celle du salut et de la vie nouvelle qui en découle. Amen.

                                                   Marlise Giresbaecher

 
Cantiques :

ARC                                                              ALLÉLUIA

226    1-4                                                      21/05     1-5
403    1-3                                                      43/02     1-3
153    1-3                                                      12/07     1-3
613    1-3                                                      47/21     1-3

¼ – Service des Lecteurs – SL – 35 – 15.08.2010 – Marlise GRIEBAECHER