2013 . 07 : 7e dimanche après la Trinité

Dimanche 14 juillet 2013
    Septième dimanche après la Trinité

               Luc 9, 10-17
         A la table du Seigneur

Premières réactions au texte:

Soupirs : un texte connu, trop connu ?
Un miracle qui fait soupirer : c’est naïf, si c’était  si simple  ou bien on ne peut rien faire, on adopte une attitude fataliste face au problème de la faim dans le monde.

Un texte aux multiples lectures possibles : politique, psychologique, existentielle, symbolique, littérale,…
Laquelle choisir ? Laquelle paraît pertinente pour 2013 ?

Introduction

Dans la situation d’une crise économique européenne  et spirituelle du moins en France j’ai fait le choix de m’intéresser aux différents groupes de personnes dont il est question dans ce récit de miracle (Jésus- les douze- la foule) et à l’aliment du pain dans ses fonctions  physiques  de nourrir le corps et aussi dans son sens spirituel de nourrir la foi.
Le scandale n’est- il pas que dans un monde globalisé les uns meurent de faim et les autres jettent des tonnes de nourriture à la poubelle ? Que nous produisons assez de nourriture pour rassasier 7 milliards de personnes, mais que pour des questions de partage 1, 6 milliards souffrent de la faim ?

Pour illustrer mon propos voici un tableau symbolique à utiliser éventuellement pour la prédication :

Pays    Nb de personnes     Nb de pains

Europe & Australie    2            10
Afrique                    5             2
Asie                      19             7
Amérique du Nord     1           10
Amérique du Sud     3              1
Total                     30            30

(Source : Brot für die Welt Aktion 47 ;
Jesu Geist befreit zum Teilen und die Welt beginnt zu heilen)

Plan de la prédication

Des hommes : Jésus, les douze, la foule
Un but : être rassasié
Une méthode : le partage
Un résultat : une anticipation du banquet céleste

Prédication :

Chers frères et sœurs,
Connaissiez-vous cette histoire ? Pour ceux qui viennent au culte ou lisent la Bible régulièrement cela est très probable. Rendez-vous compte ce miracle de la multiplication des pains est raconté pas moins de six fois dans les quatre évangiles. C’est dire que le message contenu dans cet épisode évangélique est important. Il est répété encore et encore afin que tous les auditeurs le retiennent et le comprennent. Comprennent quoi au juste ?

Jésus avait envoyé les apôtres annoncer l’évangile dans les villages, vers des inconnus, puis les voilà de retour ; fatigués et enrichis de tant de rencontres et d’histoires. Jésus les accueille, ces apôtres, ses envoyés ; les écoute et les invite à se mettre un peu au repos à l’écart.

Ils acceptent, se laissent prendre en charge, se laissent mettre à l’abri pendant Jésus s’occupe des personnes qui arrivent. Maintenant c’est lui seul qui accueille, qui guérit, qui annonce l’évangile du Royaume de Dieu.

 Quand le soir approche les apôtres, appelés « les douze » maintenant, reviennent et invitent Jésus à laisser partir les gens afin qu’ils s’achètent à manger et trouvent à loger pour la nuit. Ils se sentent responsables de cette foule comme les chefs des 12 tribus juives lors de la marche du peuple à travers le désert vers la terre promise. Les douze voient les problèmes concrets de logistique : nourrir  et loger une grande foule humaine. Qui voudrait leur en vouloir ?

Accueillir et nourrir une foule de 150 personnes pour une fête paroissiale, familiale ou associative demande déjà de l’organisation et de l’anticipation, mais un repas pour une foule innombrable ? 5000  personnes ?

La réponse de Jésus semble ainsi totalement irréaliste voire surréaliste: « Donnez-leur vous-même à manger ! » à un tel point que les douze ne comprennent pas ce que Jésus veut dire et tentent de clarifier, de reformuler ce qu’ils ont discerné : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons. Voudrais-tu peut-être que nous allions acheter des vivres pour tout ce monde ? »

Ils raisonnent avec leur logique raisonnable d’hommes. Ils voient les contraintes, les impossibilités, les limites de leurs moyens financiers et logistiques. Ils se posent les questions de faisabilité à partir de leurs schémas de pensée : voilà nos avoirs, voilà les besoins et entre les deux un abîme.

Comme ils nous ressemblent !

Nous avons peu, pensons-nous, les besoins sont immenses et aucune solution n’est en vue face à cette montagne de problèmes.
La réponse pragmatique de Jésus se situe à leur niveau : ils doivent agir concrètement, faire ce qu’ils savent faire : compter et repartir en plus petites unités la foule innombrable.  On appellerait cela aujourd’hui : Sectoriser les problèmes. En groupe de 50 comme au temps de la marche du peuple des hébreux dans le désert, comme pour le repas messianique lorsque tous participeront au banquet céleste.
Au lieu de vouloir résoudre un problème non quantifiable Jésus ordonne de la méthode, et voilà que les douze deviennent « des disciples », des personnes ayant tant à apprendre du maître !

