Dimanche 24 juillet 2011
L’appel qui sauve
Jean 1, 35-42
Vous qui êtes ici, je vous félicite, vous avez répondu à l’appel qui sauve.
Vous pensez que j’exagère, que je vous flatte? Pas du tout.
A partir du texte qui est proposé à la prédication ce dimanche, je vais tenter de vous montrer en quoi vous êtes des disciples qui ont répondu à l’appel qui sauve.
Ce matin, vous avez quitté votre lit douillet, vous vous êtes habillées. Vous saviez qu’ici, à 10h, aurait lieu ce culte. Vous en avez entendu parler par votre pasteur, par un autre conseiller presbytéral, par le bulletin paroissial ou le journal. Vous avez entendu cette information. Et vous vous êtes sentis concernés, interpelés par cette information.
Vous vous êtes alors mis en mouvement jusqu’à l’église. A pied ou en voiture, vous êtes sortis de chez vous pour vous rendre au culte.
Et là à présent, vous êtes assis, prêts à recevoir un nouvel appel, prêt à entendre ce que Dieu a à vous dire.
Tout cela vous paraît peut-être banal, mais cela n’est pas banal.
Aller au culte ce n’est pas une simple habitude, c’est une réponse à un appel. Celui des cloches, certes, mais d’abord celui de Dieu.
Arrêtons-nous au texte écrit par l’évangéliste Jean.
Comme tous les textes de cet évangile, il est très construit, très réfléchi. Les mots ne sont pas choisis au hasard.
Voici donc que Jean le baptiste est décrit comme celui qui regarde Jésus et voit en lui le fils de Dieu. Son regard a compris quelque chose. Et c’est parce que Jean a capté quelque chose qu’il parle. Il dit à ses propres disciples « Ce Jésus est l’agneau de Dieu ». Il partage sa découverte et conviction. Cette parole, ce témoignage va provoquer la même réaction chez les disciples de Jean.
Tout dans ce texte est construit de manière parallèle: Jean le baptiste et Simon-Pierre sont mis en parallèle. L’auteur utilise les mêmes verbes pour décrire ce qui se passe en eux.
Ils écoutent et ils suivent.
La parole et le mouvement se donnent la main, se complètent. C’est la parole qui met en mouvement. Parce que la parole les touche, ils décident de suivre.
Jésus qui découvre en ces hommes des gens prêts à bouger parce qu’ils ont été touchés, leur pose cette question: « Que cherchez-vous? »
On pourrait s’attendre à différentes réponses: « Nous attendons le Messie, un sauveur, Dieu, la justice… » mais les disciples répondent par une autre question « Où demeures-tu? » Ils sentent que Jésus leur échappe. Oui, Dieu nous échappe, toujours, mais ils voudraient savoir où le rencontrer.
Ceux qui se mettent à la suite de la parole de Dieu sont mis en mouvement, mais vers où les mènent ce mouvement, que cherchent-ils?
Et vous, que cherchez vous en allant au culte le dimanche matin? Un moment de calme, un temps de recueillement? Une parole de Dieu? Celui qui se met en route vers Dieu, le trouve.
Ce texte qui raconte l’appel des premiers disciples l’affirme clairement. Jean a reconnu en Jésus l’agneau de Dieu, André, frère de Simon voit en Jésus le Messie, le Christ, celui qui a été choisi par Dieu.
Tout homme, toute femme qui cherche Dieu le trouve. Quand il l’a trouvé, il sait que là se trouve sa raison de vivre ou plutôt sa maison de vivre. C’est là qu’il veut demeurer. Faire sa demeure, construire sa vie.
Où es-tu mon Dieu, où demeures-tu? Que je demeure là avec toi.
Etre croyant, avoir la foi, cela signifie être en communion avec ceux qui cherchent Dieu, être en communion avec Dieu lui-même.
Notre maison commune a pour nom l’Eglise; Ce n’est pas l’église bâtiment, même si nous aimons nous y retrouver, mais c’est l’Eglise avec un e majuscule, c’est notre maison de vivre commune.
