G.15a. 12e Dim TRINITE : La grande guérison : Phillipiens 4|4-7

12e DIMANCHE APRES LA TRINITE 2010

La grande guérison

Sermon du 22 août 2010 au temple de Soulac : Philippiens 4, 4-7

Georges Bronnenkant, Souffelweyersheim (Bas-Rhin)


                                                                      Sermon français


A.
        Helmut Gollwitzer a écrit que dans le camp de prisonniers où il a fait 
une halte sur le chemin vers la captivité en Russie en 1945, il s’est arrangé pour pouvoir lire la Bible. Puisque personne n’osait penser au passé, aux siens et au retour, il lui fallait lire la lettre de captivité de l’apôtre Paul qui, au fond de sa geôle, se réjouissait d’avance pour le retour  du Christ. Cette épître de l’espérance l’a réconforté et  a attisé sa joie et sa sérénité, malgré la menace de mort et des conditions carcérales humiliantes. Il s’est senti proche de Paul et gagné par l’amour de proximité du Christ vivant qui enlevait tout caractère menaçant à l’incarcération prochaine.

    Voici l’extrait de cette épître de la joie que nous méditerons ensemble : Philippiens 4, 4-7 : « Réjouissez-vous dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ ».

    L’épître de la joie a apporté à Monsieur Gollwitzer deux messages d’encouragement liés étroitement l’un à l’autre :
1)    Le sentiment de la  joie imprenable en Christ
2)    L’exercice bienfaisant de la prière qui surmonte la peur devant ce qui peut arriver
3)   
    Cette interpénétration réciproque a été conçue par Jésus lui-même quand il a exhorté ses disciples dans son discours d’adieu : « Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite » » (Jean 16, 24).

B.

    La prière arrive à  mettre un trait sur le passé, car, par essence, elle est résolument tournée vers l’avenir. Quand l’apôtre Paul invite dans Romains 12, 12 : « Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière », il  demande au croyant de vivre son présent dans le mouvement du Dieu qui vient à sa rencontre et qui l’entraîne vers un accomplissement. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5,17). La prière se dit dans cette joie imminente que le Seigneur est proche et qui peut changer le mal en bien. Dans son attente que Dieu exauce les supplications, la prière réalise une catharsis inversée c’est-à-dire une libération de ce qui oppresse… par l’avenir. Ce n’est pas cette catharsis immédiate que produit le spectacle dramatique ou le film passionnel, qui permettrait une purge de nos  affects, de nos  pulsions et de nos emportements et qui nous libèrerait du danger de revanche ou de vengeance. Ce n’est pas non plus cette libération par un retour sur son passé jusqu’à ce que se produise la catharsis recherchée par la cure psychanalytique  qui permettrait au patient de se libérer de ses affects longtemps et profondément refoulés dans son subconscient pour qu’il arrive enfin à se réorienter et à mettre au service des autres ses dons personnels qui étaient jusqu’alors freinés. La prière permet de remettre l’avenir entre les mains de Dieu, sans chercher à avoir de l’emprise sur lui au moyen de médias visuels comme l’horoscope, la voyance, les cartes, le pendule, le spiritisme, etc.…

    Pour faire face aux inquiétudes justifiées dans certaines situations qui peuvent empirer, pour faire face à la sinistrose actuelle au vu des analyses pessimistes et des réalités socio-économiques alarmantes, pour faire face à la peur devant la mort, la prière remet l’avenir à Dieu, lui demande de nous éviter le pire et de nous donner sérénité, douceur d’âme et confiance en nous.

    Les actions de grâce comptent les bienfaits de Dieu et les mettent tous devant nos yeux. Notre louange distingue dans le passé toutes les bénédictions que Dieu nous a accordées. Nos supplications, par contre, permettent une catharsis inversée et eschatologique. Elles font connaître à Dieu nos besoins et lui demandent de nous faire discerner ses réponses. Elle attend patiemment les changements bénéfiques. Elle fait l’expérience que Dieu écoute, qu’il est proche de nous et qu’il va venir nous apporter son soutien et ses éclaircissements.

    Une vie de prière, selon l’apôtre, permet de se conjuguer avec  une joie indicible, imprenable et permanente en Christ et de produire ensemble la bienveillance à l’égard d’autrui. Prier, se réjouir, être conciliant sont les trois fruits de l’Eden de la foi. 