Ainsi les mêmes personnes changent trois fois d’appellation dans cette histoire : apôtres (envoyés), douze (responsables), disciples (apprentis)- une façon de nous rappeler que tout en restant les mêmes personnes selon les moments nous pouvons nous retrouver dans des positions différentes.
Leçon d’humilité et d’encouragement en même temps.

Tout cela pour la foule, à cause de la foule… Ces hommes et femmes égarées, en quête de Paroles d’espérance, en attente de guérison, en manque du plus élémentaire : à manger.
Des hommes et femmes non satisfaits dans leurs besoins physiques, de sécurité, de spiritualité. 5000 hommes ! Quand on sait que le chiffre 4000 est symbole pour le peuple juif, nous pouvons comprendre que 5000 est un chiffre qui symbolise l’ouverture vers d’autres nations, vers l’infini.  Vraiment une foule innombrable !

Nous aujourd’hui, comme les douze, voyons les besoins immenses de cette multitude : Tant de personnes sont en recherche spirituelle. Tant de personnes ont besoin d’être guéries. Tant de personnes souffrent ou meurent de la faim. Oui environ 1 milliard sur les 7 milliards qui peuplent la terre. Un être humain sur sept
(combien seraient-ils à disparaître ce matin de notre assemblée ?  – calculer selon le nombre de personnes présentes au culte)

Nous sommes là devant cette montagne de problèmes comme les douze : avec ce terrible sentiment d’impuissance, ce sentiment d’être dépassé par les problèmes, avec notre logique limitée et avec un grand point d’interrogation en plein milieu de la figure. Que faire avec cette foule ? Comment la rassasier?

Parfois nous sommes tentés de soupirer et de nous résigner, de céder au fatalisme.

Quand ce sentiment nous envahit, l’évangéliste Luc nous invite à redevenir disciples et non plus seulement à être un des douze, un des responsables.
Nous mettre à l’écoute et en attente de ce  que Jésus dira et fera.

Jésus prend les cinq pains, les deux poissons, lève les yeux vers le ciel, remercie Dieu pour la nourriture, puis la partage.
Les disciples partagent à leur tour aux groupes de 50 et tous mangent à leur faim.

Quel est le miracle ici ? La reconnaissance et le partage !
Au lieu de la cupidité et du chacun pour soi !

La méthode est simple, trop simple ? Mais efficace.
Nous, Européens faisons partie des gens qui ont du pain en abondance : voir tableau en introduction (2 personnes pour 10 pains).
Et pourtant il y a  assez à manger pour nourrir 7 milliards d’hommes !
Déjà Gandhi disait : « Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun mais pas assez pour la cupidité de tous. »
Mais « c’est le partage qui est sous-développé » comme le disait un slogan publicitaire suisse récemment.

Nous jetons tous les ans des tonnes de nourriture à la poubelle. Nous souffrons d’obésité, de diabète, de maladies cardio-vasculaire liées directement à notre façon de manger. Nous voulons quotidiennement de la  viande dans nos assiettes. Notre soif de mobilité nous pousse à consommer des carburants « biocarburant» fabriqués à partir de maïs, colza et autres aliments  qui laissent affamés les producteurs- agriculteurs. Nous préférons dépenser peu pour notre alimentation dans les supermarchés au lieu de nous soucier de la qualité de ce que nous allons manger en choisissant  d’acheter les productions des paysans locaux.
Nous avons plus de possibilité de partage que nous ne le croyons et pensons.
Laissons-nous instruire par Jésus comme ses disciples.
Regardons comme il rend grâce pour la nourriture, contemplons comme il rompt le pain et qu’il ouvre les mains pour le partager et apprenons de lui,  imitons le.

Jésus annonçait le Royaume de Dieu, et ce repas des cinq pains et deux poissons en était un avant –goût. Il était une anticipation du repas messianique attendu par les juifs croyants, un signe visible que Jésus est vraiment le Messie de Dieu comme le dira Pierre quelques versets plus loin dans ce même chapitre. (v. 20)

Prière d’intercession

(Source : Liturgie de la JMP 2011,  « Combien avez-vous de pains ? » du Chili)
Dieu offre l’abondance au monde. Jésus Christ nous invite à une table ouverte à tous où il y a assez de pain pour chacun.
Aujourd’hui nous sommes unis par notre foi en Jésus Christ. Nous partageons  nos joies et nos peines, nos rêves et nos espoirs.
Ensemble nous prions avec le monde , pour le monde, dans un même élan de confiance, de fraternité et d’amour.
Montrons que nous sommes des filles et des fils de Dieu.
Prions ensemble la prière que Jésus Christ lui-même nous a enseignée :
Notre Père


Propositions de chants :

1) Ouvre mes yeux Seigneur aux merveilles de ton amour ; Alléluia 46-10 ; ARC 408
2) Seigneur Jésus, par ton Esprit ; Alléluia 24- 13
3) Seigneur, tu nous donnes ce pain ; Alléluia 49- 51
4) Ecoute, entends la voix de Dieu ; Alléluia 22- 07 ; ARC 239

Claudia Schulz, Colmar