L’appel n’est pas forcément unique ou spectaculaire. D’ailleurs, dans le texte, il n’est ni unique, ni spectaculaire. Pas de projecteur, pas de caméra. On est dans l’authentique, dans le quotidien. Les disciples sont occupés à leur tâche quotidienne, tout à fait banale. Sauf que dans cette banalité parfois surgit une parole nouvelle, une idée neuve, un chemin possible. Jean baptiste fut le premier. Il fut incompris, mais les gens le respectaient. C’était quelqu’un. Il avait compris quelque chose de précieux, il s’était mis en route et à sa suite il en a entraîné beaucoup d’autres. Ces autres, insatisfaits de ce qui faisait leur vie jusque là ont demandé le baptême. Ils cherchaient.
Jean le baptiste a ouvert la voie. Pour nous, ce n’est pas forcément un être aussi original qui nous a ouvert le chemin vers Dieu, mais quelqu’un dont les manières ou les paroles ont déplacé quelque chose chez nous. Peut-être était-ce votre grand-mère, votre pasteur, un copain, vos parents, une tante. Quelqu’un a été pour chacun de nous un Jean baptiste et nous a montré la voie.
L’appel n’est pas forcément soudain ou radical. Il peut se passer des années, des kilomètres et des kilomètres de mots avant que j’entende vraiment, le mot qui est fait pour moi.
L’appel de Dieu se fait, se vit, en continu, de multiples manières dans le monde. Dans tout ce qui se passe sur cette planète, Dieu trouve à me parler. A travers Fukushima, à travers la réconciliation de deux ennemis jurés, à travers l’amour des parents pour leurs enfants. A travers tout, négatif ou positif, Dieu lance un appel. Nous sommes sourds, pressés, pré-occupés. Déjà occupés. Pas de place dans notre stress, nos agendas surbookés. Mais Dieu continue à appeler. Et c’est notre rôle de prédicateur, de croyant, de relayer cet appel. Quand nous invitons le voisin au culte, quand nous offrons une bible, quand nous témoignons, nous redisons à notre manière l’appel de Dieu au monde.
« Suis moi!’ Vous n’en avez pas fini avec l’insistance du bon Dieu, il vous appellera jusqu’à votre dernier souffle. Inutile de vous accrocher à l’appel que vous avez peut-être reçu tel jour à telle heure. C’est aujourd’hui qu’il vous demande de le suivre.
Nous faudra-il donc toujours bouger??? Pff, que c’est épuisant, s’il faut toujours suivre. Eh non, c’est là qu’intervient l’étonnant. Suivre Dieu c’est aussi savoir se poser, se reposer dans ses mains. Nous ne sommes pas le Messie. C’est lui. Nous ne sommes pas les sauveurs du monde, c’est lui. Je peux reconnaître mes limites, lui demander de me porter. Le but du chercheur de Dieu est de demeurer en Dieu.
Lorsque je fréquente Dieu, lorsque j’établis ma demeure près de lui, je fais l’expérience de la connaissance par Dieu. Quand Simon Pierre répond à l’appel, Jésus trouve aussi ce qu’il cherche: un disciple. Jésus voit qui il st: « Tu es Simon, fils de Jean ». Mais il voit aussi ce que Simon est appelé à devenir: « Tu seras Pierre. »
Dieu sait qui je suis. Il sait aussi qui je suis appelé à devenir. Me mettre à sa suite, c’est faire un pas vers ce que Dieu m’invite à être.
Heureux êtes-vous, vous qui, ce matin, avez répondu à l’appel de Dieu. Ecoutez, venez, voyez et osez suivre celui qui vous amènera à votre véritable identité. Amen
Cantiques:
Seigneur, tu nous appelles arc 212
J’ai besoin de ta confiance arc 613
Ils cherchaient un ami arc 773
Prières in Livre de prières de la Société luthérienne
p. 29, 102, 411
¼ – Service des Lecteurs – SL – 32 – 24.07.2011 – Isabelle GERBER