C.

    Un tableau de Daniel JUNG, artiste peintre de Brumath, a été commandé pour l’église de Hoerdt. Les donateurs qui l’ont financé, ont pu choisir un titre parmi cinq propositions. Une paroissienne a choisi sans hésiter comme dénomination : « La joie imprenable » en commentant : « Mr le Pasteur, la fréquentation du culte, la participation à la chorale et la prière m’ont toujours rempli de joie. J’étais prise par le travail, aider dans l’affaire de mon mari, accueillir les clients, entretenir la maison, éduquer  les enfants, jardiner, cueillir les asperges. Mais personne n’a pu me prendre mon dimanche à l’église et ma joie de chanter. Je suis témoin que cette femme rayonnait de douceur et de bonté, ces fruits de la prière et de la joie imprenable en Christ.

    « La joie imprenable » est le titre d’un best seller de Lyta BASSET, théologienne et pasteur suisse. Elle y commente surtout la parabole du fils prodigue, perdu et retrouvé. Dans les paraboles de Luc 15 que j’ai lu comme évangile du jour, c’est Dieu lui-même qui est présenté comme dynamisé par une joie imprenable quand  quelqu’un se laisse retrouver par lui. Lyta Basset a perdu après l’édition de ce livre un fils qui s’est défénestré après avoir consommé une drogue frelatée. Après une période de silence, elle a décrit son deuil dans un nouveau livre intitulé : « Ce lien qui ne meurt jamais ». La joie imprenable lui a aidé à pleurer le fils que la mort lui avait repris.

    J’accompagne un malade psychique qui depuis 25 ans vit en dehors de l’hôpital. Grâce à une église évangélique il a trouvé en Jésus Christ la joie imprenable de lui appartenir. Il a même pu retravailler professionnellement. Il est maintenant retraité. Avec cette joie au coeur, il supporte ses crises d’angoisse irrationnelle, comme il la nomme. Il prend religieusement ses neuroleptiques et prie au moins une heure par jour, confiant à Dieu toutes ses connaissances et toutes les informations de la radio. Je suis témoin qu’il rayonne de sérénité, de gentillesse et d’humour.

    Helmut GOLLWITZER est revenu sain et sauf des camps russes. L’épître de la joie imprenable c’est-à-dire la lettre que Paul a écrite dans les geôles de Philippes, l’avait ragaillardi et affermi pour subir les privations, les vexations et les menaces de mort de ses tortionnaires. En reconnaissance pour son salut, il a tenu à rédiger un commentaire de l’évangile de la joie imprenable, c’est-à-dire celui de Luc. Il l’a d’ailleurs intitulé: « La joie de Dieu » en écho aux  paraboles de la brebis, de la drachme et du fils prodigue retrouvés par leurs gardiens.

    L’auteur-compositeur, le pasteur Jean Louis DECKER a écrit à partir de ces paraboles une merveilleuse chanson qu’il a intitulée : « La joie de Dieu ». En voici quelques vers :

    « La joie de Dieu, quand nous lui disons Père, La joie de Dieu quand nous allons à lui avec ces mains où tremble un peu de terre et nos bonheurs et nos peurs d’aujourd’hui. La joie de Dieu, lorsque perle une larme ; La joie de Dieu, quand on le reconnaît Dans l’humble fils qui assume nos drames, Et que l’on porte et sa croix et sa paix ».

    Sa joie imprenable en Jésus Christ a décuplé son courage face à ses dépressions et fut la source de la tendresse qu’il rayonnait durant ses récitals publics.

D.

    J’ai choisi quelques exemples de la nuée des témoins qui furent mobilisés par la joie profonde et continue qu’offre la grâce, l’amour et la communion de Dieu. Frères et Sœurs, puisque Dieu se réjouit de votre présence en sa présence, je suis sûr que chacun de vous pourrait témoigner concrètement des effets de cette joie imprenable qui vous habite. C’est pourquoi continuez à prier sans cesse, à vous réjouir en espérance et à sentir que Dieu se réjouit de votre expérience. Merci à Jésus Christ d’avoir inspiré également au condamné à mort Dietrich Bonhoeffer le cantique de Noël de 1944 : „Von guten Mächten wunderbar geborgen, erwarten wir getrost was kommen mag, denn Gott ist bei uns am Abend und am Morgen und ganz gewiss an jedem neuen Tag“. « Préservé par tant de bonnes puissances, nous attendons avec confiance ce qui va arriver. Car Dieu est avec nous le matin et le soir, et certainement chaque jour ».

