Dimanche 13 Juin 2010
L’invitation
Ephesiens 2, 17-22
En ce dimanche dont le thème ou le fil conducteur est « l’invitation », l’apôtre Paul nous invite à réfléchir sur ce qu’est l’Eglise. Et tout d’abord, cette église, dans laquelle nous sommes réunis en cet instant et dont nous admirons peut-être le bâtiment avec fierté. Mais aussi l’église-institution dont nous sommes membres et que nous critiquons parfois allègrement en oubliant que nous sommes aussi nous-mêmes cette église à laquelle nous appartenons. Mais avant tout l’apôtre nous invite à considérer l’Eglise dont nous disons dans la Confession de Foi : « Je crois la sainte Eglise universelle ». C’est celle-là qui est l’édifice dans lequel « nous ne sommes plus des étrangers, ni des émigrés ; mais des concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu, édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, dont Jésus Christ lui-même est la pierre maîtresse ou la clef de voûte ».
Il nous arrive parfois, quand nous visitons une belle église comme la cathédrale de Strasbourg , de dire, pleins d’admiration : « Une telle merveille ne pourrait plus être réalisée aujourd’hui ! » – Bien sûr, chaque époque a son style et ses goûts ; et une cathédrale comme celle de Strasbourg, n’a pas été construite en une année. Le Guide Michelin nous dit, que la construction de la cathédrale de Strasbourg, telle que nous la voyons aujourd’hui, a été commencée en l’année 1176 ; et, c’est seulement en l’année 1439 que sa flèche fut achevée. Donc, plus de 250 ans plus tard. Si on nous accordait, à nous, aujourd’hui, plus de 250 années pour construire une église nous arriverions probablement aussi à quelque chose d’acceptable.
Certes, en comparant notre époque à celle des cathédrales, nous nous rendons compte, que ce n’est pas seulement une question de temps ou de délai de construction qui fait la différence ; mais qu’il s’agit avant tout de foi, de conviction et d’empressement des gens à faire des dons, sinon des sacrifices. Et nous connaissons par les archives de l’œuvre Notre Dame, les noms et les sommes des donateurs qui, à l’époque, ont financé la construction de la cathédrale. Et, parmi eux, nous trouvons l’architecte Erwin de Steinbach , l’auteur de la célèbre façade, qui, malgré sa modeste situation d’artiste, faisait de petits dons réguliers. Et, un jour, il vendit même son cheval pour payer une facture urgente ; et, par la suite il ne se déplaça plus qu’à pied. Nous serions donc beaucoup plus près de la vérité, si nous disions, qu’à notre époque on ne trouverait sans doute plus la foi, ni la conviction, ni l’esprit de sacrifice nécessaires à la réalisation de telles merveilles. Mais n’est-ce pas là un aveu de notre part ? L’aveu de notre manque de conviction personnelle, de notre manque de foi, de notre manque d’esprit de sacrifice ?
Mais, si l’apôtre Paul parle d’édifice, d’habitation, de fondement, de pierre maîtresse, de pierre angulaire ou de clef de voûte et de temple saint de Dieu, ce n’est qu’une image, ce n’est qu’une parabole de ce que l’Eglise de Jésus Christ est en réalité, à savoir : l’ensemble des personnes qui se rassemblent à l’invitation de Dieu, leur Père, dans ces bâtiments, dans ces lieux d’Eglise. Le mot grec « Ecclesia » qui a donné le mot français « Eglise » ne signifie rien d’autre qu’ « assemblée ».
L’Eglise est donc l’assemblée des personnes, de quelque origine qu’elles soient, que Jésus Christ, le Fils de Dieu, a réconciliées avec son Père en leur offrant la paix avec Dieu. Voilà, frères et sœurs en Jésus Christ, nous ne sommes pas seulement rassemblés dans une église ; nous sommes l’Eglise. Chacun et chacune d’entre nous est un membre de cette famille de Dieu, dans laquelle nous avons été intégrés par Jésus Christ, comme des pierres de taille sont intégrées dans une construction ; et, dans laquelle nous sommes aussi maintenus par Jésus Christ, comme toutes les pierres d’une voûte sont maintenues solidement ensemble par la pierre maîtresse qui sert de clef de voûte.
Mais un vieux dicton des tailleurs de pierre reste aussi valable symboliquement dans l’Eglise de Jésus Christ :
« Veux-tu entrer dans le mur de cette maison,
Que te plaise, pierre, la taillade du poinçon » !
