2010. 05 : 5e Dimanche après la TRINITE

Dimanche 4 juillet 2010

L’appel qui sauve

1. Corinthiens 1, 18-25

Frères et sœurs en Jésus-Christ,

Partagez-vous l’avis de l’apôtre Paul, que c’est la croix du Christ qui met en évidence la sagesse et la puissance de Dieu ? Sommes-nous suffisamment entrés dans les vues du Seigneur pour dire : oui, la folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes et la faiblesse de Dieu est plus forte que la force des hommes ?
C’est ce que l’on peut souhaiter fortement à tous ceux qui ont une lourde croix à porter, qui vivent dans l’épreuve de la douleur, de la maladie et du désarroi. À tous ceux qui souffrent, nous pouvons dire : tu n’as pas moins de chances que les bien-portants de reconnaître le soutien et l’amour de Dieu, tu en as plutôt plus que d’autres. La souffrance te rapproche du Seigneur, de Jésus sur la croix. Quand Jésus est submergé par ses souffrances physiques et morales, il se laisse tomber entre les mains de Dieu. Un tel abandon est en même temps une victoire, victoire sur le doute et le désespoir grâce à une confiance totale et un appel extrême à l’égard de Dieu, un père qui est amour.
Je pense cependant que ceux qui, aujourd’hui, prennent part à ce culte sont moins inquiétés par la souffrance que travaillés par le doute. C’est bien vrai que, de prime abord, les affirmations de Paul frisent la folie et le scandale, comme il en convient lui-même. Il parle de la puissance de Dieu alors qu’on fait violence à un innocent sur la croix ! Paul parle du salut comme œuvre de Dieu alors que Jésus est supplicié !

De telles remarques de notre part montrent à quel point nous sommes sensibles au ridicule et au scandale de la prédication de la croix. Tout comme les juifs et les non-juifs de l’époque, la croix est d’abord un obstacle à notre foi. La raison en est simple : si Dieu veut effectivement nous sauver, il faudrait qu’il s’y prenne autrement ! Cela semble logique et évident. Quelle idée de passer par la souffrance, le supplice et la mort quand on veut sauver les hommes !

Où a passé la grandeur de Dieu ? Où sont les prodiges, les miracles qu’on attend de sa part ? Où a passé la justice de Dieu ? Que ce soit le méchant qui meure et l’injuste qui soit puni, voilà qui nous semble normal, alors que sur la croix, c’est le contraire qui se passe !

Il serait facile de prolonger de telles affirmations et lamentations, mais le Christ ressuscité ne nous a pas réunis pour cela, bien plutôt pour que nous entendions Paul nous dire : oui, le message de la croix est une folie pour ceux qui perdent leur vie loin de Dieu. Mais pour ceux que Dieu sauve, c’est-à-dire pour nous, il est puissance de Dieu (Trad. La Bible. Parole de vie. 2000)

La puissance de Dieu se manifeste dans la mort de Jésus sur la croix ! Dieu, à l’évidence, n’est pas l’esclave de notre logique à nous ! Sa façon d’agir n’est pas raisonnable à nos yeux, mais pour nous, présents ici et qui prenons le parti de Dieu, sa façon d’agir dépasse la raison humaine. La faiblesse du Christ livré aux hommes ressemble à un désastre, et pourtant elle manifeste la dynamique de Dieu. Jésus a confié la prédication de la croix à des hommes du peuple sans formation spéciale, et pourtant l’Église ne cesse de vivre et de servir.

Mais laissons de côté cette façon ramassée et contrastée de s’exprimer au moyen d’oppositions et d’extrêmes. Efforçons-nous de rendre les affirmations de Paul d’une façon plus simple. Nous avons tendance à dire : voici comment je m’exprime quand je parle du salut, voici mes affirmations de chrétien baptisé, catéchisé et croyant. Ce disant, je mets déjà la charrue devant les bœufs, je prends un faux départ. Il ne s’agit pas, pour commencer, de dire ce que, moi, je crois et je pense, ni comment je vois l’œuvre de salut de Dieu. Il s’agit d’abord de se soumettre à la Révélation, de laisser parler Dieu en premier, d’écouter ce qu’il nous dit, lui qui nous a parlé et aimés en premier. Dieu est le premier à agir ; c’est lui qui nous a créés, et non pas nous qui l’avons inventé.

Nos paroles et nos pensées, nos remarques et nos objections ne viennent qu’après. Quand donc il est question du salut, il nous faut constater et affirmer que c’est Dieu qui nous empoigne ; c’est lui qui nous saisit ; c’est son initiative qui nous sauve et nous arrache à la perdition.

Le message de Paul, comme tout le témoignage biblique, c’est que Dieu ne laisse pas tomber les hommes, que seuls son amour et sa fidélité immérités le motivent pour nous appeler et nous conduire, pour nous offrir un avenir de vie. Nous ne sommes donc pas sauvés parce que nous comprenons ce que Dieu a fait pour nous. Nous ne devons pas notre salut à une bonne théologie, à un discours intelligent et plein de sagesse. Ne nous laissons pas aller à dire ce que Dieu doit faire et ce dont nous ne l’estimons pas capable. S’il nous a sauvés, c’est uniquement parce qu’il a bien voulu de nous, qu’i lui plait de nous appeler et de nous fréquenter.

Si maintenant nous désirons nous situer dans ce processus de salut, le premier « je », le premier « moi » serait : moi, je le laisse faire. Je lui donne raison ; je ne fais pas la moue, je m’ouvre tout simplement à son acte d’amour et de salut. Je ne cherche pas d’abord à comprendre, à justifier son acte, à contrôler et apprécier la façon dont Dieu s’y est pris. Je le laisse donc faire, sans passer sa méthode au crible de ma sagesse et de mon intelligence. Cela d’autant plus qu’il a dit ce que Paul rapporte : « je détruirai la sagesse des sages et anéantirai l’intelligence des intelligents ». Cela non pas pour nous humilier, mais pour nous extraire de la prison de l’orgueil.

Notre sagesse ? Notre intelligence ? Soyons sérieux et critiques : avons-nous jamais réussi à faire régner la paix sur terre, grâce à notre sagesse ? Et l’activité de ces hommes intelligents n’a-t-elle pas abouti à nos catastrophes écologiques et financières ? Alors, de grâce, un peu de retenue et d’humilité nous ferait le plus grand bien. Nous sommes disqualifiés, lorsqu’il s’agit d’apprécier ou de juger l’action de Dieu. Qui sommes-nous pour dire : ça, je l’accepte, mais là, la Bible va trop loin ? De quel droit et en quelle qualité puis-je dire au Seigneur : tu vois, Seigneur, avec cette histoire de la croix, tu vas trop loin, ça ne passe pas, il faut trouver autre
chose !

Qu’il nous suffise donc de savoir : Dieu a voulu nous sauver grâce à la croix du Christ. Merci Seigneur !

À nous de nous laisser saisir par l’Esprit Saint, de reconnaître la grandeur du Christ dans sa faiblesse, la sagesse de Dieu dans sa démarche de salut, et de dire Amen, je te fais confiance. La prédication de la croix s’adresse à chacun de nous. Saisissons cette main tendue de Dieu, donnons-lui raison s’il nous sauve et nous aime, et chantons-lui notre reconnaissance. Amen.

                                    Paul  FRANTZ


Cantiques possibles :

Nos cœurs te chantent : 202, 284, 607 (str. 2+3 !), 889
Arc-en-Ciel : 449, 464, 602, 606, 607 (str.2+3 !), 622

¼ – Service des Lecteurs – SL – 29 – 04.07.2010 – Paul FRANTZ