                                                                                                     Amen


                               Deutsche Predigt

A.
    Der Widerstandspfarrer und Theologe Helmut Gollwitzer geriet als militärischen Sanitäter 1945 in sowjetische Gefangenschaft. Mit den anderen Deportierten hatte er wenig Hoffnung lebend davon zu kommen. Er fühlte sich seelisch gezwungen den Gefangenschaftsbrief des Apostel Paulus  an die Philipper, während einem Aufenthalt des Zuges, zu lesen. Er ließ sich von der  uneinnehmbare Freude Paulus gewinnen. Wie der Apostel, brach er es dann fertig durch die enge Verbundenheit mit seinem Erlöser die Ungewissheit über seine Zukunft und die Todesdrohung zu ertragen. Er wurde von der Freude in Christus, die niemand nehmen kann, überwältigt. Von ihr bewegt, strahlte er Gelassenheit und Güte mitten den ängstlichen Unglückskameraden aus. Nach dem Krieg, von dem er heil davon kam,  schrieb er ein Kommentar des Lukasevangeliums mit dem Titel: „Die Freude Gottes“. Lukas ist das Evangelium der Freude genannt, der Brief an die Philipper die Epistel der Freude. Davon für Heute der Predigttext, im Kapitel 4, die Verse 4 bis 7: „Freuet euch in dem Herrn allewege, und abermals sage ich: freuet euch. Eure Güte lasst kundsein allen Menschen! Der Herr ist nahe. Sorgt euch um nichts, sondern in allen Dingen lasst eure Bitten in Gebet und Flehen mit Danksagung vor Gott kundwerden! Und der Friede Gottes, der höher ist als alle Vernunft, bewahre eure Herzen und Sinne in Christus Jesus“.

    In seiner Abschiedsrede von den Jüngern hat eben Jesus zum Gebet und zu der Freude, die niemand nehmen kann, also ermutigt: Johannes 16, 24: „Bisher habt ihr um nichts gebeten in meinem Namen. Bittet, so werdet ihr nehmen, dass eure Freude vollkommen sei“. Unser Gebet erneuert die direkte Erfahrung der Freude im Herrn die tief in unserem Herzen verankert ist,  aber unter der Geschäftigkeit schlummert.

B.

    Wenn wir selbst von der Freude in Christus, die uns niemand rauben kann, ergriffen sind, können wir frühere Frustrationen, jetzige Sorgen und Angstgefühle vor der Zukunft aus unseren Herzen bannen. Das Mittel dazu ist das Gebet, denn dieses ermöglicht eine umgekehrte Katharsis, das heißt eine Befreiung der Schuld- und Angstgefühle durch die Zukunft, die in Gotteshänden steht, oder anders gesagt einen Umschwung von dem inneren Druck zur Gelassenheit. 

    Romanen und Filme erlauben eine Katharsis durch Schauspiele und ermöglichen eine Befreiung der gegenwärtigen Belastungen, Aggressivitäten oder Enttäuschungen. Psychoanalyse erlaubt eine Befreiung von den negativen Erlebnissen der Frühkindheit und einen Umschwung zur Entfaltung der bisher erstickten aber angeborenen Fähigkeiten und Gaben. Das Gebet aber, liebe Schwestern und Brüder, schaut zuversichtlich nach vorne, vertrauend auf den Gott der da kommt und erhört. Die Danksagung vergisst nicht was Gott uns gutes getan hat und unterscheidet in der Vergangenheit alle Wohltaten und Bewahrungen, die Gott uns segnend geschenkt hat. Unser Bitten und Flehen dagegen erwarten, dass Gott das Böse in Gutem umändern wird. Es richtet uns nach einer gnädigen und gesegneten Zukunft. In Römer 12, 12 ermahnt uns der Apostel mit Freude, Geduld und Gebet nach vorne zu schauen: „Seid fröhlich…in Hoffnung, geduldig in Trübsal, beharrlich im Gebet“ So wird der Druck des Stresses, der Leiden, der Bedrohungen vor den Bösen, vor dem Weltuntergang oder vor dem Tod überwunden. Der Herr ist nahe. Er löst nicht sofort unsere Probleme, aber erlöst uns von ihrer Last.