Car, là aussi il est nécessaire que l’on s’adapte les uns aux autres ; ou, que l’on soit adapté les uns aux autres, comme le tailleur de pierre travaille une pierre pour l’adapter aux autres pierres du mur. Mais cela ne veut pas dire, que nous devons tous être taillés sur un même schéma, ou que nous devons tous être coulés dans un même moule. Non ! Dans l’Eglise de Jésus Christ édifiée dans l’Esprit comme temple de Dieu, chacun reste lui-même, chacun garde sa personnalité avec ses capacités ses talents et ses dons. Mais ce qu’il nous faut toujours apprendre à nouveau, c’est comment nous mettre avec nos capacités, avec nos dons, avec notre temps et notre argent, au service de Jésus Christ et de son Eglise. En commençant pour cela, par le service au sein de la communauté locale de notre résidence géographique.
Un théologien farceur écrivait un jour dans un hebdomadaire protestant, que l’on pourrait classer les chrétiens en deux catégories : les chrétiens – chats et les chrétiens- chiens. Les uns, comme les chats, sont fidèles à la maison de leurs maîtres. Ces chrétiens sont fidèles au lieu de culte de leur paroisse. Ils y vont quel que soit le pasteur, le prédicateur ou le lecteur qui y officie. Mais ils ne se déplaceront guère pour un autre lieu de culte, même s’il s’agit d’une annexe où officie le même prédicateur. Cela frise le « patriotisme de clocher » comme on dit. Les autres, comme les chiens, sont fidèles au maître qu’ils ont choisi. Ces chrétiens sont attachés à leur pasteur ou à leur prédicateur. Il peut leur arriver de faire demi-tour à la porte de l’église, en apprenant que quelqu’un d’autre que leur favori y fait le culte. Ils peuvent même « changer de crémerie », comme on dit, pour suivre leur favori, s’il est muté dans une autre paroisse. Dans un des numéros suivants de l’hebdomadaire un lecteur, tout aussi farceur, y ajouta une troisième catégorie : les chrétiens- chèvres, qui eux, comme l’animal en question, se nourrissent là, où la nourriture leur plait le mieux, quel que soit l’endroit ou le prédicateur.
Mais ces comparaisons avec des animaux domestiques sont toutes un peu « bancales ». Elles ne nous parlent que de chrétiens – consommateurs . C’est à dire, de gens qui vont seulement là où cela leur convient, qui ne cherchent que ce qui leur plait, si ce n’est, que ce qui les distrait agréablement ou qui les amuse tout simplement. Le chrétien est plus qu’un consommateur. C’est un être humain fidèle, sur lequel Dieu et les prochains peuvent compter avec certitude. C’est un disciple de Jésus Christ qui sait, que son maître lui demande dans le Sermon sur la Montagne, d’être « sel de la terre et lumière du monde ». C’est un fidèle qui, comme le serviteur de notre évangile du jour, cherche à « remplir la maison de son maître », en lui amenant tous ceux que Jésus invite par le mot d’ordre du dimanche « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai du repos ». Et, si nous avons peur de ne pas être à la hauteur de ces services, souvenons-nous du père Monier, le fondateur du centre « Air et Vie » à Marmoutier, qui disait à ses collaborateurs :
« Ne dis pas : trop pauvre ! Donne ce que tu as.
Ne dis pas : trop faible ! Lance-toi en avant.
Ne dis pas : trop ignorant ! Dis ce que tu sais.
Ne dis pas : trop vieux ! Donne tes dernières forces et ton expérience.
Ne dis pas : J’en mourrai ! Meurs et tu revivras et tu feras vivre.
Si le fardeau est trop lourd, pense aux autres.
Si tu ralentis, ils s’arrêtent.
Si tu t’assois, ils se couchent.
Si tu te couches, ils s’endorment.
Si tu faiblis, ils flanchent.
Si tu doutes, ils désespèrent.
Si tu hésites, ils reculent.
Mais, si tu marches, ils courent.
Si tu cours, ils volent.
Si tu donnes la main, ils te soutiendront et t’aideront.
Si tu les prends en charge, ils te porteront.
Prie en leur nom, tu seras exaucé.
Risque ta vie ! Mange ta mort et tu vivras.
Donne ce que tu as reçu et tu recevras toujours plus.
Amen !
Martin Deutsch
Cantiques :
ARC 522 528 528-12 530
NCTC 249 243 — —
¼ – Services des Lecteurs – SL – 26 – 13.06.2010 – Martin Deutsch