C.

    Ein solches vertrauensvolle Gebetsleben bringt einen Umschwung von Angst zur Freude im Herrn, die uns niemand nehmen kann, die uns erleben lässt, dass Christus in uns lebt und wir in ihm. So war es den Fall für Helmut Gollwitzer.

    Eine Gläubige wählte als Titel für das neue gestiftete Gemälde  ihrer Kirche: „La joie imprenable“„Die uneinnehmbare Freude“ und kommentierte: „Gottesdienst, Chor und Gebet kann mir niemanden nehmen“. Sie schöpft darin Mut und Gelassenheit zur Hingabe und Verausgabung im Geschäft ihres Gatten, im Haushalt, in Erziehung, im Ackern. Sie strahlt Güte aus.

    „La joie imprenable“, „Die uneinnehmbare Freude“ ist der Titel eines Buches der bekannten schweizerischen Professorin Lyta Basset, wo sie besonders die Freude des Vaters des verlorenen und wieder gefundenen Sohnes aus Lukas 15 betrachtet. Darin fand sie selbst den Mut den tragischen Selbstmord ihres Sohnes zu bearbeiten und zu integrieren.
              
    Ein seelisch Erkrankter betet jeden Tag eine Stunde in seinem Kämmerlein. Er fand die  Freude in Christus, die niemand mehr ihm nehmen kann durch eine betende Gemeinde. Arznei und freies Plaudern mit Gott ermöglichen ihm nicht mehr hospitalisiert zu werden. Panische Ängste überraschen ihn noch täglich, aber sie überwältigten ihn nicht mehr. Die Freude am Herrn ist stärker.
 
     Der Komponist und Dichter Jean Louis Decker gab als Titel eines seiner Lieder: „Die Freude Gottes“. Er widerspiegelt darin das heutige Evangelium, wo die Freude des Findens des verlorenen Schafes, Groschens oder Sohnes, Sinnbild ist für die Freude Gottes an uns heute. « La joie de Dieu, quand nous lui disons Père, La joie de Dieu quand nous allons à lui avec ces mains où tremble un peu de terre et nos bonheurs et nos peurs d’aujourd’hui. La joie de Dieu, lorsque perle une larme ; La joie de Dieu, quand on le reconnaît Dans l’humble fils qui assume nos drames, Et que l’on porte et sa croix et sa paix ». Die Freude Gottes an uns und unsere Freude in ihm vermählen sich und können nicht mehr von Bedrohungen irgendeiner Art  gesprengt werden. Auch mein Freund und Kollege Jean Louis  fand in der uneinnehmbare Freude in Jesus Mut zum Kampf gegen seine Erkrankungen und die Quelle seiner linden Ausstrahlung von Herzlichkeit während seinen Vorführungen.

D.

    Ich bin überzeugt dass jeder und jede unter Ihnen in dieser Kette der Inhaber der Freude in Christus, die niemand nehmen kann, ein Gleich ist und von seinen persönlichen Erfahrungen zeugen konnte und so meine ausgesuchten und erwähnten Beispiele vergrößern! „Von guten Mächten wunderbar geborgen, erwarten wir getrost was kommen mag, denn Gott ist bei uns am Abend und am Morgen und ganz gewiss an jedem neuen Tag“.

                                                  Amen.
 

    Gebet aus dem Lied von Paul Gerhardt zum Neujahr:

    Lass ferner dich erbitten, /  o Vater und bleib mitten/  in unserm Kreuz und Leiden/  ein Brunnen unsrer Freuden.
    Schleust zu die Jammerpforten/  und lass an allen Orten/  auf soviel Blutvergießen/  die Freudenströmen fließen. 
    Sei der Verlassnen Vater, /  der Irrenden Berater, /  der Unversorgten Gabe, /  der Armen Hut und Habe.
    Hilf gnädig allen Kranken;/  gib fröhliche Gedanken/  den hochbetrübten Seelen,/  die sich mit Schwermut quälen.